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Parti du HCUA: un défi à la République et à la démocratie

Telle la rescapée d’une catatonie, la classe attend sans aucune réaction la fin de la messe à laquelle le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) a convié le monde. Parades militaires et mise en scène culturelles, la démonstration de force ne trompe que l’élite bamakoise qui ne sait que jacasser, « ragoter » et « délatter » sur les réseaux sociaux désormais vautrés dans le mensonge et l’arnaque.

A Kidal, on sait ce qu’on veut. Et l’honorable Alghabass Ag Intalla est un leader qui est dans l’anticipation, la prospective. A l’ouverture des travaux du 2e congrès ordinaire de son Mouvement armée, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), il appelle à l’unité les mouvements armés du nord du Mali. Objectif agité à la face de la classe politique et d’une opinion « malienne » très en déphasage : réussir à fusionner des mouvements armés en seul mouvement politique «capable de prendre en charge les préoccupations de la population de l’Azawad dans le cadre de la reconstruction nationale ».
A-t-il jamais prononcé le terme « parti politique » ? La nuance a son pesant d’or et sera déterminante pour l’avenir politique de notre pays. Parce qu’il ne s’agit pas d’un simple euphémisme. Il s’agit bien d’une option politique qui si jamais elle aboutissait, transformerait radicalement la pratique politique dans notre pays. En effet, sans déposer les armes, démobiliser ses combattants et renoncer au combat pour l’Azawad, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) ne peut se constituer en parti politique. En tout cas pas au regard des lois maliennes. L’article 45 de la loi N°05-047 du 18 août 2005 portant Charte des partis politiques est sans équivoque : ‘’les partis politiques ne doivent pas porter atteinte à la sécurité́ et à l’ordre public, ainsi qu’aux droits et libertés individuels et collectifs.
Il leur est spécifiquement interdit la mise sur pied d’organisation à caractère militaire ou paramilitaire’’.
‘’Aucun parti ne peut se constituer et s’organiser sur une base ethnique, religieuse, linguistique, régionaliste, sexiste ou professionnelle.
Tout parti fondé sur une cause ou en vue d’un objet illicite contraire aux lois, aux bonnes mœurs ou qui a pour but de porter atteinte à l’intégrité́ du territoire national et à la forme républicaine de l’État est nul et de nul effet’’.
Au nom de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger dont il est signataire dans le cadre de la CMA qui prône l’unicité et l’indivisibilité de la République, l’État souverain du Mali va-t-il permettre au HCUA qui a instauré la charia à Kidal et n’a jamais désarmé ni renoncé officiellement à ses velléités séparatistes de créer un parti politique ?

Pour la démocratie malienne ce sera une abjuration suicidaire. Parce que ce même État ne peut empêcher tout autre parti politique de s’armer pour s’imposer.

Où sont les politiques et ces grands démocrates qui aiment tant revendiquer et s’attribuer la paternité de la démocratie ou son ancrage ? Pour sa survie, la démocratie malienne pourrait-elle compter sur ceux-là même hier, à travers un euphémisme compromettant, leur ont ouverts les bras en les désignant sous le nom de « démocrates en armes » ? Pour les besoins de la cause, pardon pour leur pitance, ils n’hésiteront pas à décréter ce monstre en gestation de « parti politique armé ». Pourvu qu’ils aient quelque chose à manger d’un Mali déjà dépecé par leur corruption et leur insouciance.
Il est temps de se ressaisir et de sortir de l’impunité. La loi est très claire : ‘’la dissolution d’un parti intervient lorsque :
– la direction nationale du parti prend des engagements ou signe des accords susceptibles de compromettre la souveraineté́ nationale ;
– le parti se livre à des manifestations armées ou à̀ des actions terroristes ;
– le programme du parti compromet l’unité́ nationale et l’intégrité́ du territoire ;
– le parti entreprend des actions qui menacent la démocratie.
Cette dissolution est prononcée par le Tribunal civil, soit à̀ la requête de tout intéressé́, soit à̀ la diligence du Ministère public’’.
C’est un défi à la République et à la démocratie.
PAR BERTIN DAKOUO

Source: info-matin

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