Le travail va consister à assainir et organiser l’environnement de notre sécurité, afin que les acteurs soient réceptifs au contrôle démocratique et attentifs aux besoins de sécurité et de justice
La grave crise qui a éclaté dans notre pays en 2012 a révélé la nécessité de faire des réformes au niveau des forces de sécurité afin de les adapter aux nouvelles menaces qui pèsent aujourd’hui sur la stabilité de notre pays. L’irruption des hordes de djihadistes en compagnie des indépendantistes sur notre territoire a mis à mal notre outil de défense et notre système de sécurité, peu adaptés pour faire face efficacement aux attaques terroristes contre des hôtels, aux prises d’otages, aux assassinats ciblés, etc. Afin de juguler ces menaces de type nouveau, il était bon, dans le cadre de la résilience du pays à la crise, d’outiller les forces de sécurité avec des formations adaptées, avec la création de nouvelles unités spécialisées. Toutes ces actions commandent un nouveau cadre législatif et réglementaire pour le secteur de la sécurité. D’où la mise en place de la Réforme du secteur de la sécurité (RSS). Cette réforme, explique l’inspecteur général de police, Ibrahima Diallo, est un processus national qui vise à rendre les acteurs du secteur de la sécurité plus efficaces, réceptifs au contrôle démocratique et attentifs aux besoins de sécurité, de justice et de développement au profit de la population. Ibrahima Diallo ajoute que la RSS est partie intégrante d’une plus large démocratisation et procède de la réforme globale de l’Etat, avec observation des principes de bonne gouvernance et implication des acteurs non étatiques à tous les stades du processus. La réforme doit prendre en compte la dimension Genre. Elle découle d’une volonté politique clairement exprimée par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, lors de son discours du 20 janvier 2013 : « la réforme structurelle est en œuvre. Je veillerai personnellement à sa conduite pour qu’elle atteigne son point d’achèvement. A savoir, cette belle ambition de restructurer les forces armées et les services de sécurité, en vue d’en faire des forces républicaines, respectueuses de l’Etat de droit, dédiées à la sécurité et à la protection du citoyen malien et de ses biens. D’en faire le rempart de la démocratie au lieu d’être son ventre mou… Il s’agira alors d’engager, sur des bases consensuelles, une profonde réforme, pour assainir et organiser l’environnement de notre sécurité. Notre vision sera celle de la sécurité humaine, avec nos citoyens au départ, au centre et à l’arrivée du projet. » Cette volonté politique a été précisée dans la Déclaration de politique générale du Premier ministre, Modibo Keita, du 27 mai 2015 : « La Réforme du secteur de la sécurité, commencée en août 2014 avec la création du Conseil national pour la réforme du secteur de la sécurité, sera poursuivie par la mise en place des organes dudit conseil et le recrutement de leur personnel. Sont en ligne de mire, la couverture sécuritaire adéquate et appropriée du territoire dans un premier temps et l’ajustement du maillage dans un second temps, à travers la création d’unités de sécurité et de défense ainsi que le recrutement d’éléments nouveaux. » Dans la mise en œuvre concrète de cette volonté politique, le Groupe pluridisciplinaire de réflexion sur la Réforme du secteur de la sécurité (GPRS) a été créé par l’Arrêté n° 4444 du ministre de la Sécurité du 22 novembre 2013. Le lancement des travaux dudit groupe a eu lieu le 30 décembre 2013. Ensuite, le Conseil national pour la réforme du secteur de la sécurité (CNRSS) a été créé par le décret n° 2015-0401/P-RM du 9 juin 2016, sous l’autorité du Premier ministre. Son organe opérationnel s’appelle le Commissariat à la RSS qui dispose de représentations au niveau régional et local, les Comités consultatifs de sécurité (CCS). Le Comité national à la réforme du secteur de la sécurité a pour missions de définir les orientations stratégiques et de fixer les priorités nationales en matière de réforme du secteur de la sécurité. Il est chargé aussi de valider les projets de stratégie nationale et de plans à court, moyen et long terme élaborés par le commissariat, de contribuer, en coordination avec la Commission d’intégration, à la définition des critères, quotas et modalités d’intégration des combattants dans les corps constitués de l’Etat, y compris dans les Forces armées et de sécurité. Le Comité national supervise également l’élaboration des listes des combattants des différents mouvements candidats à l’intégration, en rapport avec la Commission d’intégration ; il contribue, en coordination avec la Commission d’intégration, à la formulation des propositions sur les modalités d’attribution et d’harmonisation des grades ou de reclassement. Le Comité national veille au respect des critères de recrutement et d’incorporation dans les Forces armées et de sécurité ; il procède à une évaluation détaillée du système de défense et de sécurité ; il donne son avis sur tout dossier de sécurité à lui soumis par le Premier ministre ; il évalue périodiquement la mise en œuvre de la réforme. Le Commissariat à la réforme du secteur de la sécurité dispose de trois cellules : Défense, Sécurité et Relations Internationales ; Gouvernance politique, Etat de droit, Contrôle démocratique et Genre ; Gouvernance économique, sociale et culturelle. Chaque cellule comprend : 6 représentants du gouvernement ; 3 représentants de la Coordination ; 3 représentants de la Plate-forme ; 1 représentant de chacune des associations des collectivités territoriales à savoir : l’Association des municipalités du Mali, l’Association des collectivités des cercles du Mali et l’Association des Régions du Mali ; 1 représentant de la société civile par région, désigné par le chef de l’exécutif régional.Au stade actuel, le commissaire a été nommé ; les ministères ont désigné leurs représentants au sein du Commissariat. La désignation des représentants de la Plateforme et de la Coordination est attendue incessamment. Un bâtiment a été retenu pour servir de siège au Commissariat. Les partenaires étrangers ont donné leur engagement à soutenir le processus. Pour la bonne mise en oeuvre de la RSS, l’officier supérieur de la police indique qu’il est indispensable que le recrutement soit moralisé. Que l’on prenne l’homme qu’il faut pour la place qu’il faut afin d’avoir des Forces de défense et de sécurité efficaces. « C’est un projet ambitieux. Mais il faut le faire », exhorte l’inspecteur général de police, Ibrahima Diallo. Dans le cadre de la Réforme du secteur de la sécurité, notre pays peut compter sur le soutien de l’Union Européenne qui a mis sur pied la mission EUCAP Sahel Mali. Cette mission met à disposition des experts en matière de formation et de conseil stratégique à la Police, à la Gendarmerie et à la Garde Nationale maliennes et aux ministères concernés, dans le but de soutenir la réforme du secteur de la sécurité.
A. D.
Source : Essor