La dernière Politique Nationale des Frontières du Mali date d’octobre 2000. Plus de 15 ans après et dans un contexte de sortie d’une profonde crise sécuritaire, le Mali a besoin de réactualiser sa politique de gestion de ses frontalières et ce, pour permettre de réduire la vulnérabilité du territoire national face aux mouvements des groupes terroristes impliqués dans le trafic d’armes, de drogues et d’êtres humains.
Dans la mouvance de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, une bonne politique de gestion des frontières constitue l’une des priorités du gouvernement.
En effet, le Ministère de l’Administration Territoriale à travers la Direction Nationale des Frontières soutenu par la MINUSMA via le Fonds d’affectation spéciale pour la paix et la sécurité procède à la révision de la politique nationale des frontières depuis 2014 et accélère ses activités. Un grand atelier de consolidation nationale est prévu à Bamako en avril prochain pour mettre à jour la politique nationale des frontières qui fournira ainsi des bases de futures stratégies pour sécuriser et développer les régions frontalières du Mali.
C’est un atelier qui fait suite à des séries de consultations régionales entre février et mars auxquelles ont pris part plus de 500 acteurs étatiques et non-étatiques. Lors de ces rencontres, les acteurs des niveaux national, régional et local se sont penchés sur des thématiques principales comme la délimitation et la démarcation des frontières, la coopération administrative, défense et sécurité frontalières, le développement des zones frontalières et la coopération transfrontalière et le financement et la mobilisation des ressources. Des rencontres qui auront permis d’aboutir à la production d’un plan d’actions devant permettre aux partenaires de réaliser les attentes des populations en termes de sécurité et de développement local en soutien à l’Etat du Mali.
L’objectif de la révision de la politique nationale des frontières est d’adapter le document en la matière au contexte national sous-tendu par les réalités politiques, sécuritaires, socio-économiques et culturelles du Mali et à l’environnement socio-sécuritaire critique de l’Afrique de l’Ouest et du continent africain. Il permettra également à l’Etat malien de stabiliser ses espaces frontaliers en termes de sécurité, d’investissements dans les équipements sociaux de base, de rapports de bons voisinage et de protection des communautés frontalières.
Il s’agit dorénavant de faire des zones frontalières des lieux de paix d’échanges et de développement durable. La nouvelle politique devra prendre en compte des recommandations des acteurs locaux telles que la prise en compte de la mobilité des populations le long des frontières lors des délimitations et démarcations, la création d’un cadre institutionnel de gestion des frontières, la formation des collectivités en matière de coopération transfrontalière, la redynamisation de la collaboration entre les forces de défense et de sécurité des pays frontaliers, la création et la dotation des zones frontalières en système de renseignement et les équiper en matériels adéquats, entre autres.
Daniel KOURIBA
Source: Tjikan