Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil de sécurité,
1. Je commence par vous remercier pour l’opportunité que vous me donnez de partager avec vous les observations du Gouvernement du Mali sur le rapport d’étape du Secrétaire général dans le cadre du retrait de la MINUSMA. Je remercie Monsieur El-Ghassim WANE, Chef de la MINUSMA, pour sa présentation virtuelle de ce rapport.
2. Le Gouvernement du Mali se réjouit que le Conseil de sécurité ait accédé à sa demande formulée en juin dernier et depuis, il travaille en étroite coopération avec la MINUSMA pour un retrait coordonné, sécurisé et ordonné, conformément au délai du 31 décembre 2023, décidé par le Conseil de sécurité.
3. Ainsi, dès l’adoption de la résolution 2690 (2023), le 30 juin 2023, le Gouvernement du Mali a multiplié les concertations avec la MINUSMA tant aux niveaux technique que politique, en vue de faciliter et de diligenter le processus de retrait de la Mission des Nations Unies du territoire malien.
4. A ce stade de mon propos, je tiens à exprimer la surprise du Gouvernement du Mali suite aux affirmations contenues dans le rapport et faisant état de restrictions de vols et de limitations d’importations imposées à la MINUSMA. Les canaux de communication et groupes de travail mis en place, à tous les niveaux de décision ainsi que les contacts directs en cours, ont renforcé significativement le cadre d’échanges entre l’Administration malienne et la MINUSMA. Ces affirmations sont d’autant plus surprenantes qu’elles sont factuellement sans fondement et objectivement contraires à l’esprit constructif et de coopération que le Gouvernement n’a cessé de manifester à l’égard de la MINUSMA et des missions dépêchées depuis le Siège. Les visites des Secrétaires généraux adjoints Khare, Lacroix et Michaud qu’il faut saluer en sont une parfaite illustration. S’agissant de nos attentes, l’occasion m’est ainsi offerte de rappeler que le Gouvernement du Mali espere recevoir bientôt des informations détaillées concernant l’effectif de la Mission, ainsi que le plan prévisionnel de fermeture graduelle des différents services de la MINUSMA.
5. Dans la même dynamique, je souligne que, contrairement au contenu de certains passages du rapport d’étape, le Gouvernement du Mali a évalué avec beaucoup de sérénité le retrait de la MINUSMA et élaboré les mesures nécessaires pour faire face à tout éventuel vide sécuritaire qui y serait lié. En effet, je tiens à rappeler qu’une analyse exhaustive des conséquences de ce retrait a précédé la décision, mûrement réfléchie du Mali, de demander le retrait de la Mission et, les dispositions déjà prises en amont, se poursuivent et ont, entre autres, montré que les Forces armées maliennes sont prêtes à faire face à toutes les situations, y compris la remise anticipée des camps, comme ce fut le cas le 13 août 2023. Par ailleurs, le retrait de la MINUSMA dont l’inadaptation des mandats au contexte malien a été plusieurs fois relevée par de nombreux membres de l’Organisation, découle d’une demande forte des populations maliennes.
6. A ce sujet, le Gouvernement du Mali se félicite de l’exécution de la première phase du retrait de la MINUSMA, au cours de laquelle quatre (04) camps ont été rétrocédés. Si les transferts des camps à Ogossagou, Goundam et Ménaka ont été pacifiques, le Gouvernement déplore les incidents qui ont émaillé celui de Ber, au cours duquel des groupes armés terroristes ont engagé des actions hostiles pour empêcher l’occupation du camp par les FAMa. Cet incident, qui a causé 6 morts dans nos rangs, pour lesquels le Gouvernement du Mali présente les condoléances de la Nation, et au moins 72 combattants terroristes ont été neutralisés, montre, une fois de plus, la détermination des Forces Armées maliennes à assumer leurs missions régaliennes de défense du territoire national, et de protection des populations et des biens.
7. Cette détermination du Mali à faire occuper par l’Armée malienne tous les camps qui seront libérés par la MINUSMA ne constitue évidemment pas un acte de belligérance ou de rupture du processus de paix, au contraire, elle s’inscrit dans le processus régulier de rétrocession des emprises de la Mission et dans le respect du cadre juridique en vigueur, notamment l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger ainsi que toutes les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui reconnaissent la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du Mali.
8. Il est important de noter que nos Forces de défense et de sécurité ont été attaquées par des groupes armés terroristes, qu’elles n’ont violé ni l’Accord encore moins le cessez-le-feu et n’ont pas l’intention de le faire. Cependant, si nos Forces sont attaquées ou empêchées d’accomplir leurs missions, elles se verront dans l’obligation de réagir vigoureusement.
9. Le Gouvernement entend ainsi poursuivre ses efforts visant la restauration de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national, afin de sécuriser les personnes et les biens et fournir les services sociaux de base aux populations maliennes.
10. Au demeurant, le Gouvernement du Mali réitère son attachement à la mise en œuvre intelligente et diligente de l’Accord, en collaboration avec les mouvements signataires qui le souhaitent, en vue de rétablir la paix et la stabilité durables au bénéfice de nos paisibles populations. Je puis informer que le Ministre de Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, chargé de la paix et de la réconciliation au Mali, vient d’inviter les frères des mouvements signataires, aujourd’hui même, à revenir à la table des négociations en vue de surmonter les défis actuels par la voie du dialogue. Il a réaffirmé par la même occasion dans ce communiqué l’attachement du Gouvernement du Mali à la paix et la réconciliation ainsi que le respect du cessez-le-feu. Cependant, nous dénonçons les collusions constatées récemment entre des groupes armés et des organisations terroristes, et rappelons les nombreuses résolutions du Conseil de sécurité qui exigeaient << de tous les groupes armés qu’ils renoncent à la violence et rompent tous liens avec des organisations terroristes et la criminalité transnationale organisée »>.
11. Par ailleurs, le Gouvernement attache une priorité de rang élevé au traitement des aspects environnementaux du retrait de la MINUSMA et encourage la Mission à poursuivre, voire renforcer les mesures pour veiller à réduire l’empreinte environnementale de la Mission, notamment à travers les visites conjointes d’inspection environnementale liée à la dépollution. A cet égard, il souhaite notamment que les conteneurs de sable contaminės laissés à Ber soient évacués en lieu sûr et bien traités, conformément aux normes des Nations Unies et la législation nationale en la matière.
12. Aussi, face aux inquiétudes évoquées concernant la surveillance et l’établissement de rapports sur les droits de l’homme au Mali, je rappelle que le retrait de la MINUSMA ne saurait en rien entamer la détermination et l’engagement des autorités maliennes en matière de respect et de protection des droits humains qui constituent un précieux héritage de notre glorieuse histoire et une valeur cardinale de notre société.
13. La deuxième phase de transfert des emprises de la MINUSMA à l’Etat malien, qui commence dès le 1 septembre 2023, doit s’exécuter suivant le chronogramme convenu. Autant nous sommes ouverts au dialogue pour régler pacifiquement les questions ponctuelles qui peuvent se poser, autant nous tenons au respect strict des délais convenus pour le transfert des camps de Tessalit, d’Aguelhok et de Kidal à l’Etat du Mali.
14. Je tiens à rappeler que le Gouvernement du Mali n’envisage pas de prolongation du départ de la Mission au-delà de la date du 31 décembre 2023 fixée par la Résolution 2690 (2023).
Madame la Présidente,
Mesdames, Messieurs les membres du Conseil de sécurité,
15. Le retrait de la MINUSMA ne signifie pas la fin de la coopération entre la République du Mali et l’Organisation des Nations Unies. Le Mali demeure un membre à part entière des Nations Unies et, à ce titre, le Gouvernement entend poursuivre sa coopération avec les programmes, les fonds et les agences du système des Nations Unies déjà présents au Mali, y compris en continuant d’assurer leur sécurité, et qui accomplissent par ailleurs un travail remarquable sur le terrain.
16. Sur le rôle futur des Nations Unies dans le processus de paix au Mali, et conformément à la vision de Son Excellence Le Colonel Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat, qui entend renforcer l’appropriation nationale de ce processus, le Gouvernement du Mali souhaite donner la priorité au dialogue direct inter-malien, permettant à notre peuple de trouver en son sein les ressorts et les compromis dynamiques nécessaires à la cohésion sociale et à la réconciliation nationale. Dans cet esprit constructif, le Mali souhaite donner une nouvelle chance aux mesures de confiance et, à cet égard, je réitére la requête du Gouvernement de la République du Mali de lever le régime de sanctions, conformément å la lettre en date du 15 août 2023 adressée au Président du Conseil de sécurité.
17. Après plus de dix ans de crise, aux conséquences particulièrement désastreuses pour nos populations, le peuple malien veut en finir avec ce conflit. C’est la raison pour laquelle il exige du Gouvernement de privilégier des solutions endogènes durables. Il se montre sceptique quant aux préconisations extérieures, qui parfois en toute bonne foi, et d’autres fois avec des agendas divers, ont maintenu ou entretenu la crise, au lieu de la régler durablement.
18. Avant de conclure, je vous renouvelle l’engagement du Gouvernement déjà exprimé à l’occasion des visites au Mali des responsables du Secrétariat des Nations Unies, en vue de mener à bien la phase de la liquidation, que nous souhaitons voir réduite au strict minimum.19. Au moment où la MINUSMA se retire du Mali, il me plait de saluer les efforts et parfois les sacrifices consentis par le personnel des Nations Unies pour aider le Mali à réaliser la paix et la stabilité. Je m’incline devant la mémoire de toutes les victimes de la crise malienne, civiles comme militaires, maliennes comme étrangères, tombées au champ d’honneur au Mali. Et je donne l’assurance que le Gouvernement ne ménagera aucun effort pour identifier et traduire devant la justice les auteurs d’actes criminels contre nos populations civiles, nos forces et le personnel onusien.
20. J’adresse mes vifs remerciements à tous les amis du Mali, bilatéraux comme multilatéraux, pour leurs soutiens appréciables à nos efforts de sortie de crise et de développement.
Je vous remercie de votre aimable attention.