Bien qu’il n’ait pas suffisamment foi dans une reconquête rapide de la région de Kidal, le nouveau Premier ministre ne crache pas totalement sur les initiatives susceptibles d’y concourir. Il vient d’impulser la toute première tentative pour reprendre langue avec les notabilités de la région, qui s’est soldée par de maigres résultats que les émissaires escamotaient pour faire plaisir aux autorités.

À défaut de connaître un début encourageant de solution, la problématique de Kidal tend à devenir un filon pour certains médiateurs nationaux.

C’est la déduction qu’inspire la mission conduite par le patriarche des Kel Ansar de Goundam, El Mehdi Ag Mohamed Attaher, et comprenant d’autres célébrités comme le député de Tin-Essako, Mohamed Ag Intallah.

L’initiative consistait à reprendre langue avec le patriarche des Ifoghas et l’amener à jouer de toute son influence pour contribuer au retour de Kidal dans le giron malien. On ne peut pas dire que le passage des émissaires du Pm ait été un échec puisque leur interlocuteur n’a donné aucune assurance quant aux objectifs visés par les hautes autorités maliennes.

Selon nos sources, le vieux Intallah s’est contenté d’exprimer sa reconnaissance et son plaisir d’accueillir d’illustres envoyés du gouvernement, avant de conditionner la réponse à leur centre d’intérêt à un hypothétique congrès des composantes de l’Azawad prévu dans la capitale de la 8e région du Mali. «Je ne décide personnellement de rien», leur aurait-il signifié pendant le bref entretien au cours duquel il ne s’est même pas trompé pour prononcer le mot «Mali».

À entendre cependant la traduction de ses propos sur les antennes de l’Ortm, on a plutôt l’impression que le sésame de la paix est déjà décroché et que les notabilités se trouvent dans les meilleures dispositions pour abandonner leurs prétentions.

C’est probablement pour tronquer et manipuler l’information sur un éventuel échec d’aboutir que la composition initiale de la délégation a été considérablement réduite. Elle devait comprendre par exemple Bajan Ag Hamatou, député élu à Menaka, qui n’a plus figuré sur la liste pour des raisons qu’on ignore.

En tout cas, pendant que les autorités traînent les pieds dans le recours aux émissaires intéressés -qui exploitent la situation comme un créneau porteur- les principaux mouvements séparatistes se renforcent en ratissant jusque dans les rangs des communautés jadis hostiles à la partition du pays. Leur projet gagne peu à peu l’assentiment de pans entiers parmi les sonrai de la diaspora, dont la voix pourrait être déterminante dans le destin du Nord-Mali

A.   K.

SOURCE: Le Témoin