Depuis plusieurs mois, les relations entre Bamako et Alger se caractérisent par une série d’incidents qui ont profondément marqué le climat diplomatique entre les deux nations. Les tensions se sont accrues dès la fin de l’année 2023, avec la visite de l’imam malien Mahmoud Dicko à Alger, jugée par le Mali comme une ingérence indésirable dans ses affaires intérieures. Par la suite, la décision de ne plus poursuivre l’accord de paix signé en 2015 a révélé un désenchantement face à des engagements devenus inadaptés aux intérêts malien, tandis que les critiques mutuelles sur la scène internationale et les échanges virulents entre responsables ministériels ont amplifié le ressentiment. Dans ce climat de défiance, chaque geste, chaque nomination, porte désormais un message fort.
Historique des tensions bilatérales
Les événements récents illustrent une relation en mutation, marquée par des incompréhensions et des divergences sur des questions sensibles. La visite controversée de Mahmoud Dicko, suivie de la remise en cause d’accords jugés obsolètes pour Bamako, a mis en lumière un malaise persistant entre le Mali et l’Algérie. En parallèle, les déclarations acerbes sur les opérations militaires maliennes et les critiques internationales ont contribué à renforcer la méfiance, transformant une coopération autrefois fondée sur des liens historiques en une interaction où chaque partie mesure ses avantages et ses contraintes. Ces épisodes démontrent que les enjeux ne se limitent plus à de simples désaccords, mais s’inscrivent dans une volonté de repenser des alliances stratégiques dans un environnement régional complexe.
La nomination du général Dolo, un geste stratégique
La désignation du général Mohamed Amaga Dolo en tant que nouvel ambassadeur du Mali en Algérie, bien que soumise à l’agrément algérien, révèle une démarche soigneusement orchestrée par Bamako. Le message envoyé est clair : le Mali cherche à renouer le dialogue en rappelant l’importance de liens ancestraux tout en affirmant la nécessité de défendre ses propres intérêts. En insistant sur la préservation des intérêts nationaux, le général Dolo a souligné que la continuité des relations passées ne devait pas se faire au détriment de la souveraineté du pays. Ce choix diplomatique, à la fois symbolique et pragmatique, évoque l’image d’un artisan ajustant minutieusement une alliance pour qu’elle réponde aux réalités actuelles plutôt qu’à des accords dépassés.
Enjeux sécuritaires et perspectives de dialogue
Face à un environnement régional instable, marqué par la création du Front de libération de l’Azawad semble-t-il validée par Alger et des affrontements autour de Tinzaouatène, le Mali semble déterminé à redéfinir sa stratégie diplomatique. La nomination du général Dolo intervient à un moment où la situation sécuritaire fragilise davantage la région, notamment après un massacre impliquant des ressortissants algériens sur une artère stratégique. Dans ce contexte, le geste malien apparaît comme une tentative d’apaiser les tensions sans renoncer à une position de force. Il rappelle à Alger que la coopération doit désormais reposer sur une reconnaissance mutuelle des intérêts propres à chaque État, et non sur des accords qui ne répondent plus aux réalités du terrain.
En définitive, l’initiative de Bamako traduit une volonté de renouer avec l’Algérie dans un esprit de réciprocité, tout en affirmant la nécessité de protéger les acquis nationaux dans un environnement géopolitique en pleine mutation. Ce repositionnement, à la fois pragmatique et ambitieux, offre l’espoir d’un dialogue renouvelé, capable de transformer des différends historiques en partenariats adaptés aux défis sécuritaires et économiques du Sahel.
Source: https://lanouvelletribune.info/