Comme prévisible, circulé à Bamako à partir de 19 heures avec une moto en relatif bon état est osé aujourd’hui. Si à l’époque on se contentait d’arracher les motos, maintenant on hésite plus à abattre les motocyclistes. Pour les observateurs, c’est le début du revers de la médaille de l’opération Ami Kane que le président de la République avait ignoré pour faire plaisir à la France à la veille du sommet France Afrique.
Les spécialistes affirment que la guerre contre le banditisme doit s’accompagner d’une prise en charge de la jeunesse. Parallèlement à la lutte contre la criminalité, une autre offensive doit être lancée contre les causes objectives et subjectives de ce fléau qui est entrain de prendre des proportions inquiétantes au Mali. Qui mieux qu’un policier pour comprendre cette stratégie communément admise !
Entre le banditisme avec son lot de vol et d’assassinat et l’occupation illicite de la voie publique, le gouverneur du District Ami Kane a choisi le premier cas de figure. Puisque sa famille n’a aucune chance d’être victime dans un cas comme dans l’autre, elle a décidé de se faire un nom sur le dos des pauvres qui ne demandent qu’à survivre dignement. Certes, Ami Kane a le pouvoir de démolir les kiosques, mais elle a également le droit de donner du travail et de sécuriser l’ensemble des habitants de Bamako.
Dans la pratique il s’est avéré qu’Ami Kane se fiche du sort des pauvres de Bamako. Depuis la démolition des kiosques et la fermeture des frontières pour cause de terrorisme, les désespérés de l’opération ont été contraints de s’adonner au banditisme. Chaque jour que Dieu fait, les Bamakois sont privés de leurs biens et de leur vie sans aucune réaction du gouverneur.
Cette situation d’insécurité urbaine s’est étendue dans les communes avoisinantes de la capitale. Elle a atteint des degrés alarmants. Selon certaines voix, la situation dans la capitale est étroitement liée à la dégradation du cadre de vie dans la ville. Toujours selon les mêmes voix, c’est du non-traitement de ce mal que naît le crime organisé et le grand banditisme qui risque de porter atteinte aux fondements même de notre pays.
Aussi, des spécialistes du phénomène de la criminalité affirment que la guerre au banditisme, sous toutes ses formes, doit s’accompagner d’une prise en charge de la jeunesse. Est-ce le cas au Mali ? A cette question la réponse est non. Préférant le curatif au préventif, les autorités maliennes font toujours semblant d’être surprises.
Le chômage et la mal-vie qu’il engendre en sont, par conséquent et en grande partie, les causes. Aujourd’hui au Mali, la cause du regain de banditisme dans notre capitale n’est autre que le gouverneur du District Ami Kane. Sans vouloir justifier les crimes et délits, l’humiliation est une chose humainement difficile à accepter.
Lamine Diallo