Dans la dynamique de conserver le leadership politique et compter comme « roi ou faiseur de roi » du Mali dans les prochaines années, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga est d’ores et déjà fortement engagé dans la stratégie de la fusion de son parti avec l’ADEMA-PASJ et le RPM. Non sans avoir un tant soit peu affaibli ce dernier parti…
Comme une drôle de coïncidence, l’annonce du report des élections législatives du 25 novembre aux responsables des partis politiques de la majorité présidentielle est intervenue le jour où la célèbre chronique « Ce que je crois » de Béchir Ben Yahmed de Jeune Afrique titrait « L’Avenir du Mali ». Cet éditorial de conclure que « le pouvoir réel sera entre les mains du Premier ministre… »
« Tout ça pour ça ?» est-on tenté de dire en voyant les dégâts occasionnés par la bataille de constitution des listes pour ces élections législatives, finalement reportées à une date ultérieure. De nombreuses démissions, dont certains démissionnaires ont renforcé les rangs de l’ASMA-CFP du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Comme le cas à Ségou où l’éminent président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale, Abdine Koumaré, de bonnes sources, vient de débarquer avec armes et bagages au sein du parti du désormais puissant chef du gouvernement, en provenance du parti présidentiel, le RPM.
Et c’est le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, qui avait eu l’honneur d’annoncer à ses pairs présidents des partis politiques de l’alliance Ensemble pour le Mali (EMP) le report des élections législatives. Ses interlocuteurs se sont montrés réticents mais, « à l’impossible nul n’est tenu ». Ils vont devoir faire le deuil de leurs ambitions de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué… Bokary Tréta, Moussa Timbiné, Issiaka Sidibé, Mamadou Diarrassouba doivent souffrir encore en silence le leadership incontestable de Soumeylou Boubèye Maïga, celui qui avait défié le général Moussa Traoré en 1986 en lui disant en face qu’il faut aller à un pluralisme politique avec plus de libertés… Il vient de convaincre IBK qu’il est l’acteur majeur de sa réélection. La gouvernance doit donc se poursuivre avec lui en pôle position. Ce serait un risque majeur que de se le mettre à dos ! L’homme conserve une grande capacité de nuisance sur la plupart des acteurs de la classe politique. « Et Soumaïla Cissé a pu lâcher qu’« il vaut mieux l’avoir avec soi que contre soi ». Message bien compris par IBK qui le connaît trop bien et finit par lui laisser le gouvernail du bateau Mali.
Le Chef du gouvernement s’en délecte et prend des initiatives politiques et sociales. On murmure que la prochaine conférence sociale sur les salaires est son idée personnelle. Idem pour les conférences régionales sur le découpage administratif et surtout le report des législatives. Et avant ces élections des députés, Soumeylou Boubèye Maïga compte rassembler les forces politiques. Il rêve de faire fusionner l’ASMA-CFP, l’ADEMA-PASJ et le RPM, si possible. Le patron de la primature a déjà, de bonnes sources, confié ce dossier à des proches, dont le ministre de l’Economie et des finances, dont le grand-frère, Baba Cissé, est le 1er vice-président de l’ASMA. Réussira-t-il à relever ce défi à brève échéance ? C’est fort possible. Ce, d’autant que l’homme à réussi à convaincre le président de l’ADEMA, Pr Tiémoko Sangaré à cette idée et en le faisant propulser au ministère de la Défense. Le PM à propulser des « hommes à lui », comme Lassine Bouaré, Sambou Wagué, Lelenta Hawa Baba Ba dans l’attelage gouvernement
Comme on le voit, les lendemains de ces législatives imposeront certainement une nouvelle reconfiguration de l’exécutif. Boubèye garderait-il alors sa marge de manœuvre actuelle ou la verrait-elle s’étioler avec une forte personnalité au perchoir de l’Assemblée nationale ? Et le gouvernement post-législatives ferait plus de place aux inconditionnels du locataire de la primature ? Tempérer les choses, donner plus de chance aux réformes avant d’entamer la 6ème législature devient alors un choix de raison mais aussi de stratégie politique bien pensée… Surtout que l’appel au report se faisait entendre aussi bien du côté des opposants que de la diaspora malienne. Même si cette décision de report déplaît dans certains états-majors, il faut reconnaître qu’elle est plutôt bien inspirée. Et SBM s’en félicite ! Cela lui donnera du temps pour mieux peaufiner sa stratégie. S’il le faut, reculer pour mieux sauter !