Les rideaux sont tombés sur la 10ᵉ édition du Festival Culturel Dogon, «Ogobagna», le dimanche 2 février 2025. Une fois de plus, l’événement a tenu toutes ses promesses avec une semaine intense marquée par une multitude d’activités culturelles, artistiques et culinaires. Ce festival a permis à la culture dogon de relever le défi de s’ouvrir au monde sans entacher son authenticité.
S’ouvrir ! C’est le propre d’une culture si elle ne veut pas s’éteindre à petit feu à force de ne pas exprimer ses valeurs et d’étaler ses richesses. S’ouvrir et s’enrichir (avec les arts et la culture d’autres terroirs) sans perdre son attrayante authenticité ! C’est le défi que l’association «Ginna Dogon» est en train de relever avec brio à travers «Ogobagna» (Écuelle du roi). Né des Journées culturelles dogons (JCD), organisées à Koro en 2015 pour sauver un patrimoine menacé par l’acculturation et l’insécurité, le «Pestival» (Festival) ne cesse d’impressionner aussi bien son public que les opérateurs culturels du pays et d’ailleurs. À chaque édition, l’initiative gagne en prestige…
Contrairement à beaucoup d’autres initiatives du genre, Ogobagna va au-delà de l’exposition de la culture dogon pour être un tremplin de promotion du Mali dans sa diversité culturelle, artistique… Cet événement œuvre à «réintroduire la tradition dans le mode de fonctionnement actuel de notre pays». Ce qui en fait une «démarche transversale de brassage culturel».
«Le festival Ogobagna nous donne encore une fois l’occasion de mieux nous connaître, de nous ressourcer et de parler de paix, de vivre ensemble et de réconciliation dans un contexte socioéconomique, géopolitique et sécuritaire en pleine mutation», s’est réjoui M. Nouhoum Tapily, président de l’Association pour la promotion et la protection de la culture dogon, la bien nommée «Ginna Dogon». Il y a eu de la place pour tout le monde autour de «l’Écuelle du roi» (le sens d’Ogobagna), la grande assiette de nourriture du Hogon (chef de tribu), avec une plateforme d’accueil, un espace ouvert à tout le monde sans distinction aucune pour se réjouir, de nourrir (le ventre et l’esprit), se ressourcer dans la diversité culturelle avec une bonne dose de savoir, savoir-faire et savoir-être ancestraux des Dogons.
En dix éditions, Ogobagna est toujours resté fidèle à sa ligne directrice de «vecteur de paix, d’unité et de cohésion entre les différentes communautés, les divers terroirs artistiques et culturels du Mali». Un prestigieux carrefour de brassage qui a pris sa place dans l’agenda culturel du Mali. Les concepteurs peuvent être fiers de leur bébé, devenu aujourd’hui un tremplin de la «complémentarité du patrimoine culturel malien».
«Nous suivons le festival depuis 10 ans et nous avons participé à 8 éditions. Au fil du temps, nous sommes allés à l’école de la commission d’organisation du festival Ogobagna et nous nous exerçons à organiser un événement de son envergure en essayant à notre tour d’intégrer toutes les autres communautés», a témoigné Ladji Sara, président de l’Union culturelle mamara (les miniankas étaient les invités d’honneur cette année).
La 10ᵉ édition a donc pris fin sous les meilleurs auspices en ouvrant des perspectives prometteuses. Rendez-vous la 11ᵉ édition par la grâce d’Ama, de Dieu !
Moussa Bolly