Lisez le communiqué.
[Déclaration de l’URD sur les avant-projets de découpage des circonscriptions administratives et des collectivités territoriales]
Depuis quelques semaines, notre Pays vit des soubresauts liés à une tentative de découpage territorial unilatéral et non concerté, initié par le Gouvernement, poussant les populations de chaque zone géographique à réclamer leurs circonscriptions administratives ou leurs collectivités territoriales, toute chose exacerbant les replis identitaires et portant gravement atteinte à la cohésion sociale.
Par lettre en date du 15 octobre 2018, la Commission de la CEDEAO informait l’Honorable Soumaïla Cissé de la visite de travail à Bamako d’une délégation de la CEDEAO, du 19 au 20 octobre 2018.
Au cours de cette mission, le Ministre des Affaires Étrangères du Nigeria, Président du Conseil des Ministres de la CEDEAO, porteur de messages du Président de la République Fédérale du Nigeria, son Excellence Monsieur Muhammadu Buhari, Président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEDEAO, le Président de la Commission de la CEDEAO et les autres membres de la délégation ont rendu visite à l’honorable Soumaïla Cissé le 19 octobre 2018 au cours de laquelle il a été question de la situation politique du pays relativement aux contestations nées de la dernière élection présidentielle.
Au terme de sa mission, la délégation a émis entre autres les conclusions suivantes :
« …Prenant acte de la prolongation de la législature actuelle selon l’avis de la cour constitutionnelle et au regard des dysfonctionnements largement reconnus et évoqués par tous les interlocuteurs lors du scrutin présidentiel passé, il est impératif que le Gouvernement et tous les acteurs socio-politiques conviennent, de manière consensuelle, d’entreprendre des réformes courageuses des cadres légaux, y compris la Constitution de Février 1992, et du système électoral avant de s’engager dans les prochaines échéances électorales que compte mener le pays… ».
Au lieu de préparer un dialogue politique de haut niveau devant aboutir à un accord politique global, le régime IBK, à travers son Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, a annoncé le 26 octobre 2018, sa décision d’organiser des concertations régionales au sujet d’un projet de découpage territorial, et ce, moins de deux mois, après avoir porté un coup dur à notre démocratie avec la dernière élection présidentielle qui a totalement et profondément déprécié les ressources politiques et la dignité de nos concitoyens, pervertissant les valeurs et les vertus qui les rassemblaient à travers : fraudes massives, corruption financière, sous-traitance criminelle électorale, subornation institutionnelle, falsification comptable des résultats, etc.
L’URD, fidèle aux idéaux de démocratie et de liberté, riche d’une histoire dont elle est fière et qui a forgé la Nation malienne sur sa volonté de vivre ensemble au-delà de sa diversité culturelle, religieuse, ethnique, linguistique et géographique, estime que cette démarche, loin de couvrir les intérêts du Peuple malien, est contraire à l’idéal de dialogue républicain dans notre Pays, et mêmes aux conclusions pertinentes de la mission de la CEDEAO.
L’URD, rappelant son attachement indéfectible aux valeurs de la République, à la laïcité de l’Etat, à l’intégrité territoriale et à la souveraineté du Mali, n’approuve ni la forme ni le fond du projet proposé.
L’URD affirme solennellement que toutes les réformes liées au processus électoral, aux circonscriptions administratives, aux collectivités territoriales et à l’architecture institutionnelle générale de notre pays doivent être conçues ensemble et de manière inclusive.
L’URD estime qu’une question aussi importante que le découpage territorial ne doit être, en aucune façon, abordée avec amateurisme et précipitation étant entendu que la légèreté blâmable avec laquelle il a été conçu a suscité déjà sur toute l’étendue du territoire des manifestations de rejet, sources de divisons susceptibles de compromettre dangereusement le très fragile processus de paix et de réconciliation nationale.
La décision incongrue et empressée de procéder en catimini à des pseudos concertations régionales, dont les contours sont méconnus de tous les acteurs concernés, n’est ni plus ni moins que la volonté affichée du régime de faire du projet initié une camisole de force.
Au-delà de tout, l’URD ESTIME QUE NOTRE PAYS DOIT À PRÉSENT ENTAMER une dynamique nouvelle, par un dialogue inter-malien fécond visant à forger un consensus national entre tous les fils de ce pays à travers leurs représentants dûment mandatés et non choisis par l’administration autour des réformes, de la restauration de la paix et de la stabilité sur l’ensemble du territoire.
C’est pourquoi l’URD exige le retrait de ce projet de la division et un véritable dialogue sur toutes les préoccupations du moment liées au processus électoral et aux autres réformes, comme cela a été toujours proposé par notre Parti, c’est-à-dire procéder à une concertation large et inclusive sur toutes questions induites par la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger.
Ce dialogue politique véritable doit précéder toute action législative ou réglementaire relative aux réformes et tendant à la paix et la concorde avec comme seul bréviaire la vérité rien que la vérité due au Peuple.
L’URD appelle ses militants et toutes les forces patriotiques à rester mobilisées, vigilantes et déterminées pour sauver notre pays.
Bamako, le 1er novembre 2018
Pour l’URD
Le 1er Vice-Président
Professeur Salon ou SANOGO
Source: Koulouba.com