Un réseau de renseignement efficace, c’est le passage obligé pour lutter efficacement contre le terrorisme. Malheureusement, les structures en charge du renseignement au Mali manquent d’être à la hauteur. Une situation décriée par tous les partenaires engagés dans la croisade contre les narco djihadistes et qui pousse l’Etat malien à réorganiser le réseau du renseignement.

Les derniers événements sanglants qui ont endeuillé la France, la Belgique, la Syrie, prouvent à suffisance l’importance des renseignements qui constituent le meilleur outil de prévention des attaques terroristes. En effet, jusqu’à présent en France, on se demande comment les terroristes ont pu agir avec une si grande liberté d’action au point de prendre autant de vie au bataclan et dans des bars-restaurants très fréquentés de la capitale française. De toute façon, ce jour-là, les renseignements n’ont rien donné et la France qui ne se doutait donc de rien a été frappée si douloureusement.

On se demande aussi comment, en Belgique, Salah Abdel Salam et consorts ont pu d’abord préparer dans le plus grand secret leur sale besogne et ensuite se fondre parmi la population aussi longtemps. Même si on s’est vanté de les avoir appréhendés après des renseignements, cela n’a pas été une performance. Les renseignements, on en a beaucoup plus besoin pour la prévention. C’est dire qu’en Belgique aussi, quelque chose n’a pas fonctionné, en termes de renseignements.

Nous sommes souvent alertés par les Etats-Unis ou la France

A côté de ce genre de renseignements fournis par les « RG » et qui sont actuellement produits au Mali par la Direction de la Sécurité d’Etat, il y a le renseignement militaire (military intelligence en anglais ; abrégé MI int. dans le Commonwealth, ou Intel. aux États-Unis). C’est une discipline militaire qui se concentre sur le recueil, l’analyse et la diffusion d’informations, sur l’activité adverse, ses moyens, ses méthodes, le terrain, et tout domaine pouvant présenter un intérêt militaire. Les activités de renseignement sont conduites à tous les niveaux, tactiques, opératifs et stratégiques, en temps de paix comme dans un conflit.

Mais pourquoi, s’agissant des attentats de La terrasse, de l’hôtel Byblos de Sévaré et de l’hôtel Radisson Blu, pour ne citer que ceux-là, on n’a rien vu venir ? Pourquoi aussi, après ces attentats on ne parvient pas à bien localiser leurs auteurs et les arrêter ? Pourquoi les éléments d’Amadoun Kouffa et Iyad Ag Ghali se déplacent-ils facilement pour perpétrer des opérations commandos ? Ces questions, en elles-mêmes, posent la problématique du renforcement des capacités des services de renseignement du Mali et de leur restructuration aux fins d’une meilleure opérationnalité.

Nous sommes souvent alertés par les Etats-Unis ou la France à travers les forces Barkhane. En contrepartie, la faiblesse de nos services de renseignement est décriée en termes de moyens, de ressources et d’organisation (des sources variées, éparses et cloisonnées). Ce qui amène, naturellement, le manque d’efficacité.

C’est pourquoi, sur la base des conseils de la Minusma et de l’Eutm qui a formé beaucoup de cadres de renseignement en peu de temps, il est nécessaire de procéder à une restructuration du Renseignement au Mali. D’où la création très prochaine d’une cellule chargée de coordonner cette activité. D’ores et déjà, le nom de Soumeylou Boubèye Maïga circule comme le prochain patron de cette structure. Lui qui a du talent et de l’expertise à faire valoir dans ce domaine. Mieux que quiconque au Mali. Mais attendons de voir ce qu’en dira « La famille d’abord » avec laquelle, du reste ; il s’entend bien.

A.D.

Source: sphynx