Aujourd’hui, les pouvoirs publics ont à cœur de faire du Mali un eldorado industriel. D’où, la tenue du Salon industriel du Mali les 19, 20 et 21 avril derniers. Une chose est de faire une profession de foi en matière d’industrialisation, une autre est de prendre à bras le corps la politique du maillage en industries de l’ensemble du territoire de façon équilibrée.
C’est à cet exercice que se sont livrées les autorités maliennes trois jours durant, les 19, 20 et 21 avril derniers pour faire du Mali un eldorado industriel, en dépit de sa continentalité.
En tout état de cause, le Mali n’est pas en pole-position dans l’espace UEMOA. Ne nous voilons pas la face : selon les chiffres de l’Organisation Patronale des Industriels du Mali fournis par la dernière édition du livre blanc de l’industrie, le Mali compterait 800 industries contre 4 000 pour le Sénégal et 6 000 pour la Côte d’Ivoire. Cette piètre performance fait passer le Mali pour un nain industriel. En perspective, l’ambition du ministre du Développement industriel, Mohamed Aly Ag Ibrahim est de démentir cette donne industrielle grâce au déclic de ce salon, dans les années à venir.
Quand les autorités affirment que le Mali est un pays à vocation agro-pastorale, ça n’est pas un hasard. Cela nous incite à affirmer que la première industrie dans un pays en voie de développement est l’industrie agricole. Il ne faut donc pas bruler les étapes sous le prétexte fallacieux de rattraper les pays industrialisés. En Europe, la révolution industrielle a toujours été la fille de la révolution agricole. La Côte d’Ivoire est le seul pays de l’UEMOA à avoir compris le bien-fondé de cette approche vertueuse. La Guinée cependant, est plus riche que la Côte d’Ivoire en matière, ressources forestières, mais elle n’est pas sortie de l’ornière. Alors pourquoi ne pas métamorphoser ce pan précieux de notre économie, sachant que nous sommes 1er et 3ème producteur respectivement de coton, de gomme arabique, d’or, 1er pays d’élevage de l’UEMOA, 2ème de la CEDEAO, 1er producteur céréalier de l’UEMOA, 1er producteur de mangues de l’UEMOA.
Pour que notre industrialisation puisse rapidement atteindre une vitesse de croisière, nous devons être des acteurs d’une révolution agricole, hautement mécanisée qui mette l’accent sur la création de la plus-value, à travers les petites et moyennes industries, tout en valorisant les ressources propres à chacune des dix régions du pays. Idem pour l’élevage, la pisciculture et l’artisanat. Cela pourra impulser la création d’emplois et de richesses.
Par ailleurs, pour mener la lutte contre la mal gouvernance, il serait bienséant de quitter le stade des slogans en sanctionnant les coupables, de lancer des réformes destinées à améliorer l’environnement des affaires. Parmi elles, doivent figurer des mesures phares, comme la réforme du code des marchés publics, le vote d’un cadre plus clair pour le partenariat public-privé, un nouveau cadre légal avantageux pour les zones économiques spéciales, à l’instar de la zone Office du Niger, l’assouplissement du marché du travail ou encore un nouveau code numérique, destiné à poser les bases de l’économie de demain.
Autres objectifs : la refonte du code des investissements et l’amélioration de la transparence budgétaire, le renforcement des structures de contrôle des finances publiques, avec en ligne de mire, une gestion axée sur les résultats.
D’autre part, pour l’avènement d’une embellie économique, les autorités politiques et administratives doivent retrousser les manches et changer de fusil d’épaule : électrification de l’ensemble du pays (b.a.ba de l’industrialisation) en mettant l’accent sur l’énergie solaire. Voilà qui réduirait le coût de production de nos unités industrielles et rendre nos produits compétitifs. De même, les zones des grandes productions agricoles doivent être reliées au reste du pays par le bitumage des axes principaux et secondaires. La qualité de nos productions doit être à hauteur de souhait, pour que le « consommer malien » ne soit pas un vœu pieux.
De notre point de vue, l’économie malienne reposant à 85% sur l’agriculture, dans le cadre du partenariat public-privé, l’Etat doit inciter les richissimes opérateurs économiques, à emboîter le pas au groupe KEÏTA, Grand Distributeur Céréalier du Mali – GDCM -, qui est détenteur du Complexe Agropastoral et Industriel C.A.I-SA. Il produit et transforme le blé, le riz, le maïs, la pomme de terre, les arbres fruitiers (orangers, manguiers, citronniers, goyaviers, cocotiers, avocatiers) en quantité et en qualité en toutes saisons.
Fort de tous ces atouts, le Mali est promis à un bel avenir.
Mohamed Koné Correspondant à Kadiolo
Le challenger