Pour une nouvelle fois, le Président Ibrahim Boubacar KEITA et Soumaila CISSE se sont rencontrés dans la soirée du lundi 28 octobre. Des retrouvailles entre les deux hommes, après le récent clash en juin-juillet dernier, sur lesquelles l’Opposition et des observateurs fondent peu d’espoir. Par ailleurs, si rien n’a filtré de leurs échanges, l’on apprend que l’objectif est de ramener le camp Soumi autour de la table du Dialogue national inclusif (DNI).
Une autre tentative du Président IBK de décrisper la tension politique après son clash de Soumaila CISSE. Ce lundi, dans la soirée, le chef de l’Etat a décidé de recevoir Soumaila CISSE, le chef de file de l’Opposition. L’information a été donnée par Soumi lui-même sur sa page Twitter : « J’ai été reçu, à sa demande, par Ibrahim Boubacar KEITA. Nous avons parlé des questions d’actualité ». Puis, elle a été confirmée par ses collaborateurs au sein du FSD.
Selon des sources de l’Opposition, les deux adversaires politiques ont échangé pendant plusieurs minutes sur l’actualité politique et sécuritaire du pays. Ils ont abordé le Dialogue national inclusif, la récente attaque contre l’armée nationale à Boulkessi où des dizaines de soldats maliens ont été tués. Les problèmes économiques ont été aussi évoqués, selon notre source.
Au cours de la rencontre, le Président IBK a fait le point de sa visite en Russie à Soumi avant de l’informer des rencontres qu’il envisage avec d’autres personnalités politiques du pays en vue d’apaiser le climat politique très détérioré, rapporte-t-elle.
« De ce que nous savons de cette rencontre, Soumaila CISSE est allé écouter IBK. Il a demandé à rencontrer Soumaila. Il est parti répondre son invitation. Cela est normal, parce que nous sommes favorables au dialogue. C’est nous qui avions demandé à ce que les Maliens échangent sur les questions d’intérêt national. A cet effet, on ne peut pas refuser de rencontrer IBK », a nous indiqué l’un des responsables du FSD joint au téléphone au lendemain de la rencontre.
Il affirme également que Soumaila CISSE n’a fait aucune proposition au pouvoir pour rétorquer à des allégations selon lesquelles le chef de file a demandé un remaniement du gouvernement. Et jusqu’à preuve du contraire, la position du FSD par rapport au Dialogue national inclusif n’a pas changé. « Nous n’allons pas participer au Dialogue national inclusif tant que nos griefs n’auront été pas pris en compte. Telle est notre position », a tranché le responsable politique.
Toutefois, il rassure que les discussions vont continuer entre IBK et Soumi.
Avant cette rencontre, les relations entre les adversaires politiques étaient très tendues. Quelques mois plutôt, ils ne se faisaient pas de cadeau ; une véritable scène de clash. IBK attaquait et Soumaila CISSE se défendait. Tout est un parti d’une interview accordée par IBK à Jeune Afrique dans laquelle il traitait le chef de file de l’opposition d’« inconsolable ». On était en juillet dernier. La réaction de Soumi n’a pas tardé. Dans un Tweet, qui a fait le tour des réseaux sociaux, le président de l’Union pour la république et la démocratie (URD) réplique en traitant IBK d’un « PETIT MONSIEUR » dont le discours manque de hauteur.
Le pessimisme de l’Opposition
A cause de ce ping-pong, les négociations qui étaient à l’époque en cours pour apaiser le climat politique, ont été rompues. Conséquence : retour à la case départ. L’Opposition reprend alors les contestations et multiplie les attaques contre le régime. Après cet épisode, IBK a-t-il le bon bout après l’échec de la première tentative de décrisper le climat politique ? Cette fois-ci, va-t-il tirer les leçons de ses erreurs du passé ? Sera-t-il constant dans sa démarche ?
A l’Opposition, ils sont sceptiques. « En toute honnêteté sans être un oiseau de mauvais augure, aujourd’hui, IBK, dans sa vision n’inspire pas la confiance. Tu ne peux pas rencontrer quelqu’un et l’insulter deux jours plus tard », nous déclare un cadre de l’Opposition. Des faits qui ont davantage affecté le minimum de confiance de l’Opposition envers le régime. « Il n’y a plus de confiance envers IBK au sein de l’Opposition », a-t-il affirmé. Or, explique-t-il, tant qu’il n’y a pas de confiance, le problème va se résoudre difficilement. Pour le dialogue national inclusif, il devine déjà une rencontre qui va peut servir comme cela été le cas avec la Conférence d’Entente nationale.
Aussi, l’opposant pense que derrière cette approche d’IBK se cache des ruses. « Le Président IBK, en nous rencontrant, montre au peuple qu’il est d’accord pour le dialogue en nous faisant passer comme des ennemis de la nation. Or, nous avons tout simplement demandé des garanties qu’il peine à donner», a-t-il interprété.
Ni Soumi ni IBK n’a de vision pour le Mali
Interrogé sur les perspectives de la rencontre entre IBK et Soumaila CISSE, Boubacar BOCOUM, politologue, est sans espoir. Selon lui, ni Ibrahim Boubacar KEITA ni Soumaila CISSE n’a une vision claire pour le pays. L’un comme l’autre n’a que des intentions de projet pour le pays. En ce moment, la rencontre entre ces deux personnalités ne peut aboutir à rien de miraculeux.
« La classe politique malienne, en général, manque de modèle de gouvernance. Ce qui fait qu’ils sont surpris quand ils viennent au pouvoir. Autant, aujourd’hui Soumaila critique IBK. Ce sera la même manière quand lui-même va venir. Car, il n’a pas un modèle type de gouvernance qu’il veut appliquer. Ils ont juste des déclarations d’intention », a expliqué M. BOCOUM.
Donc, le politologue est pessimiste sur l’issue de cette rencontre entre les deux hommes. Ils peuvent, dit-il, se mettre d’accord et enterrer la hanche de guerre, mais sont-ils en mesure de proposer quelque chose au peuple, se demande Boubacar BOCOUM ? Non, répond-il. Avant de commenter : « Soumaila CISSE n’a pas de solution pour le Mali. IBK n’a pas de solution pour le Mali. Certes, ils vont parler de la mort de nos soldats, de l’économie malienne à terre, mais qu’est-ce qu’il faut pour empêcher cela ? C’est ce que le peuple a besoin aujourd’hui de savoir», a-t-il déclaré. Pour lui, le peuple attend plus des retrouvailles entre les deux personnalités.
Par Sikou BAH