22 septembre 1960 – 22 septembre 2018, le Mali a cinquante-huit ans d’indépendance. C’est une souveraineté acquise dans le sang des patriotes qui ont accepté de se sacrifier pour qu’aujourd’hui soit. Près de soixante ans après, nous assistons impuissamment à la ruine de cette belle nation qui était citée parmi les pays de référence en Afrique. Les pères de l’indépendance nous ont légué un Mali qui avait entamé ses premiers pas vers le développement économique et social. Son appareil de défense était une référence dans la sous-région et pour le reste de l’Afrique et son élite était respectée.
Mais cinquante-huit ans après, les signaux ne sont plus bons. Le pays est au bord de la partition. L’armée est quasiment incapable de sécuriser les personnes et leurs biens. Du coup le serment «Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver en toute fidélité le régime républicain, de respecter et de faire respecter la Constitution et la Loi, de remplir mes fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national », répété comme des versets coraniques par les présidents qui se sont succédé, est devenu une vile récitation. Après ce serment, des actions réelles ont difficilement été initiées pour mettre en exergue le contenu de cet engament.
Si d’aucuns disent que l’indépendance du Mali s’arrête en 1968, c’est parce que de 1960 jusqu’à cette date, notre pays a su décoller avec d’autres pays dans la liberté et dans la souveraineté totale pour s’affranchir d’une période de domination et entamer son propre développement. Certains de ces pays sont devenus aujourd’hui de grandes puissances mondiales. Il s’agit, par exemple, de la République populaire de Chine. En 1960, la Chine était une jeune République, qui en dépit des sacrifices d’une longue guerre de libération, s’est résolument engagée aux côtés du jeune État du Mali, sorti de plusieurs décennies de domination coloniale. Les résultats de cette coopération axée sur le développement des deux pays ont abouti à la création de la COMATEX de Ségou, de la SONATAM, de la sucrerie de Dougabougou, des tanneries du Mali, de l’usine de thé de Farako, de l’usine des produits pharmaceutiques, etc.
Ces avancées des premières heures de souveraineté de ces deux pays ont été rendues possibles grâce à deux grands dirigeants très respectés par leurs peuples qui ont quitté ce monde l’un après l’autre. Il s’agit de Mao Tsé Toung, mort en 1976 et Modibo Keïta en 1977. De leur vivant, ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes à leurs nations, notamment au niveau de la création d’industries. Malheureusement, la plupart de ces unités industrielles sont parties en faillite à cause de l’inertie des nouveaux dirigeants.
Aujourd’hui, malgré la faiblesse accrue de l’appareil de défense du pays, le 22 septembre est encore perçu au Mali comme une journée de démonstration de force. Des soldats bons teints, toutes compagnies militaires confondues, des chars, des blindés, des avions de guerres et de chasses et d’autres armements de guerre ont défilé sur l’avenue du Mali ce 22 septembre 2018 et devant des Chefs d’Etat africains. Cette démonstration de force dans la peur et dans la soumission est une honte pour un pays pris en otage par des groupes armés et des groupes d’auto-défense qui continuent de dicter leurs lois et de régner sur le tiers du territoire national.