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Exploitation illégale de nos richesses : Un fléau accentué par des complicités locales

Lors du conseil des ministres du 22 janvier 2025, le gouvernement a annoncé avoir engagé des actions d’envergure contre la pratique de l’exploitation illégale des ressources minérales et de ses impacts sur l’environnement. Une pratique essentiellement imputée aux étrangers, singulièrement les Chinois. Mais, selon nos investigations et de nombreux témoignages, la corruption est le tremplin de ces crimes contre notre économie, notre environnement… et les générations futures. En effet, ces «étrangers» profitent généralement de la cupidité des légitimités locales, des élus et aussi des services techniques locaux pour s’installer et piller nos richesses.

Le gouvernement va mener désormais «une lutte implacable contre les exploitations illégales à travers la mise en œuvre d’actions à court, moyen et long termes». C’est ce qu’on pouvait lire dans le communiqué du conseil des ministres du 22 janvier 2025. Nos autorités seraient enfin déterminées à engager des actions d’envergure contre la pratique de l’exploitation illégale des ressources minérales et de ses impacts sur l’environnement. Une détermination qui se serait déjà traduite par des «actions fortes» qui ont abouti au démantèlement de 61 sites d’exploitation illégale et à la saisie de nombreux équipements, dont 286 pelleteuses et 63 véhicules.

Depuis quelques années, a déploré la communication écrite du ministre des Mines, «l’exploitation illégale et irrégulière des substances minérales» est pratiquée par «des personnes, étrangères pour la plupart, lourdement équipées, laissant de plus en plus la place à des méthodes fortement mécanisées aux conséquences encore plus dommageables sur l’environnement, la santé, l’économie et la paix sociale». Ces «exploitants illégaux» causent d’énormes dégâts à l’environnement, notamment la destruction de la faune, de la flore, la contamination des cours d’eau et contribuent également à «l’alimentation des réseaux de trafics de drogue, d’armes, de personnes, de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme et de l’extrémisme violent».

En outre, a précisé le département de tutelle, «les exploitations illégales sont à l’origine de nombreuses pertes en vies humaines» (comme le drame intervenu le 29 janvier 2025 sur le site d’orpaillage à Danga, un hameau dans le cercle de Kangaba où au moins une dizaine de femmes ont perdu la vie suite à un éboulement) suite aux accidents et aux conflits générés entre les exploitants eux-mêmes, entre ceux-ci et les populations ou entre les exploitants et les détenteurs de titres miniers.

«Femmes, enfants et jeunes périssent ensevelis sous des éboulements, transformant notre terre en un cimetière à ciel ouvert» (Lettre ouverte)

Et il y a urgence à agir si notre «souveraineté retrouvée» est réelle. «Depuis plusieurs années, des entreprises étrangères, notamment chinoises, avec la complicité d’acteurs locaux, exploitent nos ressources naturelles sans aucun respect pour l’environnement ni pour la vie humaine. Aujourd’hui, au-delà de la destruction écologique, ce sont nos communautés qui se déchirent et des vies qui se perdent chaque jour», a déploré Ibrahim Nabila Koné (un natif de Kangaba) dans une «Lettre ouverte». Il interpelle les autorités de la Transition et le gouverneur de la région de Koulikoro à mettre fin à «la destruction de nos terres» et à protéger «les populations du cercle de Kangaba».

L’auteur rappelle, «femmes, enfants et jeunes hommes périssent ensevelis sous des éboulements, transformant notre terre en un cimetière à ciel ouvert… Les rivières sont empoisonnées, la faune disparaît, nos champs deviennent incultivables et la famine menace. Pendant ce temps, les responsables de ces crimes économiques et humains continuent d’agir en toute impunité». Le hic, selon nos investigations et de nombreux témoignages d’observateurs, cette pratique se nourrit de la cupidité de certaines notabilités et de certains élus locaux ainsi que de certains services techniques au niveau local.

«Les  Chinois ont vite compris que le Malien est prêt à vendre son âme au diable pour s’enrichir et que l’argent pouvait ouvrir toutes les portes de l’impunité dans notre pays. Ainsi, pour s’installer où ils veulent et piller sans réserve nos richesses, ils arrosent tout le monde, des chefs de villages aux responsables des services techniques en passant par les forces de sécurité, les responsables de jeunes… Assurés d’être ainsi couverts par l’impunité, ils peuvent tout se permettre et ils utilisent tous les moyens pour accroître leurs profits»,  a dénoncé un acteur de la société civile de la zone de Kéniéba dont les nombreuses plaintes contre des Chinois sont restées sans suite.

«Il faut savoir que les Chinois ne s’installent pas dans une localité sans l’accord des chefs de village, de la mairie et de la gendarmerie qui reçoivent tous de l’argent. De plus, ils exploitent généralement sous la couverture d’un Malien qui a un permis d’exploitation à jour», a aussi un témoigné un cadre de la région de Sikasso dans un forum de discussion sur la question. Et d’ajouter, «suite à la mort de deux Chinois à Kéniéba, l’arrestation de certains d’entre eux et la saisie des machines, les Chinois ne traitent plus seulement avec les notables et les autorités locales. Ils cherchent maintenant des permis d’exploitation avec les Maliens n’ayant pas de grande capacité technique pour en profiter». Il a conclu en indiquant, «il y a 2 semaines, j’ai été contacté par ami Chinois pour  l’aider à trouver une personne qui a un permis d’exploitation».

Si les autorités maliennes veulent réellement mettre fin à l’exploitation illégale et incontrôlée de nos ressources, elles doivent aller au-delà des opérations sporadiques pour réellement sévir en prenant assumant toute leur responsabilité pour appliquer les législations en vigueur. L’orpaillage est par exemple interdit dans le lit et les berges des cours d’eau. Qui respecte aujourd’hui cette interdiction ?

Cette exploitation abusive et illégale des richesses du pays (or, bois…) se passant au vu et au su de tout le monde, il est facile de situer les responsabilités de ces «drames humains et environnementaux». Il faut surtout sanctionner les complicités locales pour l’exemple. A notre avis, nos compatriotes impliqués dans ces crimes sont plus fautifs que les étrangers. Ces derniers (étrangers) ne pensent qu’aux gains à réaliser aux dépens de notre pays alors que leurs complices poussent l’égoïsme et la cupidité à s’autodétruire et, pire, à compromettre totalement la survie des futures générations de Maliens. La sensibilisation ayant montré ses milites, il est temps de sanctionner avec la dernière rigueur !

Quitte à froisser certains «pays amis» dont les ressortissants ont fait de notre pays leurs vaches laitières !

Hamady Tamba

Source : Le Matin
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