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Rentrée scolaire : LES PROMOTEURS D’ÉCOLES PRIVÉES EN GRÈVE

Ils réclament le paiement des arriérés de subventions par l’Etat. Un cadre de concertation, regroupant le ministère de l’Economie et des Finances, celui en charge de l’Education nationale et les grévistes, a été mis en place

Les écoles ont officiellement ouvert leurs portes lundi 1er octobre 2018. Dans le public, si les choses semblent bien se passer, la reprise fait grincer des dents au niveau des promoteurs d’établissements privés qui attendent des arriérés de subventions de l’Etat. Celui-ci accorde des fonds aux promoteurs d’écoles privées qui accueillent ses élèves pour couvrir leurs frais scolaires. Les promoteurs privés expriment leur ras-le-bol face à ce retard. Ils réclament des efforts de l’Etat pour éponger les arriérés et permettre la reprise véritable des cours.

Réunie en assemblée générale le 27 septembre dernier, l’Association des promoteurs d’écoles privées agréées du Mali (AEPAM), a décidé d’aller en grève pour la satisfaction de ses doléances. Ainsi depuis la rentrée, l’administration scolaire est sur place au sein des écoles privées, mais uniquement pour donner des renseignements aux élèves et à leurs parents. Mais il n’est pas question de remettre les fournitures scolaires aux élèves, encore moins les emplois du temps. Il n’est pas non plus question de dispenser les cours. Cependant, il est à préciser que seuls les établissements privés qui accueillent les élèves orientés par l’Etat à Bamako et dans certaines régions qui sont concernés par le débrayage.

Selon le secrétaire général de l’Association des écoles privées agréées du Mali (AEPAM), Abdoul Kassoum Touré, l’Etat doit des arriérés aux promoteurs d’établissements  scolaires privés depuis janvier. Pour lui, il ne s’agit pas d’une grève mais plutôt d’une manifestation de mécontentement par rapport à la gestion des frais scolaires et demi bourses. Son diagnostic est sans appel. «Les établissements restent ouverts. On respecte la rentrée mais on refuse de reprendre les cours. Car, nous ne sommes pas dans les prédispositions d’une rentrée scolaire. Celle-ci se prépare. Il faut réparer les tables, noircir les tableaux, désherber les cours, payer les fournisseurs. Au-delà, 80% des établissements sont en location et doivent des arriérés aux propriétaires, sans oublier les arriérés de salaires qu’ils doivent payer aux enseignants», dit-il.

Au Mali, l’arrêté interministériel n°2017 fixant le taux des frais scolaires alloués aux établissements privés d’enseignement secondaire lie les promoteurs à l’Etat. Le document détermine les coûts de formation et les périodes de payement. La première tranche doit être payée à la première quinzaine du mois de mars de l’année en cours et la deuxième doit être versée la seconde quinzaine du mois de mai.

Pour le secrétaire général de l’AEPAM, cela fait plus de dix ans que l’Etat n’a pas pu respecter ces payements semestriels. Il s’acquitte une seule fois par an et très généralement le payement commence à partir de fin mai et continue jusqu’en septembre. «C’est les banques qui permettent à beaucoup de promoteurs d’assurer pendant l’année scolaire les charges de fonctionnement, y compris les salaires  des enseignants, à travers des prêts. Mais une fois que les échéances ne sont pas respectées par les créanciers, les banques appliquent les pénalités», explique notre interlocuteur.

«Quel promoteur peut exiger la rigueur au corps professoral s’il doit des arriérés de salaires à ses enseignants ? Un enseignant qui n’est pas payé peut-il se donner à fond ?, s’interroge notre interlocuteur. Abdoul Kassoum Touré ajoutera que les premières réactions de paiement du gouvernement devraient se faire en mars dernier. «Nous avons alerté l’Etat de faire l’effort de nous payer, sans succès», a-t-il expliqué, désabusé.

Un cadre de concertation a été créé entre les promoteurs d’établissements privés, le ministère de l’Economie et des Finances et celui en charge de l’Education. Les parties ont convenu sur beaucoup de points. Le secrétaire général de l’AEPAM explique que le même jour lors de la finalisation, on a demandé aux promoteurs des états individuels. «Nous avons refusé car cela ça va occasionner un grand retard et personne n’est certain d’être payé avant janvier. Nous avons proposé la réquisition qui est une mesure exceptionnelle. Que les percepteurs payent et que les documents en souffrance soient complétés et ramenés après. Sur la question les positions ont achoppé. Pourtant dans certaines localités du pays, les paiements ont été faits sans les états. Si la mesure est nationale, elle doit s’appliquer à tout le monde», a-t-il dit.

Cette manifestation de mécontentement des écoles privées est suivie dans plusieurs établissements de Bamako et Kati. Un professeur d’anglais dans un lycée de la rive droite explique la surprise qu’il a eue lorsque le censeur lui a demandé  de rentrer à la maison jusqu’à nouvel ordre.   Deux autres enseignants du lycée Falaba Issa Traoré  de Yirimadjo et du lycée privé Noumoukè Traoré de Kati, ont aussi témoigné de l’arrêt des cours dans leurs établissements respectifs.

L’AEPAM affirme que cinq établissements n’ont pas respecté le mot d’ordre. Notre équipe de reportage a fait ce constat au niveau du lycée «La lanterne». Au moment de notre passage, les élèves de cet établissement faisaient normalement leurs cours. Le contrôleur général, Abdoul Karim Keïta, observe que certains élèves ont déjà payé leurs frais scolaires. «Pour ne pas discriminer les autres, nous avons opté de ne pas suivre le mot d’ordre de l’AEPAM», a-t-il expliqué.

Aminata Dindi SISSOKO

L’Essor

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