Des leaders de partis politiques étaient à Koulouba hier, en début de soirée, pour recevoir des mains du chef de l’Etat des copies de l’avant-projet de loi portant révision de la Constitution de février 1992. Il s’agit de Modibo Sidibé (Fare Anw Ka Wuli), Amadou Thiam (ADP-Maliba), Modibo Kadjoké (Pacte malien pour la refondation) et Abdoulaye Diarra (YELEMA).
«Nous vous avions voulu en plus grand nombre, mais cela n’enlève rien en la qualité de votre présence». C’est par ces mots que le président de la République a entamé son adresse aux invités du jour, qu’ils a vivement salués pour avoir répondu à son invitation. Une marque de considération à l’égard de la première institution de la République, que Ibrahim Boubacar Keïta a apprécié à juste titre. Il a rappelé le contexte difficile que traverse notre pays. En dépit de ce contexte et de notre douleur, le chef de l’Etat a estimé que le pays doit continuer sa marche pour des lendemains glorieux.
Une fois de plus, Ibrahim Boubacar Keïta a fait remarquer l’apport considérable de la communauté internationale qui, depuis des années, est au chevet de notre pays. Et la transition était toute trouvée pour rendre hommage aux Casques bleus tombés pour le Mali. «Leur sacrifice mérite respect», a insisté le chef de l’Etat. Une déclaration qui sonne comme une réponse à ceux qui pensent que la présence de la MINUSMA est inutile.
Le chef de l’Etat a salué également le travail accompli, dans des conditions très difficiles, par les forces françaises dont des éléments ont péri sur le sol malien. «Tous méritent notre respect à égal niveau», selon le président Keïta qui a précisé que «nous ne soyons pas en reste». Autrement dit, les militaires maliens font montre de combativité sur le terrain. A ce propos, Ibrahim Boubacar Keïta a rappelé les efforts consentis pour une meilleure qualification de nos forces armées et de sécurité.
«Aujourd’hui, notre capacité, de l’avis de tous les experts, a été considérablement améliorée», s’est-il réjoui. Il a déploré ensuite les affrontements intercommunautaires, cet autre paramètre qui vient compliquer la tâche. Alors que les communautés en question ont toujours vécu, depuis la nuit des temps, en parfaite harmonie.
Parlant de la révision constitutionnelle, le président de la République a souligné la nécessité de revoir notre Constitution de 1992 qui a fait son œuvre. Une nécessité d’ailleurs reconnue par tous. Et ensuite, il a fait la genèse du processus, inclusif, qui a abouti à l’élaboration de cet avant-projet de loi. Et comme pour rassurer les uns et les autres, il a assuré que le «dialogue inclusif national», tant souhaité, aura lieu.
Juste après son intervention, le président de la République a remis des copies de l’avant-projet à ses invités qui se sont succédé, ensuite, au pupitre pour exprimer leurs préoccupations. Pour Modibo Sidibé, président des FARE, la reforme est certes indispensable, mais elle doit faire l’objet d’un dialogue national.
Abdoulaye Diarra, 1er vice-président de YELEMA, a rappelé que son parti adhère à l’idée de la révision de la loi fondamentale. D’ailleurs, ce parti n’a jamais été en marge des tentatives de révisions précédentes. Mais, pour lui, il faut impliquer toutes les forces vives du pays et «qu’on donne le temps au temps pour impliquer la majorité des Maliens». YELEMA est par ailleurs disposé à aider le chef de l’Etat pour que cet exercice de révision puisse atteindre les objectifs escomptés.
A sa suite, le député Amadou Thiam, président de l’ADP-Maliba, a également salué cette initiative du président Keïta qui, estimera-t-il, affiche ainsi une réelle volonté d’ouvrir le dialogue. Il a témoigné que les efforts d’inclusivité au sommet de l’Etat sont réels par rapport à cette révision constitutionnelle. «Mais, les Maliens demandent beaucoup plus d’inclusivité», a-t-il déclaré, promettant que son parti fera l’analyse qu’il faut de cet avant-projet et «nous vous ferons le retour».
Modibo Kadjoké, président du Pacte malien pour la refondation, a bouclé la série des interventions. Pour lui, la pertinence de cette révision ne souffre d’aucune ambigüité. Il a estimé que la priorité est de «travailler à la sécurité des populations, à rassembler les Maliens».
Issa Dembélé
L’Essor