Certes, Cristiano Ronaldo ne joue plus à son poste de prédilection au Real Madrid. Oui, le buteur portugais n’a plus la latitude nécessaire pour s’exprimer à gauche sous Benitez, étant désormais trop proche de la surface adverse. Il est clair qu’il ne bénéficie plus de la créativité de la BBC depuis qu’elle a été chamboulée. Mais le joueur lusitanien a aussi une responsabilité dans sa baisse de performance actuelle.
Le show et le froid
On louange souvent, certainement à raison, les capacités d’adaptation du natif de Madère. Un joueur qui a réussi dans la très exigeante Premier League et dans la plus technique Liga, capable d’évoluer sur un flanc comme sur un front et même sur une jambe. Mais force est d’admettre que “CR7” n’est plus aussi studieux et résolu qu’il a pu l’être par le passé au Real. Un passé au cours duquel il avait pu exprimer la plénitude de son talent sous la férule d’un coach qu’il appréciait. Il est notoire que la relation du Portugais avec le fin psychologue Carlo Ancelotti était très bonne, quasiment amicale. Passer de l’Italien à un Benitez surtout désireux de placer Bale dans de meilleures conditions a été dur à encaisser, Ronaldo ne se trouvant plus au centre du projet de jeu merengue pour la première fois depuis son arrivée.
Ronaldo a toujours toléré le Gallois Bale, mais il n’a jamais réellement apprécié sa venue, lui qui l’a fait chuter du piédestal doré de joueur le plus cher du monde. Et surtout Ronaldo ne se sent pas aussi protégé que l’ancien Spur. Le limogeage d’Ancelotti alors qu’il avait l’aval du vestiaire avait également été mal perçu par le Portugais. Lequel avait affirmé qu’il pouvait retravailler avec Mourinho pile au moment où des rumeurs émanant d’outre-Manche envoyaient l’ancien coach duReal au PSG.
Quand CR7 se tire une Bale dans le pied
Ses déclarations à la presse allemande sur un départ “possible” sur lesquelles Florentino Pérez l’a tancé en public, ses mots à l’oreille de Laurent Blanc après le match face au PSG… Ronaldo gère sa carrière comme il gère ses duels face aux défenseurs de Liga : tout en provocation. Et comme sur le pré, il lui arrive parfois d’oublier l’essentiel une fois plongé dans ses arabesques : le ballon.
Concentré sur son film, sur son jet privé et sur “l’après” (pour un joueur qui auparavant clamait à l’envi son désir de finir sa carrière à Madrid), Ronaldo semble aujourd’hui mettre le “je” avant le jeu. Nier qu’une telle attitude n’a aucun impact sur le vestiaire et donc sur les performances du club en général serait très candide. Oui, un bon Benzema, pourvoyeur de ballons et d’espaces, manque à Ronaldo. De même que les courses, appels et centres de Bale faisaient énormément de bien au ratio (et à l’égo) du Lusitanien dans l’ancienne formule de la BBC.
L’équilibre branlant et le manque de repères de la Team Benitez gêne Ronaldo, de même que l’approche pusillanime de Rafa ne sied certainement pas à sa conception du football. Mais CR7 est censé être un phénomène, capable de s’acclimater à n’importe quel schéma et qui a montré tout au long de sa carrière qu’il pouvait vaincre toutes les difficultés. La vraie force de CR7, ce ne sont pas ses muscles d’acier, mais sa volonté de fer. Une volonté qu’il semble avoir remisé en cédant à la facilité. De fait, CR7 n’a inscrit “que” 8 buts en Liga depuis l’entame, là où il en avait 20 la saison dernière à la même période. Ronaldo n’a cette saison pas réussi à marquer dans 8 des 12 matchs de Liga qu’il a disputés avant sa réalisation contre Eibar samedi sur un pénalty discutable.
Ronaldo a-t-il définitivement la tête ailleurs ? A-t-il déjà condamné le Real pour crime de lèse-majesté à son encontre ? La légende veut qu’une clause existait dans le contrat de David Beckham lors de son transfert au Real en 2003 qui lui offrait une place de titulaire par décret. Ronaldo espère peut-être pouvoir négocier de telles modalités à Manchester ou au PSG ? La vérité, c’est que Beckham avait été mis sur le banc pratiquement tout le début de saison en 2007 par un Capello qui reprochait à l’Anglais de “manquer de motivation”. À son retour des limbes, le Real avait signé 12 succès de rang pour arracher le titre au Barça dans un final épique, pour le seul titre du joueur anglais au Real. Ronaldo devrait s’en inspirer, il n’est pas trop tard pour redevenir le meilleur joueur du monde.
Source: Yahoo
