Le reporter de l’AMAP, s’est rendu dans des quartiers de la Commune III du District de Bamako. Dans les coins et recoins, des baignoires et seaux métalliques posés sur le feu, entre trois grosses pierres, pour faire bouillir l’eau. Après, il faut plonger les poulets égorgés dans cette eau bouillante pour en faciliter l’opération de « déplumage ». De nombreux jeunes, tenant en main des couteaux, prêts à dépouiller en un clin d’oeil les gallinacés de leur plumage, recevaient, à tour de bras, des clients pour nettoyer leurs poulets achetés non loin. L’attroupement, autour de cette véritable chaîne de travail, est constant. Le poulet est, définitivement devenu, le menu gastronomique préféré des Bamakois lors de la célébration de la fête du 31 décembre.
A N’Tomikorobougou, tout au long de la route bitumée, des jeunes gens « déplumeurs » de poulets sont là. Les passants ne peuvent pas les manquer. C’est aussi la ruée vers eux. « Ce travail est saisonnier. A chaque 31 décembre, nous déplumons les poulets en ce même endroit », nous fait savoir Alhassana Diakité, un poulet en main qu’il es en train de dépouiller de ses plumes. Il ajoute qu’«ils ont des clients fidèles dont les membres de leur famille et des ‘grins’ de grand frères ».
Alhassana Diakité et son groupe, constitué de jeunes de sa génération (âgé de 17 à 21 ans), entretiennent une ambiance conviviale autour de cette activité. Pour la simple raison qu’eux-mêmes, complètent ou collectent leur cotisation pour célébrer la fête du 31 décembre, pour certains, et pour s’habiller chic, pour d’autres. « Nous pouvons nous partager plus de 30.000 Fcfa. Des ‘grins’ nous proposent jusqu’à 30 poulets à déplumer. Nous commençons vers 09 heures du matin jusque vers le petit soir », a-t-il révélé.
Dans le même quartier, au niveau du terrain de football, communément ‘Bô terrain ni’ (traduction littérale : le petit terrain des excréments), deux adultes déplumaient des poulets, non loin de rails. Ils ont l’air d’approcher la cinquantaine.
« Nous déplumons un poulet à 150 Fcfa», nous a dit M.S, sans autres détails sur leur gain. Toutefois, l’affluence, à notre passage, prouve que leur « business » marche à merveille et qu’ils ne rentreront pas bredouille à la maison.
Les lieux ordinaires consacrés à cette activité, dans les marchés de Bamako, ne désemplissent pas. A l’entrée du marché de Hamdallaye, aux abords du grand collecteur de ‘Diafarana Kô’, deux travailleurs saisonniers officient, Sidy Coulibaly et Amadou Diarra. Si le premier affirme n’aiguiser que des couteaux de cuisine, en temps normal. dans le marché, le second indique que son travail consiste à creuser les fosses et autres canaux, quotidiennement. Cependant, ils profitent, chaque année, de la célébration de la fête du 31 décembre pour enlever les plumes des poulets.
« Ce travail nous est profitable. On laisse nos tâches habituelles pour cette activité afin de se faire des revenus conséquents. Chacun empoche, au minimum, 10.000 Fcfa. On donne, aussi, de l’argent à des enfants qui nous aident pour la circonstance », a dit Sidy, regrettant qu’il y ait moins de poulets à dépouiller, cette année.
Si cette activité circonstancielle est rémunératrice, elle n’est pas sans risques. « Souvent, on peut avoir des pertes. Aujourd’hui, on nous a volé un poulet que nous avons été obligés de rembourser à 3.000 Fcfa. Ce sont des choses imprévisibles », dit-il.
OD/MD
AMAP