Le gouvernement de transition travaille d’arrache-pied pour le retour de l’administration dans les localités affectées par la crise sécuritaire. Lors de son passage dans l’émission Mali Kura Taa sira, le ministre de l’Administration territoriale et de La Décentralisation, le lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga a expliqué comment le gouvernement compte redéployer l’administration dans les localités affectées.
Si la lutte contre l’insécurité est une priorité du gouvernement, le redéploiement de l’administration dans les localités affectées en est une autre. Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation en est conscient. « Le retour de l’administration, des services sociaux de base dans les zones affectées constitue une préoccupation de nos plus hautes autorités. L’illustration parfaite, c’est un objectif du gouvernement dans le Programme d’Action gouvernementale », précise le colonel Abdoulaye Maïga qui trouve que lorsqu’on évoque le retour de l’administration, il faut penser inévitablement au contexte, aux raisons profondes et conjoncturelles qui ont conduit au départ de l’administration. « Le premier élément de contexte qu’il faut rappeler avec beaucoup de douleur, c’est qu’en 2012, le Mali a perdu 70% de son territoire », rappelle le porte-parole du gouvernement. Pour lui, « dans l’histoire du Mali contemporain, l’évènement le plus traumatisant pour notre pays fut la perte de 70% de notre territoire mais au-delà de la perte, c’est surtout le contrôle du territoire par des groupes terroristes appuyés par des groupes séparatistes ». Cette occupation des 70% du territoire malien a été une « surprise stratégique qui a entrainé un choc qui, lui aussi, a entrainé un quasi- effondrement des piliers de l’État ».
Une autre cause de l’absence de l’administration, selon le colonel Maïga, c’est qu’une partie de la population a estimé à « tort ou à raison que l’État ou l’administration de manière générale ne répondait pas à ses besoins, ne réglait pas ses problèmes ».
Le plan de redéploiement de l’administration
Selon le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, l’objectif de son département n’est pas de faire retourner l’administration dans la même forme et dans la même nature. Selon lui, l’instruction que le président de la Transition a donné au gouvernement, c’est de mettre la préoccupation jusqu’à la satisfaction des besoins des Maliens au cœur de l’action de l’État. « Suivant cette vision, j’ai personnellement instruit à l’ensemble des représentants de l’État de reconquérir les cœurs et les esprits de nos populations », a déclaré le colonel Abdoulaye Maïga.
L’État, selon le ministre Maïga, est obligé d’avoir constamment à l’esprit la protection et la sécurité des représentants de l’État. « En collaboration avec le ministère de la Défense et des Anciens combattants, nous avons pu obtenir un nombre très important de militaires qui auront pour mission d’assurer la représentation de l’État dans ces zones affectées », précise-t-il avant d’ajouter : « Ces zones affectées ont deux caractéristiques : souvent les représentants de l’État (bureaux des préfets, sous-préfet) ont tout simplement été détruits ou des fois, lorsqu’il y a le bureau, on trouve que le niveau de sécurité ne permet que nous déployions dans ces zones les membres du corps préfectoral qui sont des civils ».
Selon le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, ce que le gouvernement a fait comme mesure d’adaptation, c’est de redéployer les membres du corps préfectoral civils dans les zones relativement sud. « Aussi, nous allons très bientôt procéder à un redéploiement massif du personnel FAMa dans ces zones d’insécurité pour différentes raisons », précise le lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga.
Une autre mesure prise par les autorités de la Transition, c’est le fait de déterminer un quota très important de forces de sécurité qui auront pour missions d’assurer la sécurité des représentants de l’État. « Mais je voudrais quand même insister qu’avant de procéder au déploiement du personnel FAMa, nous avons l’ambition de renforcer leur capacité, les former très rapidement sur les missions de préfet et sous-préfet », précise le ministre de l’Administration territoriale. A l’en croire, grâce à toutes ces actions, un nombre important de préfets sont sur le terrain actuellement. D’autres seront nommés bientôt. « Nous avons toute une série de mesures individuelles dans le circuit et très bientôt, il n’y aura aucun poste vacant puisqu’avant le début de la Transition, il y avait des postes vacants. Il y a des préfets et sous-préfets qui n’étaient pas nommés. Très bientôt, tous les représentants seront nommés et ce déploiement se ferait avec le ministère de la Défense et des Anciens Combattants », a indiqué le ministre Maïga.
En ce qui concerne les administrateurs civils qui, à cause de l’insécurité, ont quitté leur service, le ministre a été un peu plus clair : « Il y a des opérations militaires qui sont en cours. Il faut qu’il y ait un niveau de sécurité qui permet le redéploiement des membres du corps préfectoral. Sans ce niveau de sécurité minimum, on aura du mal à déployer les représentants de l’État ».
Boureima Guindo