Dans le cadre de son volet « litige stratégique », le Projet Justice prévention et réconciliation pour les femmes mineures et autres personnes affectées par la crise (JUPREC) au Mali tient depuis hier un séminaire à l’hôtel Salam. Destiné aux acteurs de la chaine pénale au Mali et initié par Avocats sans frontières Canada, en consortium avec d’autres organisations, ce séminaire de 3 jours va renforcer l’accès à la justice des femmes mineures et autres personnes affectées par la crise en vue d’un respect optimal de leurs droits dans un contexte de restauration de la paix au Mali.
Par ce volet, JUPREC se propose de renforcer la capacité des avocats à représenter les victimes (parties civiles), à établir la preuve des violations graves des droits de l’Homme et à faire avancer les cas emblématiques devant les tribunaux.
Experts et participants issus du corps des magistrats, du Barreau malien, des ONG, du corps académique et des représentant du système des Nations Unie débattront et formuleront des recommandations sur l’application du mécanisme de protection des témoins et victimes.
Durant l’exercice, les participants appartenant à différents maillons de la chaine pénale examineront les solutions possibles avec l’assistance de trois experts : Mohamed Elmoctar, directeur de la Coalition malienne des défenseurs des droits de l’homme, Mme Aisha Kagabo, conseillère juridique principale au sein de l’organe national de poursuite judiciaire du Rwanda et Bertin Bishikwarbo Lukeba, assistant de programme terrain du Fonds au profit des victimes à la CPI. La session traitera de plusieurs thèmes parmi lesquels : le cadre normatif et les enjeux propres à la protection des témoins et victimes au Mali, la place des victimes et témoins dans la procédure pénale, l’expérience de la Cour pénale et le rôle des acteurs de la chaîne pénale.
Dans son mot de bienvenue, le chef de la mission JUPREC-Mali, Gervais L’Heureux a souligné que tout système judiciaire s’appuie sur la participation de témoins pour fournir de l’information afin d’établir les faits, identifier les auteurs présumés et établir leur culpabilité. Des témoins et des victimes peuvent craindre pour leur sécurité physique ou morale, lorsque leur participation à un processus judiciaire n’est pas protégée. C’est, estime-t-il, la cause du piétinement de plusieurs dossiers actuellement devant les tribunaux maliens en raison de l’absence d’une législation précise protégeant les victimes et témoins qui veulent participer aux procédures judiciaires. La protection des victimes et témoins est aussi importante pour la Commission vérité, justice et réconciliation, relève-t-il.
Pour le chef de cabinet du ministre de la Justice, Moumouni Guindo, le thème est d’intérêt actuel car la justice est une composante incontournable de la marche vers la paix et la réconciliation. Il a salué ce mécanisme qui va permettre aux témoins d’intervenir sans crainte. Moumouni Guindo a évoqué à ce propos, un autre mécanisme qui existe dans des matières spécifiques comme les procès de mineurs et des affaires normalement publiques, mais jugées à huis-clos à cause d’une certaine sensibilité qui les entache.
L. ALMOULOUD
Source : Essor