Comme le Malien lambda rare sont les Maliens qui ont vu venir ce remaniement ministériel. Même les ministres qui, selon certaines indiscrétions, étaient tout le temps rassurés qu’il n’y aurait pas de changement au niveau du gouvernement. Ilsont certainement ignoré le fait que le changement de gouvernement revient dans notre situation exceptionnelle au président de la transition. C’est pour cela que la surprise fut grande, personne ne s’attendait à un remaniement à profondeur.

Mais, de façon objective, on peut dire qu’il s’agit d’une dépolitisation du gouvernement pour faire place aux technocrates. C’est pour cela que les ministres M5-RFP ont été remerciés en majorité. Cela peut faire taire ceux de l’Adéma,du Rpm, de l’Urd et autres qui viennent de rejoindre la transition à la faveur du référendum.

Sauf que ce ralliement n’a pas été à la hauteur des attentes pour les autorités de transition. Lesquelles espéraient dépasser cette année un taux de participation historique au référendum.Malheureusement, le OUI n’a pas eu 22% à Bamako, où se trouvent 4 millions d’électeurs. C’est l’une des raisons de la non-ouverture du gouvernement à la classe politique et sa fermeture aux ministres du M5-RFP.

Fait notoire : beaucoup de Maliens citent des femmes ministres qui ont bien mouillé le maillot pendant ces deux dernières années, notamment celles de la santé, de l’éducation et de la fonction publique. Mais ils oublient que le remaniement ministériel ne tient pas compte de cela. C’est le président de la transition qui décide et a tous les pouvoirs en la matière.

On auraégalement remarqué la présence de plus de cinq (5)de ses collaborateurs directs dans la nouvelle équipe. Ceux-ci étaient tout autantsurpris que les ministres qui n’ont pas été reconduits. À l’instar de deux nouveaux membres du gouvernementqui se trouvaient à la Mecque pour le pèlerinage, une dame et un homme, au moment de leur nomination.

Comme pour dire que cette nouvelle équipe est concoctée par les militaires, qui ne veulent pas être déviés de leur trajectoire par l’esprit partisan des hommes politiques.

Face au devoir de résultats, les militaires, qui détiennent les rênes du pouvoir, viennent de donner une nouvelle réorientation à l’action gouvernementale basée sur le résultat, la prise en compte des préoccupations des Maliens, sans calcul politique.Le reste revient aux ministres « technocrates » de bien travailler pour le bonheur des Maliens.

Par ailleurs, pour ceux qui s’interrogent sur le maintien dans le nouveau gouvernement des ministres Ibrahim Ikassa Maïga et Fatoumata Dicko, ils devraient le considérer sousle prisme de l’élégance démocratique qui voudrait que le Premier ministre ait ses « proches » en tant que chef d’équipe. Certainement que le choix de Choguel a été porté sur les deux cités plus haut. Sans quoi, à y voir de près, on sait d’où viennent les nouveaux membres du gouvernement.

Les sortants

Les ministres non reconduits sont : l’Imam Oumarou Diarra de l’Action humanitaire, de la solidarité, des réfugiés et des déplacés ; Modibo Kéita, Bakary Doumbia de l’Entreprenariat national, de l’emploi et de la formation professionnelle ; Mahmoud Ould Mohamed de l’industrie et du commerce ;Harouna Mamadou Touré de la communication, de l’économie numérique et de la modernisation de l’Administration ; Mme Sidibé Dédéou Ousmane de l’éducation nationale ;BrehimaKamena de l’urbanisme, de l’habitat, des domaines, de l’aménagement du territoire et de la population ; Modibo Keïta du développement rural ; Modibo Koné de l’environnement, de l’assainissement et du développement durable ; Mme Dieminatou Sangaré de la Santé et du développement ; Mme Diawara Aoua Paul Diallo du travail, de la fonction publique et du dialogue social ; Mme WadidiéFounè Coulibaly de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille.

Dans ce changement, on remarque que les groupes armés passent de 4 à 2 représentants ; Me Toureh et Mohamed Ould Mahmoud sortent ; au nom de la CMA Mossa Ag Attaher et Alhamdou Ag de la plateforme restent, ils ont d’ailleurs permuté. Mossa Ag Attaher hérite du département des Maliens établis à l’étranger, précédemment occupé par Alhamdou Ag Illyene. Ce dernier va à la place de Me Arouna Mamadou Toureh à la communication. Le nombre de militaires passe de 4 à 5 dont une dame, colonel Assan Badiallo Touré des œuvres sociales présidentielles, est nommée au ministère de la Santé et du Développement social.

Les nouveaux ministres

Ministre de l’éducation nationale, Amadou Sy Savane ; ministre de l’enseignement supérieur, Boureïma Kansaye ; ministre des mines, Amadou Keita ; ministre de la santé, colonel Assa Badiallo Touré ; ministre du travail, Fassoum Coulibaly ; ministre de la jeunesse, Abdoul Kassim Ibrahim Fomba ; ministre des Maliens établis à l’extérieur, Moussa Ag Attaher ; ministre de l’Agriculture, Lassine Dembélé ; ministre de l’énergie et de l’eau, Bintou Camara ; ministre de l’entreprenariat national, Mme Bagayoko Aminata Traoré ; ministre de la promotion de la femme et de la famille, Mme Mariam Maïga ; ministre de l’industrie et du commerce, Moussa Alassane Diallo ; ministre de l’urbanisme, Imrane Abdoulaye Touré ; ministre de l’environnement, Mamadou Samaké ; ministre de la communication, Alhamdou Ag Ilyene ; ministre de l’élevage et de la pêche, Youba Bah.

Colonel Assan Badiallo Touré occupe désormais le ministère de la Santé et du développement social. Elle est médecin-cardiologue, précédemment conseillère spéciale du président de transition et ancienne directrice régionale de la santé de Bamako.

Onze (11) ministres ont quitté le gouvernement de transition, pendant que 12 nouveaux font leur entrée. Il y a trois (3) nouveaux départements,deux (2) anciens départements scindés ;trois (3) anciens ministres permutent.

Ce sont 4 ministres qui ont permuté : Amadou Keita de l’enseignement supérieur aux mines, Moussa Ag Attaher du département des sports aux Maliens établis à l’extérieur, Alhamdou Ag Ilyene des Maliens établis à l’extérieur à la Communication et Youba Ba de ministre délégué à ministre plein en charge de l’élevage et de la pêche.