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Quand UN CONFRERE FORCE L’ADMIRATION

Lorsque le maître entre dans la classe, les élèves n’ont rien d’autre à faire que de regagner la classe. C’est pour dire que lorsque le doyen Saouti Haïdara prend la plume, c’est certes pour laisser couler la vérité, mais dans l’élégance du verbe. Pour s’en convaincre, lisez cet éditorial que nous reproduisons in-extenso.

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 LIGNE DE FORCE : Modibo Kéïta doit se démettre

Par Saouti Haïdara

C’est une double faute politique et morale d’une extrême gravité que le Premier ministre Modibo Kéïta est accusé d’avoir commis en faisant bénéficier sa douce moitié et ses cinq chérubins de logements sociaux.

La faute politique – si le grief à lui porté est confirmé – viendrait de ce que l’acte posé jette un discrédit supplémentaire sur la gouvernance IBK. Laquelle a été mise à très rude épreuve par une avalanche d’affaires : contrats d’équipements militaires, achat de l’avion présidentiel, scandale des «engrais frelatés», acquisition de 1000 tracteurs au profit du monde paysan. Toutes ces affaires ayant pour dénominateur commun la surfacturation érigée en mode d’enrichissement rapide par les personnes en charge du traitement de ces dossiers et leurs commanditaires tapis dans l’ombre.

Venant du Premier ministre en qui le Président IBK a placé sa confiance pour sortir le bateau Mali des eaux tourmentées où l’ont précipité des aventuriers avides d’argent, c’est un coup de Jarnac qui vient de lui être porté. C’est aussi une atteinte gravissime, une insulte intolérable au tour de force politico-diplomatique qu’a constitué la récente conférence internationale tenue au siège de l’OCDE à Paris sur le financement de la relance économique du Mali et du développement de sa partie septentrionale.  Une rencontre sanctionnée par des engagements de près de 2 000 milliards de FCFA sur deux ans au profit de notre pays.

Au plan moral, on n’est pas loin de l’abjection. En effet, Modibo Kéïta fait partie de ceux qu’on peut considérer comme les privilégiés de la société malienne. Il a eu une carrière en or. Par la grâce du Général-Président Moussa Traoré qui, au sortir des années noires de sa dictature, s’évertuait à s’entourer de cadres civils pour s’offrir un nouveau bail au pouvoir, le voici promu ministre pour sept années, d’abord à l’Emploi et à la fonction publique, ensuite au Affaires étrangères et  à la Coopération internationale. Puis viendra le temps des ambassades en Allemagne, en Suisse, en Suède, en Danemark, en Autriche, en Norvège. Pour boucler la boucle, un bref passage à la Primature sous Alpha Oumar Konaré.

C’est dire que cet homme a eu largement les moyens de se construire des maisons dignes de son rang.  Et ceux qui le connaissent bien assurent qu’il en possède beaucoup. Sans compter, disent-ils, les champs de plusieurs hectares, les cheptels bovins, caprins, ovins et j’en passe.

Un tel homme ne peut pas, ne doit se rabaisser à prendre la part des pauvres comme on le dit chez nous. Car les logements sociaux sont d’abord l’affaire des pauvres, des sans-ressources, au mieux des revenus faibles et Modibo Kéïta et sa famille ne sont pas sûrement au nombre de ces gens-là.

Le comble de l’indignation est atteint lorsqu’on sait que traditionnellement, lors de la distribution de ces logements, un quota est réservé au président de la République, à la Première Dame, au Premier ministre, au ministre de l’Habitat et de l’urbanisme. Non pas pour qu’ils en usent pour eux-mêmes et leurs proches, mais pour qu’ils puissent soulager les personnes présentant les cas les plus désespérés.

Modibo Kéïta a-t-il pensé que le quota à lui donné était destiné à lui-même et aux siens ? On ne lui fera pas l’injure de le croire.

En vérité, s’il a pu se rendre coupable d’une telle forfaiture, il y aura été poussé par la seule cupidité, le désir violent et irrépressible d’accumuler la richesse. Toujours et plus.

Dans ce cas, le discrédit dont il se sera couvert tant auprès de nos concitoyens que de la communauté internationale ne l’autoriserait pas à garder son poste de Premier ministre. Il n’aura d’autre choix que de démissionner.

N’étant ni un homme politique de quelque rang que ce soit, ni un leader de la société civile, ni un personnage qui s’est forgé une réputation pour service remarquable rendu à la nation, son retrait sans honneur du devant de la scène ne sera pas une perte pour le Mali.

Bien au contraire. Il permettra à IBK de se trouver une personne dont le parcours public autant que le profil intellectuel et moral sont en adéquation avec les besoins et les exigences du moment.

Source : Koulouba.com

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