2018 L’Organiation mondiale e la Santé ‘Oms) vient de rendre public le rapport 2018 sur la sécurité routière dans le monde. L’étude, qui concerne l’année 2016, affirme que le nombre de décès dus à des accidents de la circulation ne cesse d’augmenter, atteignant 1,35 million en 2016, tandis que les taux de décès par rapport à la taille de la population mondiale se sont stabilisés ces dernières années. Les progrès réalisés par plusieurs pays pour stabiliser le risque mondial de mourir dans un accident de la circulation n’ont pas été assez rapides pour compenser la hausse de la population et la motorisation rapide des transports qui ont eu lieu dans de nombreuses régions du monde. Nous avons tenté, en faisant la synthèse de ce rapport, de situer le Mali par rapport à certains points soulevés par ledit rapport.
Selon ce rapport de l’Oms, publié grâce au soutien financier de Bloomberg Philanthropies, au rythme où vont les choses, la cible des ODD de réduire de moitié les décès dus à des accidents de la circulation d’ici à 2020 ne sera pas atteinte. Cette étude des principaux facteurs de risque montre néanmoins que des progrès sont réalisés pour renforcer les principales lois sur la sécurité routière, faire en sorte que les infrastructures soient sûres, adopter des normes de véhicules et améliorer l’accès aux soins après un accident. La poursuite des progrès dépendra de la résolution des difficultés importantes qui persistent.
Selon ledit rapport, les progrès en matière de réduction du nombre de décès dus à des accidents de la circulation ont également été plus nombreux dans les pays à revenu intermédiaire ou élevé que dans les pays à revenu faible. Les différences de taux de mortalité observées entre les régions et les pays correspondent également aux différences dans les types d’usagers de la route les plus touchés. Les usagers de la route vulnérables – piétons, cyclistes et motocyclistes – représentent plus de la moitié des décès dans le monde.
Lien étroit entre le risque de décès dû à un accident de la circulation et le niveau de revenu des pays
Les piétons et les cyclistes représentent 26 % de tous les décès, les utilisateurs de deux ou trois roues motorisés 28 %, les occupants du véhicule 29 % et les 17 % restants concernent des usagers de la route non identifiée. Si plusieurs pays ont pu réduire le nombre de décès dus à des accidents de la circulation ces dernières années, les progrès varient considérablement selon les régions et les pays dans le monde. Un lien étroit persiste entre le risque de décès dû à un accident de la circulation et le niveau de revenu des pays. Avec un taux moyen de 27,5 décès pour 100 000 habitants, le risque de décès dû à un accident de la circulation est trois fois plus élevé dans les pays à revenu faible que dans les pays à revenu élevé où ce taux est de 8,3 décès pour 100 000 habitants. En outre, la charge des décès dus à des accidents de la circulation est disproportionnellement élevée dans les pays à revenu faible ou intermédiaire par rapport à la taille de leur population et au nombre de véhicules à moteur en circulation.
Huitième cause de décès dans le monde
Les traumatismes dus à des accidents de la circulation sont la huitième cause de décès pour tous les groupes d’âge, faisant désormais plus de victimes que le VIH/sida, la tuberculose ou les maladies diarrhéiques. Ces traumatismes sont actuellement la principale cause de décès chez les enfants et les jeunes adultes de 5 à 29 ans, mettant en évidence la nécessité de modifier le programme actuel pour la santé de l’enfant et de l’adolescent qui, jusqu’ici, a largement négligé la sécurité routière.
La problématique de la vitesse
Les résultats montrent que seuls 46 pays disposent de lois conformes aux meilleures pratiques pour la vitesse. La vitesse à laquelle roule un véhicule ayant une incidence directe sur le risque d’accident et la gravité des traumatismes, ainsi que sur la probabilité de décès des suites de l’accident, une gestion efficace de la vitesse est indispensable à la plupart des mesures de sécurité routière. L’établissement de limitations de vitesse au niveau national est une étape importante. Les vitesses maximales autorisées dans les agglomérations doivent être inférieures ou égales à 50 km/h, conformément aux meilleures pratiques.
Selon le rapport, le Mali figure parmi les pays qui respectent « la vitesse limitée dans les agglomérations du pays à ≤ 50 km/h », mais précise le rapport, cela « peut être modifié ».
Conduite en état d’ivresse
Selon les estimations, disent les auteurs de ce rapport de l’Oms, 5% à 35 % de tous les décès sur la route sont liés à l’alcool. Si la limitation du taux d’alcool dans le sang prévu dans la législation doit être au cœur de tous les efforts de lutte contre l’alcool au volant, une approche intégrée consiste à associer sensibilisation et contrôle de police visible. Les meilleures pratiques pour les lois relatives à la conduite en état d’ivresse consistent notamment à fixer le seuil d’alcoolémie à 0,05 g/dl pour la population générale et à 0,02 g/dl pour les conducteurs jeunes et inexpérimentés.
Nous sommes alors heureux de constater que le Mali est classé parmi les pays respectant ces normes. Mais entre la théorie et la pratique…car les forces de sécurité chargées de veiller à l’application des lois sur la circulation ne disposent pas d’outils leur permettant de procéder aux contrôles nécessaires.
Accroître l’utilisation des dispositifs de retenue pour enfants
Cette étude a révélé que 84 pays disposaient d’une législation nationale relative aux dispositifs de retenue pour enfants. Parmi eux, 33 pays, représentant 9 % de la population mondiale, répondent aux critères de meilleures pratiques pour ces dispositifs. Le Mali figure dans les pays classés comme suit : « Enfants de moins de 4 ans insuffisamment couverts ou pas de législation ou législation non fondée sur l’âge/la taille ou restrictions sur l’installation à l’avant uniquement ».
Lien étroit entre l’infrastructure routière et les traumatismes graves et mortels dans les accidents de la circulation
Il existe un lien étroit entre l’infrastructure routière et les traumatismes graves et mortels dans les accidents de la circulation. Les recherches ont révélé que l’amélioration de cette infrastructure, en particulier des normes de conception tenant compte de la sécurité de tous les usagers de la route, était essentielle pour la sécurité des routes. La présente étude révèle que 112 pays disposent de normes de conception nationales pour la gestion de la vitesse.
Le contrôle technique pointé du doigt
La sécurité des véhicules est de plus en plus importante pour la prévention des accidents et il a été démontré qu’elle permettait de réduire considérablement le nombre de décès et de traumatismes graves à la suite d’un accident de la circulation. Le contrôle électronique de stabilité et le système avancé de freinage sont des exemples de normes de sécurité des véhicules qui permettent d’éviter un accident ou d’atténuer la gravité des blessures. Toutefois, malgré ces avantages potentiels, les véhicules neufs et d’occasion ne sont pas tous soumis à l’obligation d’appliquer les normes de sécurité reconnues à l’échelle internationale.
On n’a pas besoin, au Mali, d’attendre un rapport de l’Oms pour décrier le manque de sérieux du contrôle technique, au vu de ces longues queues de carcasses brinquebalantes, véritables cercueils roulants pour le transport de passagers. Ce n’est donc pas étonnant que, selon le rapport, le Mali se trouve classé parmi les pays qui ne respectent 0 ou 1 norme internationale sur les véhicules.
Accroître l’utilisation du casque par les motocyclistes
Le Mali, selon la carte diffusée par le rapport, se trouve épinglé parmi les pays qui doivent faire des efforts à ce niveau. Le rapport de préciser que les blessures à la tête sont la principale cause de décès et de traumatisme majeur pour les usagers de véhicules motorisés à deux ou trois roues. Le port du casque permettant de réduire de 42 % le risque de blessures mortelles et de 69 % le risque de blessures à la tête, il constitue un moyen de plus en plus important de prévenir les décès dus à des accidents de la circulation. Les meilleures pratiques pour les lois sur le port du casque imposent notamment aux conducteurs et passagers de porter un casque et de l’attacher sur toutes les routes et indiquent une norme pour les casques. »
Le port de la ceinture de sécurité
« Pas de législation sur le port de la ceinture ou la législation couvre uniquement le conducteur », ainsi en est-il du Mali, alors que l’obligation du port de la ceinture pour les occupants à l’avant et à l’arrière est un critère essentiel pour les meilleures pratiques, selon le rapport qui précise que, depuis 2014, sept pays ont modifié leur législation relative au port de la ceinture : cinq pays supplémentaires disposent aujourd’hui de lois conformes aux meilleures pratiques tandis que deux pays ont mis en conformité leur législation avec les meilleures pratiques. Le port de la ceinture de sécurité réduit de 45 % à 50 % le risque de décès parmi les conducteurs et les occupants assis à l’avant et de 25 % le risque de décès et de traumatismes graves chez les occupants assis à l’arrière.
A la lecture de ce rapport, nous interpellons les gouvernants, surtout ceux de nos Etats à faible revenu, de considéré cet appel de Michael R. Bloomberg, Fondateur et PDG de Bloomberg Philanthropies et ambassadeur mondial de l’Oms pour les maladies non transmissibles et les traumatismes, cité dans le communiqué de presse de l’Oms annonçant la parution de ce rapport : « Des politiques fermes et l’application stricte de celles-ci, une conception adaptée des routes et de puissantes campagnes de sensibilisation du public peuvent sauver des millions de vies au cours des prochaines décennies.»
Source: Le Sphinx Mali