Au service de l’Etat et investie d’une mission d’utilité publique, la Pharmacie Populaire du Mali, sous l’impulsion d’une nouvelle gouvernance, amorce une croissance inédite. Afin d’échanger avec les professionnels des médias sur le fonctionnement de la société, ses préoccupations de l’heure et ses perspectives dans le sens de l’amélioration de la qualité des services, le Président-directeur général de la PPM, Dr Moussa Sanogo, a animé une conférence de presse dans la grande salle de réunion de sa structure. C’était en présence de l’avocat conseil de l’entreprise, Me Mahamadou Samaké, et des chefs de division.
En organisant cette conférence de presse élargie à ses collaborateurs immédiats, le PDG de la PPM a voulu non seulement lancer un message aux partenaires et clients administratifs de la société sur la problématique de la quantification des besoins pharmaceutiques, rassurer les populations sur la bonne santé de la structure, mais aussi et surtout solliciter l’accompagnement des plus hautes autorités pour le règlement des impayés.
De prime à bord, le patron de la PPM a précisé que l’exercice ne vise pas à faire de la publicité, mais plutôt à informer l’opinion sur le rôle prépondérant et la responsabilité spécifique de la structure dans la mise en œuvre de la politique pharmaceutique du Mali. Selon lui, la PPM est l’outil privilégié de l’Etat en matière de mise en œuvre de cette politique. Pour ce faire, Dr Sanogo a indiqué que la mission de son entreprise a pour fondement juridique un contrat-plan triennal dénommé « contrat-plan Etat/PPM 2017-2019 ». A ses dires, depuis 24 ans, la PPM fonctionne sous ce régime. Il a rappelé que la société est actuellement régie par le contrat plan n°8.
L’importance du contrat-plan à caractère absolument contraignant !
Parlant de l’aspect juridique du contrat-plan conclu entre l’Etat et la PPM, Me Mamadou Samaké a soutenu que c’est une espèce de convention ayant comme objet de créer un lien de droit entre ces deux entités. Selon lui, il s’agit dans la pratique d’un acte écrit destiné à constater l’accord des parties. Comme plan, il dira que c’est un programme, une projection dans le temps à réaliser par étape et suivant des directives.
A ce titre, Me Samaké a noté que le contrat-plan signé entre l’Etat et la PPM, Etablissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) est un acte de prévision. Comme contrat, il a souligné que le contrat-plan est une convention faisant naître des obligations, un contrat-cadre engendrant des obligations de faire. Il a ensuite fait comprendre que ce contrat-plan a une force obligatoire tant entre les parties que vis-à-vis des tiers.
« Une fois le contrat conclu, par sa force obligatoire, il échappe à la fantaisie individuelle et aux caprices du temps », a expliqué Me Mamadou. Aux dires de l’avocat conseil de la PPM, cet acte juridique est obligatoire tant à l’égard des parties signataires que vis-à-vis des tiers qui y sont représentés.
Dans le cas présent, il a déclaré que ces représentés qui bénéficient des effets du contrat-plan par le double biais de la clause d’exclusivité et/ou de préférence, comme institué par l’article 33 dudit contrat-plan, et de la représentation de tutelle, entre autres, au titre de l’approvisionnement en médicaments essentiels, consommables réactifs, dispositifs médicaux et autres produits spécifiques du secteur public y compris les clients administratifs, sont : l’Armée, l’Ecole, les Etablissements Publics Hospitaliers, les Etablissements Publics Administratifs, les Etablissements Publics à Caractère industriel et commercial et l’INPS. Il a souligné que les clauses du contrat-plan ne peuvent être modifiées que de façon consensuelle par l’Etat et la PPM.
Il a également soutenu que dans le cadre du contrat-plan, la PPM a des prérogatives de puissance publique dans le domaine du médicament et du fonctionnent du médicament. C’est pourquoi, il a laissé entendre ceci : « Les gens disent que la PPM va trop loin. Je trouve que la PPM ne va pas assez loin dans ses prérogatives.
J’estime que la PPM devrait descendre dans l’arène des médicaments et lutter contre les pharmacies par terre ».
Le cri de cœur du patron de la PPM !
A la suite de Me Samaké, le PDG de la PPM d’enchainer avec l’aspect technique du contrat-plan. D’où la question de la quantification des besoins pharmaceutiques afin de combler les attentes et satisfaire les besoins en médicaments. A cet effet, Dr Moussa a dit que la société est dans un processus d’approvisionnement qui exige une planification des besoins, pour que les achats correspondent aux attentes. A en croire le PDG, dans ce processus d’approvisionnement, au plus tard le 30 septembre 2018, la PPM devrait disposer de tous les besoins, que ça soit du secteur marchand ou que ça soit de la gratuité. Face à cette situation, Dr Sanogo a affirmé que la PPM a lancé des alertes en adressant des correspondances aux différents services publics à commencer par les structures du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. A ses dires, des correspondances ont été envoyées aux responsables des départements régionaux pour que ceux-ci fassent des démarches auprès des services publics afin soient élaborées les compilations, les validations, et planifier les processus d’achat. Car, dit-il, à partir de janvier 2019, les besoins doivent être planifiés. Selon lui, des missions composées des cadres de la société ont également été envoyées dans les régions pour aller faire des approches de proximité, autrement, faire des porte-à-porte pour sensibiliser et échanger avec ceux qui ont en charge l’approvisionnement des structures en médicaments, afin de collecter leurs données. Pour lui, ceci est fait pour s’y prendre tôt, commander à temps, et avoir le produit à temps pour éviter une situation de rupture. Cependant, le patron de la PPM a reconnu que ceci nécessite un cadre de complémentarité dans une bonne intelligence avec ceux qui doivent utiliser ces médicaments.
Il a par ailleurs fustigé certaines structures publiques qui font des achats en violation des dispositions réglementaires et conventionnelles contenues dans le contrat-plan. A cet effet, il a rappelé que la PPM est la centrale d’achat pour tout le monde. « La PPM est créée par l’Etat pour servir l’Etat. Prioritairement, les structures doivent regarder d’abord du côté de la PPM », a-t-il rappelé. Selon lui, même en cas d’incapacité de fournir le service, c’est à la PPM de délivrer une autorisation de dépannage qui permet à la structure, compte tenu de la situation d’urgence, de commander une certaine quantité de produits en attendant que la PPM puisse être à mesure d’amener la totalité des marchandises. Il a profité de cette occasion pour lancer un appel, celui de dire que le moment est venu de disposer des besoins des structures au niveau de la capitale, mais aussi de l’intérieur du pays. A l’entendre, il y a 2 ans, la PPM ne disposait d’une base de données qui lui permet d’avoir une situation claire par rapport aux besoins du pays et structures en termes de produits de santé.
Au cours de cet exercice au pas de charge, le PDG a affirmé qu’il s’agit pour la PPM de faire preuve d’agressivité commerciale pour éviter de commander à l’aveuglette pour se retrouver avec des produits périssables.
Dr Sanogo a aussi et surtout sollicité l’accompagnement des plus hautes autorités pour le règlement de la situation des impayés de la PPM, lesquels s’élèvent à des milliards. Et le PDG d’ajouter les mandats de la PPM non payés au niveau du Trésor.
En ce qui concerne la question relative à la santé de la société, le Dr Sanogo a déclaré que « la PPM se porte aujourd’hui bien et demain sera meilleur. C’est une entreprise en pleine croissance. Nous n’avons pas un franc de dette que nous devons aux banques».
Il a retenu qu’à la PPM, il n’ ya pas de retard de salaires. Avant de souligner: « les salaires sont toujours faits entre le 15 et le 20 de chaque mois. Les conditions de vie et de travail du personnel ont été nettement améliorées. Plus de 30 véhicules d’approvisionnement sont fonctionnels.
En termes de perspectives, il a insisté sur l’achèvement des grands chantiers en cours, en particulier les entrepôts modernes dans lesquels la PPM a contribué à hauteur de 1,5 milliard de FCFA.
Jean Goïta
La Lettre du Peuple