Chaque trimestre, le secrétaire général des Nations unies présente un rapport sur la situation du Mali devant le Conseil de sécurité de l’organisation mondiale. Le dernier en date qui vient d’être rendu public, fait le tour d’horizon de la situation politique et militaire de notre pays qui bénéficie de l’appui logistique et militaire de l’ONU depuis 2013. Le document de 22 pages évoque l’état d’avancement de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
Au cours des trois derniers mois, le rapport indique que des progrès ont été accomplis concernant les critères de suivi de la mise en œuvre de l’Accord définis par le gouvernement et la MINUSMA, notamment en ce qui concerne les questions de défense et de sécurité, des questions politiques et institutionnelles, ainsi que des mesures ayant trait à l’humanitaire et au développement.
En effet, des lois portant création des Collectivités territoriales dans les Régions de Ménaka et de Taoudénit ont été adoptées. Des fonds supplémentaires ont été obtenus pour le Fonds d’affectation spéciale des Nations unies pour la paix et la sécurité au Mali et une stratégie nationale sur la réforme du secteur de la sécurité est en cours d’élaboration.
Pendant la période considérée, a déploré le secrétaire général des Nations unies, les conditions de sécurité se sont dégradées et les attaques dirigées contre la MINUSMA et l’Armée malienne se sont intensifiées. Selon le rapport, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans a continué d’accroître sa capacité opérationnelle et d’étendre la zone dans laquelle il intervient, en particulier dans les régions de Mopti et de Ségou. «On a ainsi observé une augmentation des attaques meurtrières entre 2016 et 2017. En effet, tandis que le nombre d’attaques à l’engin explosif improvisé est resté relativement stable, avec 130 attaques recensées en 2017 contre 139 en 2016, le nombre de victimes a augmenté de manière considérable, avec 141 morts et 309 blessés en 2017, contre 70 morts et 184 blessés en 2016», analyse l’auteur du rapport.
L’ONU s’inquiète à nouveau de la dégradation de la sécurité dans les zones septentrionales. En effet, selon le document, les conditions de sécurité restent extrêmement préoccupantes dans le Nord et le Centre du Mali, notamment dans les Régions de Mopti et de Ségou. Un deuil national a été décreté à la suite d’une série d’attaques ayant fait des dizaines de morts dans les Régions de Ségou, Tombouctou et Ménaka entre les 25 et 28 janvier.
La première d’entre elles a visé un camp des forces armées maliennes près de Diabali (Région de Ségou). Les attaques menées dans la zone de Nampala-Diabali ont entamé le moral de l’Armée malienne, donné lieu à des manifestations des familles de soldats qui protestaient contre leur redéploiement dans le camp, et entraîné la désertion de 36 gendarmes qui ont été arrêtés le 17 janvier. La capacité du gouvernement de protéger la population et les forces armées dans la zone s’en est trouvée remise en question, estime le secrétaire général de l’ONU.
Au cours de la période considérée, le rapport précise que les groupes terroristes ont mené 63 attaques, à savoir 37 contre les FAMAs, 20 contre la MINUSMA, 5 contre un groupe armé signataire et 3 contre l’opération Barkhane. Les attaques ont été plus nombreuses dans les Régions de Mopti (24), Kidal (16), Gao (8), Tombouctou (5), Ségou (4), Ménaka (3) et Koulikoro (3). Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans a été très actif dans les Régions de Gao, de Kidal et de Ménaka et a revendiqué la plupart des attaques survenues durant la période considérée. Le nombre de victimes a diminué : 4 soldats de la paix ont été tués et 12 blessés, auxquels il faut ajouter 1 mort (et aucun blessé) parmi les sous-traitants de la MINUSMA, alors que pendant la période précédente, on avait recensé 11 morts et 44 blessés dans les rangs du personnel de maintien de la paix. Les forces de l’opération Barkhane ont enregistré 2 morts et 4 blessés, contre 3 blessés pendant la période précédente.
Par ailleurs, le rapport indique que les Forces de défense et de sécurité maliennes ont été les plus gravement touchées par les attaques: 45 soldats ont été tués et 80 blessés, contre 23 tués et 8 blessés pour la période précédente. Les attaques contre les FAMAs ont été les plus nombreuses dans les Régions de Mopti (17), puis Gao (5), Ségou (4), Tombouctou (3), Koulikoro (2) et Ménaka (2).
Le plus souvent, les assaillants ont eu recours à des armes de petit calibre, mais aussi à des engins explosifs improvisés ou à des mines, ou encore à des armes de petit calibre et à des engins explosifs en même temps (attaques complexes). Les attentats terroristes ont fait 20 morts et 12 blessés parmi les groupes armés signataires, alors que pendant la période précédente, il y avait eu 2 tués et aucun blessé dans leurs rangs.
Synthèse
Ahmadou CISSÉ
Source: Essor