La scène politique et associative est divisée en deux positions. Chacune a construit une rhétorique mobilisant un vocabulaire et des arguments qu’elle juge pertinents pour incliner la balance en sa faveur.
La campagne s’ouvrira le 2 juin à 00 h et s’arrêtera le 16 juin à minuit. Cette date marquera théoriquement le début d’une période de débats, d’échanges et d’argumentaires visant à convaincre les électeurs de voter en faveur ou contre le projet de la nouvelle constitution soumis à un référendum à la date du 18 juin 2023. Les électeurs auront le choix entre un bulletin blanc pour le oui et rouge pour le non, stipule le décret. Maintenant que les dés sont jetés, les Maliens sont chaque jour informés des dispositions que contient la Constitution de la nouvelle République et que les spécialistes et experts dissèquent, analysent et lisent à volonté et à satiété ce que la Constitution 2023 prévoit pour les décennies à venir.
À ce jour, la scène politique et associative est divisée en deux positions. La première concerne un groupe qui appelle à voter « non » sous prétexte qu’il s’agit d’un processus inconstitutionnel ou soit opposé au principe de laïcité réaffirmé dans le projet de Constitution. Le deuxième clan comprend des participants qui soutiennent le projet de constitution. Ils se démènent pour mobiliser des voix à son profit, à l’instar de l’Union pour la république et la démocratie (URD) et de nombreuses organisations de la société civile.
La Convergence pour le Développement du Mali CODEM a invoqué le caractère inconstitutionnel du projet, l’impréparation du scrutin et l’insécurité grandissante pour justifier son opposition. La Ligue malienne des imams et érudits pour la solidarité islamique au Mali (Limama) a aussi suivi la même trajectoire. Son opposition au principe de laïcité a dicté son appel à « voter contre le projet de la nouvelle constitution dans sa forme actuelle.»
En revanche, d’autres partis politiques, associations et composantes de la société civile ont soutenu le nouveau projet de constitution, et appelé à voter par un “oui” pour faire sortir le pays de la crise multidimensionnelle, notamment l’URD, l’ADP-Maliba de l’ancien candidat à la présidentielle Aliou Boubacar Diallo, le Chérif de Nioro, M’Bouillé Haïdara, fervent soutien de la transition, Yerewolo Debout sur les remparts et le Mouvement Mali espoir (MME).
Goût et couleur du référendum
Les deux camps se mobilisent pour éviter l’abstention au vote du référendum : multiplication des rencontres avec les populations, vulgarisation du projet de Constitution, publication de déclarations, interviews livrées aux organes de presse, entre autres, tous les moments légaux sont utilisés pour convaincre. Chacun a construit une rhétorique mobilisant un vocabulaire et des arguments qu’il juge pertinent. Le suspense autour de ce référendum se résume finalement à la participation, la victoire du « oui » ne faisant plus l’ombre de doute, au regard des rapports de force actuels.
Le référendum a un goût et une couleur qui résultent d’un projet de Constitution participatif dans son élaboration et dont le contenu reflète les opinions généralement répandues. Parmi les dispositions clés du nouveau texte, on retiendra la possibilité d’engager une procédure de destitution du Président pour trahison ; l’interdiction faite aux députés de changer de parti politique, c ’est-à-dire qu’un membre du Parlement qui démissionnerait de son parti serait automatiquement déchu de son mandat de député et que l’adhésion à un autre parti politique vaut démission ; la possibilité pour les citoyens de saisir le Conseil supérieur de la magistrature et la Cour constitutionnelle ; le principe de la bonne gouvernance ; la laïcité ; l’affirmation de la lutte contre la corruption ; l’octroi du statut de langues officielles aux langues nationales, le français devenant une langue de travail ; la mobilisation générale des citoyens en cas de nécessité. Par ailleurs, le projet de constitution révisé fait référence à des éléments figurant dans l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, notamment à la mise en place de la deuxième chambre du Parlement et à la reconnaissance du rôle des autorités traditionnelles et des modes alternatifs et traditionnels de règlement des différends.
Fanfan
L’Informateur