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Sahel : Comment se tirer du bourbier terroriste

Barkhane quitte le Mali sur la base du divorce. La France parle de réarticulation et s’installe dans un pays frontalier, le Niger, et se dit toujours déterminée à continuer sa mission de lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Ce qu’elle oublie, c’est qu’elle-même est devenue le centre névralgique de la détérioration des rapports entre États de l’espace sahélien. Sans union, l’objectif recherché est similaire à un leurre.

Le Sahel, ce grand espace, est devenu de nos jours le carrefour de tous les grands groupes terroristes. Pour quelle raison? Puisque les pays qui partagent cet espace sont tous pauvres ? Est-ce à cause des grandes puissances qui ont une influence significative sur bon nombre de ces pays, ou c’est parce que l’espace regorge bien de trésors cachés méconnus du grand public?

Les deux hypothèses peuvent être, chacune, argumentées de façon rationnelle.

Mais ce qui est patent, c’est que cette partie de l’Afrique est victime de la politique française contre la Libye. Et les effets dévastateurs continuent de consumer le Sahel tout entier.

Son intervention au Mali comme pompier pyromane exacerbe le climat. Le Mali est méconnaissable à cause de la guerre et les pays voisins se voient impuissamment annexés par cette horde terroriste. Le Niger et le Burkina sont de bels exemples.

L’approche n’étant pas commode à la réalité du terrain, la France a tenté de se cacher sous le couvercle d’une force sous-régionale appelée G5 Sahel. Sa mission étant de mutualiser les efforts, les forces armées des 5 pays du Sahel devaient mener des opérations d’envergure dans l’espace en fonction du danger détecté ici et là. Cette politique sur du papier ne sera jamais une réalité sur le terrain pour raison de financement car, plusieurs grandes puissances voient la main cachée de la France et doutent de la bonne foi de ce pays colonisateur qui a foutu le bordel en Afrique.

Le G5, déjà agonisant, sera finalement achevé par le refus du président tchadien, Déby, de passer la présidence tournante au Mali. Les raisons d’une telle incrédulité sont exprimées sous l’argumentaire qu’Assimi Goïta est un putschiste. Mais le vrai fond du problème est connu de tous. Le chef de l’Etat malien a refusé d’abdiquer face à la France. Sentant à cet effet la fin de son hégémonie sur cette terre africaine qu’elle a trait pendant un demi-siècle, la France s’agrippe au Tchad, un pays aussi dirigé par un militaire qui a fait pire. Si les militaires maliens sont arrivés suite à une véritable révolution populaire, chose admise par la constitution, qui a contraint le président à rendre le tablier, au Tchad, le fils Déby a pris le pouvoir par la force, en violation flagrante des limites démocratiques. Une politique de deux poids deux mesures pour la simple raison que le Tchad a accepté de respecter sous l’aile protectrice de façade de la France, mais quant au Mali, les autorités ont décidé de rompre carrément le lien.

Du coup, un véritable disfonctionnement s’installe avec le retrait du Mali du G5 Sahel.

Alors, si les pays du Sahel ne s’entendent pas à cause de la France, comment vont-ils combattre le terrorisme? Et pire, du moment où le Mali se débarrasse de la France à cause de son incapacité constatée après neuf ans de présence au nord du pays, d’autres l’accueillent à bras ouverts, tel que le Niger dont les autorités sont devenues des adversaires du Mali, si l’on s’en tient aux propos inamicaux qu’elles tiennent contre les dirigeants maliens.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que tant que les pays du Sahel ne prennent pas conscience qu’ils ont un ennemi commun, un devenir commun, ils resteront tous sous la terreur djihadiste car aucun pays à lui seul, fut-il soutenu par la France, ne pourra combattre de manière efficace cette force du mal.

La majeure partie des populations des pays du Sahel n’aiment pas la politique française. Cela est un véritable handicap pour l’atteinte de l’objectif recherché. Et tant qu’elle reste dans cet espace, il ne faut pas s’attendre à de bons résultats car elle manquera d’informations capitales dont les citoyens sont les plus efficaces dans la chaine de collecte.

Ils ont plus confiants en compagnie des forces locales.

Donc, il faut le comprendre, fédérer les efforts entre armées et populations des pays de l’espace Sahel pour sauver l’espace.

Boubacar Yalkoué

Source : LE PAYS

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