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ROLE SECURITAIRE DE LA FRANCE AU MALI : En moins de 5 ans, qu’est ce qui a changé ?

Il y a beaucoup de fantasme sur le rôle et la présence militaires français au Mali. En tout état de cause, nous ne saurons rendre quelqu’un de nos propres turpitudes.

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La semaine dernière, au moment où la ministre française de la Défense de la France venait au Mali, des jeunes manifestaient devant l’ambassade de France pour exiger de l’Hexagone de la neutralité, ou de l’équidistance, à défaut d’aider le Mali. A l’occasion, tout a été dit.

Le raccourci serait de considérer dans l’attitude de ces manifestants juste un sentiment anti-français. Il est sûr que parmi ceux qui étaient là, ce jour-là, on trouverait des gens qui ont manifesté leur joie après la libération de Konna pour manifester leur reconnaissance à la France.

En moins de 5 ans, qu’est ce qui a changé ? Qu’est ce qui est de la faute de la France et qu’est ce qui est de notre faute ?

Il est affligeant de voir la longue litanie des militaires maliens attaqués, morts, tués, au quotidien sans réactions des populations. Des faits inacceptables entrent dans la banalité ; ne nous arrachant finalement presque pas de compassion.

Les manifestants devant l’ambassade de France prennent la question du mauvais côté. La France est aujourd’hui au Mali à la demande du Mali. Ensuite, depuis la « libération » du Mali, qu’avons-nous fait pour prendre en main notre sécurité ? Peut-on continuer à vouloir et à demander que d’autres se battent pour nous ? que d’autres meurent pour nous, à notre place ?

Notre combat, nos revendications aujourd’hui doivent être de chasser tout de monde et de nous prendre en main ; de prendre notre sécurité en main. Cependant, aussitôt dit, les questions qui suivent sont de savoir si nous pouvons le faire, ou même si nous avons envie de le faire. La crise malienne semble n’avoir rien appris à nos dirigeants, car, malheureusement, encore aujourd’hui, malgré que des milliers de jeunes veulent se battre pour la patrie, les recrutements restent entachés de népotisme, comme réservés aux recommandés, à des individus qui n’ont pas forcément envie de se battre pour la patrie, mais dont les parents veulent juste les voir « caser ». Donc, forcément, cela va donner les résultats que nous avons. Le président Paul Kagamé dit que l’armée, ce n’est pas d’abord les équipements ou les conditions matérielles faites aux soldats. C’est d’abord et en premier l’engagement et la détermination individuelles.

La France est au Mali pour prendre position dans le conflit entre Maliens. La France exploite les ressources du Mali et ne veut pas que le conflit prenne fin. Que n’avons-nous pas entendu ?

Vrai ou faux, il est constant que nous devrons aborder la question sous l’autre versant : que faire pour prendre notre destin en main ? Que faire pour nous passer de la France et de tous ces sangsues de la Minusma dont la nécessité n’est pas visible, sinon à polluer le pays et à le pervertir. Nous sommes responsables de nos propres turpitudes. Il nous manque un leadership. Il nous manque une volonté de nous prendre en charge. Les moyens viennent après. La France n’est ni notre alliée ni notre ami. Normalement, nous devrons nous en formaliser et faire avec. Nous sommes responsables de ce qui nous arrive.

Alexis Kalambry

 

 

Source: lesechos

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