La simple correction d’erreurs sur une carte Nina reste compliquée et un véritable parcours du combattant pour de nombreux Maliens, même ceux établis à l’étranger.
Le recensement administratif à vocation d’état civil (Ravec) a été initié en 2009 en vue d’enregistrer les Maliens, y compris ceux établis à l’étranger, et constituer une base de données biométriques en attribuant à chacun un numéro d’identification nationale (Nina).
Malheureusement, ce recensement semble avoir causé plus de tort à nombre de Maliens que de bienfaits. Des erreurs, répétées souvent sur une même carte, ont parsemé les renseignements Nina : sur les noms et/ou prénoms, date et lieu de naissance, profession, noms et prénoms des ascendants, etc.
Pourtant, il n’était demandé autre travail aux agents recenseurs que d’inscrire dans un système informatisé les renseignements posés sous leurs yeux, figurant sur les actes d’état civil fournis par les citoyens.
Racket et corruption
Comme on pouvait s’y attendre, certains agents de l’administration publique font de cette situation leurs choux gras. L’on se demande d’ailleurs si les problèmes ne sont pas créés à dessein pour favoriser la corruption.
Il fallait faire un tour un moment dans le Centre principal Ravec de Korofina, en commune I du district de Bamako, pour se rendre compte de tout le business qui s’y est installé. Là-bas, le système des « à-côté » a fait son temps. Pour résoudre une erreur sur sa carte Nina, il fallait « prendre à côté » un agent ou un travailleur établi aux alentours du service (commerçant, restaurateur…) qui pouvait, à son tour, mettre en contact avec un agent pour obtenir une solution « rapide ».
Avec la décentralisation des pôles de délivrance et l’avènement du système de délivrance des fiches descriptives individuelles en lieu et place des cartes Nina, le racket est devenu moins visible comme avant, quand bien même il continue toujours de plus belle à certains niveaux.
Impossible de se faire établir un passeport sans les informations Nina. Lorsqu’elles comportent des erreurs, il faudra glisser un pot-de- vin entre les mains d’un agent, quelque part, pour qu’il feigne de ne pas voir et qu’il établisse un passeport en bonne et due forme, selon de nombreux témoignages.
Calvaire insupportable
Mohamed S., une des nombreuses victimes, nous raconte son cas : « Sur ma carte, au lieu de Mohamed, l’agent recenseur a mis Mamadi et pour mon père Kalifa, il a mis Mohamed en lieu et place, témoigne-t-il d’un air triste. J’ai rempli trois fois, à des intervalles de temps séparées, la fiche de réclamation délivrée pour corriger ces erreurs, sans succès. »
Il a dû passer par la voie « obligée » pour obtenir la correction de ces erreurs portées sur sa carte lorsqu’il obtenir un passeport : « En moins d’une semaine, un agent a corrigé ces erreurs sur ma carte, contre dessous- de-table », ajoute-t-il.
Tout comme l’auteur de ces lignes, Mohamed ainsi que des milliers d’autres Maliens, notamment ceux à l’étranger, ont dû en souffrir et en souffrent toujours.
Quand on parle des conséquences de la destruction de l’école malienne, c’est à de telles situations qu’il faut s’attendre aujourd’hui et à l’avenir. Lorsqu’on ne sait pas, en tant qu’agent au service de l’État, rapporter correctement les informations présentées sous ses yeux, c’est le comble du rabais de niveau dans nos écoles.
Encore plus qu’il était demandé à des personnes, sans niveau pour ce faire, choisis sur la base de critères de proximité relationnelle, familiale ou politique, de saisir ces informations à l’aide de l’outil informatique.
Source : Benbere