La situation chaotique persistante sur la route reliant Bamako-Kayes-Diboli, qui engendre des pertes énormes aussi bien pour les compagnies de transport que pour les usagers à cause de son état de dégradation avancée, provoque des manifestations sur ce corridor névralgique de l’économie malienne.
Depuis vendredi dernier, des habitants des localités riveraines ont interdit toute circulation sur cette route nationale. Les protestataires exigent sa réhabilitation immédiate.
Vendredi, une de nos équipes de reportage s’est rendue à Kati pour constater les faits. A Sirakoro, dans la Commune de Kati, à 300 m après du poste de police, des jeunes du quartier avaient coupé la route. Sur des pancartes qu’ils brandissaient, on pouvait lire : «Nous demandons la réhabilitation de la route Bamako – Kayes – Diboli» ; «Sans sacrifice, pas de victoire», etc. Visiblement déterminés à maintenir la pression pour avoir gain de cause, ces jeunes obligeaient motocyclistes et automobilistes à rebrousser chemin. Conséquence : le trafic routier était interrompu sur le tronçon de Kati à Kayes, témoignait Adama Traoré, un jeune chauffeur interrogé sur place.
Que fait le gouvernement pour répondre aux revendications des protestataires ? Hier dans la matinée, le Premier ministre a rencontré les leaders de l’association Sirako de Kati, instigatrice de la mobilisation.
En attendant les conclusions de cette rencontre, preuve de la considération de l’exécutif à leur égard, la direction nationale des routes, contactée par nos soins, a apporté des réponses. Dans une note d’information fournie à cet effet, la direction nationale des routes explique que la conjoncture difficile que traverse le pays entrave la réalisation de projets et programmes routiers et des programmes d’entretien de routes.
Les projets entamés depuis 2015 dans le secteur des infrastructures et de l’Equipement, représentent un engagement financier global de plus de 400 milliards de Fcfa dont 95% financés sur le budget d’Etat, précise la note. Cette somme devra permettre le bitumage d’un linéaire total de route de près de 365 km, précise-t-on.
Concernant le projet de réhabilitation/renforcement du tronçon Kati – Didiéni de la route nationale n° 3 et du corridor Bamako-Dakar par le Nord, la note d’information de la direction nationale des routes assure que le démarrage effectif des travaux aura lieu courant novembre 2019. «La mobilisation et l’installation de l’entreprise en charge du projet et la mission de contrôle sont également en cours de préparation», peut-on lire sur la note qui rappelle que des travaux d’entretien ont été réalisés dans certaines zones, notamment le tronçon Kati-Kolokani. Toute chose qui permettra de maintenir la circulation durant l’exécution des travaux. Aussi, des points d’eau pour l’approvisionnement du chantier sont en phase de réalisation.
Toujours selon la direction nationale des routes, les études géotechniques ont été finalisées le 20 août dernier. Le rapport provisoire corrigé sera transmis le 30 de ce mois. La validation dudit rapport et le choix final de l’option d’aménagement, sont prévus pour le 10 septembre prochain. En attendant, la direction nationale des routes informe, sans précision de date, que des mesures visant à rendre la route mieux carrossable, seront entreprises.
Des annonces certes rassurantes. Mais les jeunes révoltés estiment qu’à chaque fois que la tension monte, le département en charge des Infrastructures et de l’équipement envoie des engins de chantier pour faire semblant de démarrer les travaux de reconstruction de la route. Cette fois-ci sera peut-être la bonne.
Amadou B. MAÏGA
Source: L’Essor-Mali