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Question aux «panafricons»: Ainsi Bazoum n’est pas Nigérien!

A travers cette analyse magistrale Newton Ahmed Barry revient sur le discours du Premier ministre malien à la tribune de l’Onu, canal par lequel Abdoulaye MaÏga a traité le président nigérien d’étranger.

Les nouveaux panafricanistes ont un problème avec la logique. Panafricaniste suppose que chaque Africain est partout chez lui en Afrique. A ́ ́ ’ A? ?

Il y a eu l’ellipse de la culture en argument. Mais dans ce cas, il eut fallu dire « Bazoum n’est pas africain…», parce que l’aspect de la culture qui est convoqué n’est ni exclusivement malien ni exclusivement nigérien. C’est un trait de caractère africain. Et même là, ç’aurait été malséant… Il faut manier ces choses-là avec précaution, même de façon lyrique et surtout pas sur une tribune des Nations Unies. En ces moments sombres de l’ethnicisme en Afrique, il faut magnifier le peuple nigérien du choix qu’il a fait. Ce que dit en creux, le premier ministre Maiga, c’est qu’un arabe malien ne serait pas «assez malien» pour être président au Mali.

Ce faisant, il détricote, sans le réaliser sûrement, tout son argumentaire sur les accusations de ciblage ethnique dans la conduite de la guerre contre le terrorisme au Mali qu’il avait si brillamment construit.

– ’ ?

Oui c’est une posture qui plaît sans doute et qui trouve échos dans nos nombreuses frustrations. Cependant, un autre de nos paradoxes, en même temps on ne semble pas pouvoir faire sans le concours des autres. Nous les invitons même à venir à «nos conditions…».

Une question qui va fâcher «les panafricons»: Est-ce que vraiment la Russie est au Mali aux conditions du Mali? Cette question va faire sursauter. Et pourtant, il n’y a aucun doute que la Russie y est à ses propres conditions. Mais au regard des circonstances, entre autres pour la sécurité de la junte, les conditions russes lui sont acceptables. La France n’y était pas non plus pour les beaux yeux des Maliens. Ce que l’on doit se refuser c’est de devoir choisir ou la France ou la Russie.

Il est donc clair que tant que nous n’aurons pas les moyens de «l’autosuffisance», dans les domaines de nos intérêts vitaux, toute assistance se fera aux conditions du bienfaiteur du moment. On peut bien sûr s’arranger, à la marge, pour préserver autant qu’on peut le minimum de nos intérêts.

Mais il est difficile de dire que ce sera à nos conditions. Les Maliens paient les avions militaires russes aux conditions des Russes, pas aux conditions des Maliens. C’est Lapalisse. Les militaires russes déployés au Mali, le sont aux conditions russes et non pas aux conditions maliennes. Ce serait bon d’ailleurs que nous puissions voir les textes des accords avec la Russie. Curieux que personne ne demande à y jeter un œil

Le panafricanisme n’a pas besoin d’excès pour s’affirmer et s’imposer. Les Chinois sont aujourd’hui un exemple qui montre qu’on peut y arriver sans en vouloir à toute la terre entière. Pourtant la colonisation aussi y a été brutale. Celle des Européens et aussi celle des Japonais. Les Chinois n’ont pas pleuré toutes les larmes de leur corps pour mériter le respect qu’ils imposent aujourd’hui!

En Corée du Nord, les Kim font leur affaire en huis clos. Ils travaillent à se donner les moyens de se faire respecter. Conséquemment ils ne quémandent chez personne.

Pour nous faire respecter, nous n’avons pas besoin de le clamer. Nous avons besoin d’agir de sorte que notre vis à vis n’ait d’autre choix que de nous «devoir» le respect. Si la junte au Mali, au lieu de le proclamer urbi et orbi développe une capacité endogène et éradique le terrorisme, il ne viendra à l’esprit de personne, sauf les Maliens, de donner un quelconque avis sur ce qui est fait. Et honnêtement, cette iterativité consistant à répéter à tout va «l’armée monte en puissance», a quelque chose de gênant. ’́ , — ? Bref!

Poutine a affronté les sécessionnistes tchétchènes et les a écrasés avec ses méthodes. Qui a pipé mot? Parce que justement il n’a pas demandé qu’on vienne l’aider à «ses conditions».

Les «panafricons» doivent donc comprendre que «quand on demande de l’aide, c’est et ce sera toujours aux conditions de celui à qui on demande». C’est une maxime immuable de l’humanité. Il est possible que celui qui donne, au début, ne soit pas condescendant. Comme on dit «tout début, tout beau». Celui qui a vu la France au Mali en 2012, avec un Hollande (François Hollande, ancien président français, NDLR), dont le nom avait même été donné en baptême aux bébés maliens, sait que rien n’est définitivement acquis. Que les peuples peuvent honnir ce qu’ils avaient adoré hier. Le plus important, pour un peuple c’est travailler à s’auto-suffire. Quand on demande, il est impossible de proclamer sa fierté. Celui qui donne peut être magnanime au départ.

Mais à la longue il finit inévitablement par être condescendant. Celui qui demande ne peut pas afficher de fierté. Personne ne respecte un mendiant. On a pour lui de la commisération. Et quand on lui donne, on pense à l’au-delà. Donc on fait un placement. Il n’est pas évident que s’il n’y avait pas cette espérance de recouvrer dans l’au-delà les dons aux mendiants, beaucoup leur auraient donné de l’aumône. Il y a rarement de la générosité pour rien. Les Occidentaux qui nous donnent, ne sont aucunement altruistes. Ils donnent:

– soit pour soulager leur conscience

– soit pour couvrir et garantir la continuation des rapines

– soit pour que nous restions chez nous et ne venions pas les envahir chez eux, etc.

Ceux des Africains qui ont en ce moment des yeux de Chimène pour Poutine devraient regarder comment les Russes traitent les anciennes républiques de l’ex URSS, pour imaginer les relations russo-africaines dans un futur proche.

Je vois les quolibets des «valets russes» qui considèrent plus acceptable d’être valet russe que valet occidental ou français. Anyway!

Maïga a certainement fait un discours qui restera dans les arcanes de l’ONU. Mais SANKARA avait dit une chose à l’OUA qu’il faut considérer. «̂ , ’ ’̂ .»

NAB

Source: wakatsera

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