La 5è édition de la cérémonie traditionnelle de libation collective – ‘’jibon’’ en langue bamanakan – de ‘’Maya Blon’’ a eu lieu le dimanche 4 juin 2023 à ‘’Soutadounou‘’ leur sanctuaire sous le 3è pont de Bamako, en présence de plusieurs personnalités et représentants d’associations.

Des centaines de personnes ont répondu à l’appel de l’Association ‘’Maya Blon’’ pour le sacrifice qu’elle organise chaque année en l’honneur des ancêtres. Un culte qui consiste à implorer la protection et l’accompagnement de l’esprit des morts dans la recherche de la paix, de la prospérité, et aussi la perpétuation des pratiques ancestrales. C’est aux environs de 10 heures que le ‘’blontigui’’, le chef de l’association, Korèdjo Moussa Doumbia,  arborant un accoutrement pour la circonstance, a fait son apparition, signe du début de la cérémonie.

Les mots introductifs du maître de cérémonie furent immédiatement suivis de l’immolation de deux bœufs et des poulets sous le regard du public venu nombreux de toutes les contrées du pays. ‘’C’est pour protéger le Mali contre ses ennemis de l’intérieur comme de l’extérieur et demander l’abondance de pluies pour de bonnes récoltes’’, a déclaré le préposé aux sacrifices.

Le président de l’association ‘’Maya Blon’’, a exprimé sa joie quant à la réussite de l’événement et la compréhension de l’esprit de leur association qui mobilise plus en plus de peuples à travers l’Afrique et le reste du monde. Selon lui, «la libation est une vieille pratique qui a tout son sens, car aucune créature ne peut vivre sans eau. C’est pourquoi nos ancêtres ont eu la sagesse de l’instaurer comme un culte. Eau, simple ou mélangée, répond à un besoin selon la circonstance.»

Sur le sujet de la laïcité, il a fait savoir que cela n’a jamais été un problème au Mali. C’est un principe fondamental non négociable, dit-il. Il a aussi appelé les Maliens en particulier et les Africains en général à un retour aux sources qui est la seule voie de reconnaissance et de sortie.

Le représentant du ministre du Culte et des Affaires religieuses, Dr Yaya Traoré, a abondé dans le même sens que son prédécesseur sur la question de laïcité. Il a exprimé sa satisfaction par rapport au contenu qui contribue à consolider la cohésion sociale. Son intervention a été suivie par celles des représentants d’autres associations telles que  ‘’Bois sacré’’, l’association des chasseurs du Mali, qui ont tous parlé de la nécessité de restaurer et   valoriser les pratiques traditionnelles. Des chants, un déjeuner copieux et bien arrosé ont mis fin à la cérémonie.

Vivement la prochaine édition !

Broulaye Koné, stagiaire

Espace de sacrifice, univers éthylique

Initié chaque mois de juin, le ‘’Jibon’’ a drainé encore plus de monde cette année que les précédentes. Espace de rituel, la 5è édition aura été aussi un espace où l’alcool a coulé à flots. Il y avait tellement que l’ensemble de la provision n’a pu être consommée sur place. Il a fallu donc se résigner abandonner une forte quantité sur place, la coutume interdisant semble-t-il d’emporter à la maison ce qui est destiné au rituel.

Source : Le Challenger