Dans une note commune publiée ce lundi, la Fédéraion internationale de défense des droits de l’homme (FIDH) et l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH) s’inquiètent du niveau de violence qui persiste dans le pays. Les deux organisations s’interrogent, 8 mois après la signature de l’Accord de paix, de l’impact de la lutte contre le terrorisme et de l’impunité persistante des auteurs des crimes les plus graves commis depuis 2012. Elles dénoncent des disparitions forcées et des exécutions sommaires.
En 2015, selon ces organisations, plus de 200 attaques terroristes et de banditisme ont été enregistrées dans le Nord et le Centre du pays provoquant la mort de plus de 200 personnes dont une majorité de civils. Selon l’AMDH et la FIDH « huit mois après la conclusion de l’Accord de Paix, les groupes armés terroristes, mafieux et autres mènent en moyenne 30 attaques armées par mois provoquant une insécurité persistante et des violations graves des droits humains envers les populations et les forces internationales ».
Les organisations ont constaté la persistance de violations des droits humains perpétrées par les groupes armés terroristes, pro-gouvernementaux, et ex-rebelles qui seraient notamment responsables d’une douzaine de disparitions forcées et de l’exécution de personnes accusées d’être des informateurs.
Les forces de sécurité maliennes, toujours selon la FIDH et l’AMDH, sont elles aussi responsables de violations, notamment d’arrestations arbitraires, de mauvais traitements et d’actes de torture dans le cadre d’opérations antiterroristes. Près de 300 personnes seraient actuellement détenues en relation avec le conflit au Nord dont 55% le seraient sans mandat légal.
La note indique que les victimes des crimes commis au Nord du Mali par les groupes armés rebelles, les groupes jihadistes et les forces armées maliennes n’ont pas connu d’évolution notable privant ainsi les victimes de leur droit à la vérité et la justice.
Toujours selon le rapport de l’AMDH et de la FIDH, les autorités maliennes ont libéré 220 personnes arrêtées en relation avec le conflit au Nord et parmi elles 46 au moins seraient des auteurs présumés de crimes contre l’humanité, et de crimes de guerre.
Selon les défenseurs des Droits de l’Homme, cette note est une nouvelle mise en garde contre la promotion de l’impunité au non de la paix et de la réconciliation. Les Droits de l’Homme exigent que la justice soit d’abord rendue et les coupables sanctionnés avant de parler de réconciliation. Le secrétaire général de l’Association malienne des droits de l’Homme Amadou Boubacar Tékété a confié ceci à nos confrères de Studio Tamani : «Quelque soit la paix qu’on réclame, quel que soit la réconciliation qu’on réclame, quelque soient les raisons d’Etats qu’on va nous évoquer, nous pensons que l’impunité est une violation flagrante des droits de l’homme. Et avec l’impunité il n’y aura jamais réconciliation nationale, il n’y aura jamais une paix durable parce que l’impunité en elle-même est une violation des droits de l’homme. On ne peut pas au nom de la paix accepter l’impunité. Au nom de la réconciliation nationale, elle n’est pas possible, il n’est pas sérieux de vouloir échanger contre l’impunité. Donc nous condamnons l’impunité sous toutes ses formes, d’où que ça vienne. Même si c’est pour des raisons d’Etats qu’on pense être des raisons qu’on doit accepter, nous pensons que l’impunité ne fait qu’aggraver la violation des droits de la personne humaine. Si l’on est d’accord que le droit est universel, l’impunité doit être condamnée sous toutes ses formes et au niveau international».
Avec Tamani
Source : l’indicateur du renouveau