Pour gêner IBK, la France est entrain de discuter avec ATT. Pourtant ses services ont toutes les informations sur ses activités criminelles passées. C’est la realpolitik.
C’est aussi valable pour tout pays confronté à une situation de crise sécuritaire entre son Etat souverain et une rébellion armée. C’est même plus grave dans le cas de l’Etat du Mali que vous dirigez aujourd’hui, qui a connu dans la même période, trois évènements d’une extrême gravité du point de vue du droit international; à savoir, une rébellion armée avec le MNLA, un coup d’Etat militaire dirigé par la junte de Kati contre les institutions de la République, une OCCUPATION des 2/3 du territoire par des narcotrafiquants alliés à des terroristes et des pseudo-jihadistes illuminés, d’un autre âge. Vous ne pouvez pas ignorer cette situation qui a prévalu dans un passé récent et qui a valu au Mali d’être dirigé par des institutions de Transition sous la conduite du Président Dioncounda dont le caractère modéré et conciliant a facilité l’accompagnement diligent de la communauté internationale jusqu’à l’organisation des élections présidentielle et législatives.
Si vous êtes là aujourd’hui, c’est en partie parce qu’en un instant T de l’histoire de notre pays, il y a eu tout cela.
Il faut se rendre compte que, tout au long de la période de Transition, la mission civile de l’ONU, la MINUSMA, s’est interrogée sur un certain nombre de questions d’ordre stratégique dans le sens de la réunion fonctionnelle de conditions opérationnelles de la paix et de la sécurité au Mali. Le développement est relayé au second plan, quoi qu’on en dise, en attente de la réalisation de certains préalables qui ont pour nom: le dialogue politique pour aboutir à une large autonomie de la région de Kidal et le jugement de toutes les personnes mises en cause dans les exactions perpétrées pendant la crise.
La communauté internationale (la MINUSMA et SERVAL) ne fait plus confiance depuis deux ans à l’Etat du Mali (pas à IBK, pas à son gouvernement) dont la faillite officiellement actée est la cause principale de la crise au nord du Mali. Du point de vue de l’institution onusienne, représentée par la MINUSMA, les autorités étatiques maliennes furent au cœur d’un trafic de drogue à grande échelle, qui a fini par corrompre toute l’administration et les différentes institutions (la police, l’armée, les tribunaux) qui la composent, aussi bien au niveau central que local. Dans les institutions internationales, la religion est donc faite depuis la Transition, que le Mali n’inspire plus confiance et qu’aucun Président de la République, fut-il IBK, élu avec plus de 77% des suffrages exprimés, n’a les capacités politiques et administratives de gérer ce pays, dans la configuration actuelle de sa géographie et de sa sociologie.
– Convoquer tout de suite des pourparlers avec le MNLA
– Former un nouveau gouvernement de crise pour les conduire
Toute démarche, posture ou décision de la part des autorités maliennes, qui n’intègre pas ces paramètres fondamentaux, sera, sinon suicidaire, du moins contreproductive et inutile pour le Mali. D’où l’urgente nécessité pour la présidence de la République et le gouvernement d’une part, pour l’Assemblée Nationale et la Justice d’autre part, de se doter de ressources humaines compétentes et préparées à la gestion de la nouvelle géopolitique qui caractérise aujourd’hui le Mali.
Le prochain gouvernement qui sera mis sur pied par le Président IBK et son nouveau Premier Ministre, devra être d’un nombre limité (15 au maximum) et tenir compte des critères d’efficacité et de compétence. Pour cela, il serait judicieux de regrouper
1/ les Mines, l’Energie, le Numérique et l’Environnement;
2/ la Santé, l’Hygiène et Actions sociales;
3/ l’Emploi, la Jeunesse, les Sports et le Volontariat;
4/ la Culture, l’Education et la Recherche;
5/ l’Artisanat, le Commerce et l’Industrie;
6/l’Assainissement, l’Habitat et l’Hydraulique;
7/ l’Administration territoriale, le Développement rural et le Foncier;
8/la Justice, le Dialogue politique et social et Relations avec les institutions;
9/ Economie, Finances, Plan et Prospective;
10/ Forces de Défense, de Sécurité et des Anciens combattants
11 AFFAIRE ETRANGERE COOPERATION INTERNATIONALE
C’est cela aussi le leadership que doit incarner le Chef de l’Etat, à savoir, sa capacité à intégrer toutes les données géopolitiques, positives comme négatives, qu’il devra manipuler dans les environnements malien, africain et international.
Tout propos devient du coup important, tout déplacement doit être bien étudié des points de vue de ses motivations, de ses implications; bref de son opportunité et de son utilité. La banalité n’existe plus, l’amateurisme doit être banni à jamais et à tous les niveaux des chaînes d’administration (dans le sens anglo-saxon du terme). Il faut des professionnels qui ne doivent leur choix qu’à leurs compétences professionnelles et à leurs qualités morales, pour bien gérer la situation actuelle du Mali et espérer l’améliorer substantiellement jusqu’à la normalité. Ainsi le Chef de l’Etat bénéficiera de la sécurité de conseils inspirés et avisés qui lui feront rompre avec la démarche solitaire et spontanée qui le caractérise et qui est porteuse de vrais risques.
Ou bien tous ces enjeux échappent à l’Etat qui risque de s’emmêler les pinceaux à travers des décisions naïves mais gênantes pour les « partenaires occidentaux du Mali ». Une situation qui, à terme, risque d’emporter l’Etat malien et ses dirigeants et installer durablement le pays dans une crise qui coûtera très cher aux populations civiles. Je n’ose pas croire qu’il puisse en être ainsi, mais il est nécessaire de laver les écuries d’Augias à grande eau pour mettre un frein aux infiltrations, aux fuites et aux lourdeurs bloquantes.
Le CHERIF
SOURCE: L’Enquêteur