La classe politique malienne se trouve dans un tournant décisif de son existence en ce début de cinquième législature de la république du Mali. Les élections générales ont mis à nu le ras-le-bol des électeurs vis-à-vis des partis politiques qui ont occupé le peloton de tête de la classe politiques depuis l’avènement de la démocratie. C’est dans ce contexte que le PASJ et l’URD se sont fait terrasser par le RPM qui constituait jusque-là la troisième force politique.
L’Adema-PASJ et l’URD sont désormais contraints de s’allier pour former l’opposition parlementaire, n’en déplaise aux bonnes volontés qui voudraient qu’ils épaulent le président IBK à gérer le pays. Les jeux sont désormais clairs après la proclamation de la liste définitive des députés élus à l’issue des élections législatives du 24 novembre et 15 décembre 2013.
En effet, avec 66 députés, le parti du tisserand a désormais le dos large et ne craint aucunement un quelconque blocage de ses projets de loi. Car le RPM dispose déjà des alliés naturels notamment l’ADP-Maliba (2 députés), l’ASMA-CFD (3 députés), l’UM-RDA (2 députés), le parti Sadi (5 députés), entre autres, ce qui porte l’effectif à plus de la majorité absolue (fixée à 74 députés). C’est dire que nous assistons désormais à l’installation d’une assemblée monocolore qui ne dit pas son nom. L’opposition se contentera d’être une simple formalité, ne pouvant rien empêcher ni décider. Comme le dit un adage Bamanan : « IBK est désormais dans le champ de gombo de sa grand-mère ».
Il faut rappeler que c’est la première fois qu’un parti politique coiffe l’Adema et alliés à l’assemblée nationale de 1992 à nos jours.
Le changement en marche ?
La mise en place du bureau de la nouvelle assemblée nationale augure déjà d’une atmosphère de changement. Primo : les éternels membres du bureau ne le seront plus. Car certains partis étaient toujours assurés d’avoir leurs postes au bureau de l’assemblée nationale. Secundo : la présidence sera une cuisine interne du parti du tisserand.
Par ailleurs, on constate un nombre important de jeunes parmi les nouveaux élus nationaux que l’assemblée précédente. De même, il y figure beaucoup de députés ‘’bleus’’, c’est-à-dire qui sont à leur première fois à l’hémicycle. Cela dit, quel sera le rôle de la société civile dans les grandes décisions de la Nation ? L’opposition va-t-elle pouvoir se frayer un chemin dans cette ‘’mare aux caïmans’’ ? Car, semble-t-il que les nouveaux maîtres des lieux sont animés d’un esprit quelque peu revanchard.
Dado Camara