Plusieurs candidats à la présidentielle ont dénoncé jeudi un « échec » et un bilan « accablant » au Mali pour Emmanuel Macron après l’annonce par le chef de l’État du retrait de l’armée française de ce pays d’Afrique de l’Ouest. « Le fait d’être obligés de partir après avoir été humiliés à ce point par le gouvernement malien est un échec », a commenté Marine Le Pen (RN) lors d’une conférence de presse.
La candidate d’extrême droite a déploré que, à ses yeux, « on aurait pu changer de stratégie depuis 4 ou 5 ans », « ce qui n’a pas été le choix d’Emmanuel Macron qui a réduit nos capacités, nos contingents, sans qu’il y ait une vision, une stratégie de sortie ». Pour elle, « la grande question c’est comment nous partons, quels moyens nous mettons à disposition de l’armée pour pouvoir partir dans des conditions de sécurité optimales ».
Du côté des Insoumis, le candidat Jean-Luc Mélenchon a qualifié de « piteux » le retrait militaire de la France du Mali, face à un bilan « accablant » pour le « duo Hollande-Macron », estimant que, selon lui, le « désastre » était « largement prévisible ».
« Tel est le prix de la gloriole de quelques-uns. Ceux-là ont transformé une opération militaire ponctuelle en une expédition sans perspective politique autre que de faire les fiers à bras à Paris », a ajouté le leader insoumis, visant l’ex-président François Hollande, qui avait envoyé des troupes au Mali en 2013 pour lutter contre des groupes djihadistes, Emmanuel Macron, mais aussi Jean-Yves Le Drian, ministre des Armées puis des Affaires étrangères.
« Inéluctable », « intenable », « piteux »
De son côté, la socialiste Anne Hidalgo a exhorté le chef de l’État à « assumer les choix faits depuis cinq ans, qui ont considérablement affaibli l’influence de la France », dans un communiqué. « C’est un échec pour Emmanuel Macron, à sa place j’aurais géré différemment les 5 dernières années » a-t-elle dit sur Radio J.
Reste que partir était « inévitable » parce que « c’est devenu intenable », face à un régime hostile à l’armée française, ont estimé en chœur Jean-Luc Mélenchon et son rival écologiste Yannick Jadot. « Il était devenu impossible de rester sur place contre la volonté d’un gouvernement aussi peu démocratique soit-il et d’une grande partie du peuple », a jugé Jadot.
À droite, Valérie Pécresse a estimé que « cette décision de réorganisation est une bonne décision, si c’est réorganiser ». « Mais il ne faut pas partir comme l’ont fait les Américains en Afghanistan, il ne faut pas abandonner ce terrain sur lequel la France défend des valeurs universelles. Il faut rester au Sahel », a-t-elle insisté.
L’ancien ministre de la Défense Jean-Marie Bockel, dont le fils Pierre Bockel est mort en novembre 2019 dans le cadre d’une mission de l’opération Barkhane, a lui fait part jeudi de sa « tristesse », en estimant toutefois que cette décision état « inéluctable ». « Je regrette ce départ, je vis mal ce gâchis, mais je considère que nous avons fait notre travail », a expliqué l’ancien ministre de François Mitterrand et de Nicolas Sarkozy.