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Fonction publique : et si la solution, c’était d’intégrer sans concours les diplômés de l’École normale supérieure ?

Alors que le besoin d’enseignants se fait cruellement sentir, ceux formés par l’École normale supérieure pour l’enseignement secondaire général continuent à être livrés à la merci des établissements d’enseignement privés. Pour Rokia Doumbia, l’État qui a eu les moyens de former ces enseignants doit pouvoir les recruter sans concours.

 

Pourquoi les sortants de l’École normale supérieure (ENSup) ne sont pas recrutés, sans concours, dans la fonction publique, comme c’est le cas dans certains pays de la sous-région ? Une question qui mérite d’être posée quand on sait que, chaque année, au moins une centaine d’élèves-professeurs sortent de cette grande école à laquelle l’accès est conditionné à un concours.

Les diplômés de l’Ensup sont convoités par les établissements d’enseignement secondaire général privés, qui les exploitent en les payant sur la base de taux honoraires misérables. Pourtant, le besoin en enseignants est toujours criard au Mali, où des lycées publics en manquent cruellement dans de nombreuses localités.

Formés pour le privé

Le gouvernement du Mali, à la suite du Conseil des ministres du mercredi 13 juillet dernier, a annoncé le lancement très prochain du concours d’entrée à la fonction publique des Collectivités territoriales au titre de l’exercice budgétaire 2022. Ainsi, il est prévu le recrutement de 500 enseignants pour combler « le besoin des enseignants au sein des Collectivités territoriales compte tenu du nombre important d’écoles sur le territoire national ».

Depuis 2019, il n’y a pas eu de concours d’entrée à la fonction publique des collectivités territoriales. Et en 2022, le nombre d’enseignants à recruter est de 100 pour l’enseignement secondaire : l’enseignement secondaire général, secondaire technique et professionnel mis ensemble.

Après un concours d’entrée à l’établissement de formation, il faut un autre pour les sortants de l’ENSup pour intégrer la fonction publique (exclusivement des collectivités territoriales). Une fois le diplôme en poche, la plupart de ces élèves-professeurs « se cherchent » des lycées privés. Certains préfèrent se tourner vers les Organisations non gouvernementales (ONG) où ils sont si rares à être recrutés. Pourtant, la vocation première de l’ENSup est la formation des enseignants du secondaire général.

« Depuis deux ou trois ans, le concours n’a pas été ouvert. Entre-temps plus de 200 à 300 élèves-professeurs sont déjà sur le marché de l’emploi ou disons au chômage, s’attriste Seydou Coulibaly. Et depuis notre sortie en 2020, le concours n’avait pas été lancé si ce n’est cette année où c’est prévu. Pour pouvoir m’en sortir, je suis obligé de cumuler des heures dans plusieurs lycées en même temps ».

« L’État n’a pas les moyens »

Les élèves-professeurs ne se résignent pas du tout. Depuis quelques années, chaque comité de l’Association des élevés et étudiants du Mali (Aeem) au sein de l’ENSup a fait de ce problème son cheval de bataille.

En 2021, des élèves-professeurs sont allés à la rencontre de M. Mohamed Salia Touré, à l’époque ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, pour lui soumettre leur doléance, à savoir l’intégration sans concours des sortants de l’ENSup dans la fonction publique des collectivités. M. Touré a expliqué que certains obstacles doivent être levés : « Le premier pas, a-t-il détaillé, consistera à assurer une coordination effective entre les ministères de la Fonction publique, de l’Économie et de l’Administration territoriale qui interviennent tous, de façon séparée, sur la question. Ensuitel’Assemblée nationale devra voter la loi concernant l’intégration soit sur la base d’une proposition de loi qu’elle aura à initier ou sur la base d’un projet de loi qui sera porté par le gouvernement. »

« L’État n’a pas les moyens » est l’argument évoqué par nos dirigeants pour ne pas opérer une intégration sans concours de certaines catégories dans la fonction publique. Si tel est le cas, pourquoi ne pas alors agir avec la politique de nos moyens en réduisant le quota à l’entrée pour pouvoir intégrer tous les diplômés dans la fonction publique à l’issue de leur formation. Intégrer sans concours les sortants de l’ENSup à la fonction publique n’est pas une faveur mais un droit et un devoir de la part de l’État.

Source : Benbere

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