La Maison de la presse a abrité, hier jeudi, une conférence-débat sur un sujet aussi brulant de l’actualité que celle de la révision de la constitution de 1992.
Organisée par l’ONG « Trait d’union », l’objectif de cette rencontre était d’amener les populations à s’imprégner du contenu du nouveau texte de la Constitution, avant le vote. Ladite conférence, qui a finalement été une véritable école pour les participants, était animée par le Pr Abdoulaye NIANG, membre du réseau « Djogo ni Maaya », Mamadou Hamet CISSE, administrateur civil constitutionnaliste et ex-expert de la Mission d’appui aux réformes politiques et Ben Cherif DIABATE, communicateur traditionnel.
À l’ouverture des débats, la présidente du Mouvement « Trait d’union », Mme Oumou SALL SECK, a remercié le gouvernement pour le report de ce référendum à une date ultérieure. Selon elle, cette décision permettra au gouvernement de corriger le déficit de communication sur le contenu du texte vis-à-vis des populations.
C’est pourquoi, a-t-elle expliqué, cette conférence-débat est une occasion d’écouter les idées des uns et des autres sur une question qui suscite autant de débats houleux que de passions.
« En initiant ce débat, le Mouvement souhaite que la population puisse être informée ou mise à jour sur le contenu de ce texte fondamental », a-t-elle martelé. Elle a aussi soutenu qu’à travers cet exercice, l’ONG « Trait d’union » entend faire en sorte que le débat sur ce projet de révision quitte la rue pour se tenir dans un cadre formel. Il s’agit d’engager un débat non passionné entre les différentes positions. Elle a ainsi expliqué que leur démarche n’était pas d’appeler les gens à voter Oui ou Non.
« Nous voulons comprendre le contenu de la révision, c’est notre droit. Comprendre afin de décider en toute indépendance, sans nous laisser emporter par la vague des expertises qui tirent leur source de la rumeur », a-t-elle dit. La présidente a souligné que son mouvement restait fidèle à son crédo qui est « le dialogue en toutes circonstances ».
Dans son exposé liminaire, le conférencier, Mamadou Hamet CISSE, a soutenu que la constitution était une œuvre humaine et non une Écriture sainte intouchable. Par conséquent, il est susceptible de modification appelée amendement ou révision.
À ce propos, il a fait savoir que la constituions des États-Unis a subi 37 amendements, dont 27 ratifications de 1779 à nos jours. De même, il a rappelé que pour celle de la France, dont s’inspire la nôtre, elle a été révisée 24 fois de 1958 à nos jours.
« Donc pour le cas du Mali, je ne vois pas d’inconvénients après un quart de siècle que cette constitution soit révisée pour lui apporter des amendements », a-t-il dit. Il a, à cet effet, expliqué que les points du texte à réviser ne devraient pas faire l’objet de tiraillements entre opposition et majorité.
Selon le conférencier, ceux qui prétendent que le Mali est sous tutelle et qu’on ne peut pas organiser de référendum se trompent.
« Le Mali n’est pas sous une occupation étrangère et c’est dans ce cas seulement que le pays ne peut pas organiser une élection référendaire. Au Mali, ce n’est pas le cas. Une partie du territoire est occupée par des groupes armés maliens. Il faut donc aller à ce référendum pour la paix au Mali », a-t-il conseillé. Pour finir, il a soutenu que la révision constitutionnelle s’impose au Mali pour prendre en compte les nouvelles préoccupations du peuple et être en conformité avec les réalités politiques postérieures au 26 mars, notamment l’Accord pour la paix et la réconciliation.
De son côté, le Pr NIANG soutient le projet parce que pour lui, cette nouvelle constitution permettra au Mali de recouvrer toute sa souveraineté. Il a qualifié les gourous de l’opposition de tonneaux vides.
« Ils disent que cette constitution fera du président un monarque, ils n’ont rien à dire », a-t-il soutenu. Qui n’est pas monarque au Mali ?
« Est-ce que Soumaïla CISSE va accepter que quelqu’un d’autre préside l’URD, Modibo SIDIBE va accepter de donner sa place à Souleymane Tiéfolo KONE et Tièblé n’acceptera jamais de céder sa place à PPR », s’est-il interrogé ? La réponse, s’est-il empressé de répondre, est Non. Donc, qu’ils avancent d’autres arguments. « Cette constitution est une solution pour le Mali dans le contexte », a indiqué le conférencier.
Quant à Ben Cherif DIABATE, il a déploré le fait que les communicateurs traditionnels aient été marginalisés dans la diffusion des messages.
« Nous, en tant que détenteurs de la tradition et spécialistes à la livraison des messages dans ces contextes, nous devrions être invités par l’exécutif pour nous confier cette tâche de diffusion de ce projet de révision. Mais hélas, ça n’a pas été le cas », a-t-il déploré. Il a ainsi invité le gouvernement à impliquer toutes les couches sociales à la relecture de ce projet, en confiant à chacun et à chacune sa responsabilité.
Les discussions ont porté sur le mandat du président de la République dans le texte révisé, la création du sénat en rapport avec le mandat du président de l’Assemblée nationale en cas de vacance du pouvoir. À la fin des débats, des partisans du Non se sont dits perplexes quant à l’opportunité d’une autre marche.
Par CHRISTELLE KONE
Source: info-matin