Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale consacrée à la protection des données à caractère personnel, le 28 janvier, l’Autorité de protection des données personnelles (APDP-Mali) en partenariat avec l’AGETIC (Agence des technologies de l’information et de la communication) a organisé une conférence-débat sur 2 thèmes, à savoir : «La protection des données personnelles au Mali» ; «L’Etat de la protection des données personnelles dans le cadre de la modernisation de l’administration».
La présente conférence-débat, retransmise en direct par vidéo-conférence dans les gouvernorats des régions de Kayes et de Sikasso, avait pour objectif d’informer et de sensibiliser les Maliens sur les mécanismes de protection des données personnelles dans notre pays.
La cérémonie d’ouverture était placée sous le patronage du président de l’APDP-Mali, Oumarou Ag Mohamed Ibrahim HAÏDARA, en présence du directeur général adjoint de l’AGETIC, Zoumana TRAORE ; du président de Coordination des Associations et Club/Tic du Mali (CACTIC), Djoumé DIAKITE; et les représentant de l’administration du Mali et plusieurs élèves et étudiants, fans de NTIC.
D’entrée de jeu, le président de l’APDP, Oumarou Ag Mohamed Ibrahim HAÏDARA, a rappelé que le caractère international de cette journée qui est à sa deuxième édition dans notre pays.
Selon lui, autant la science améliore les conditions de vie et de travail de l’homme, autant elle a détruit des vies. Et les nouvelles technologies de l’information et de la communication n’échappent pas, malheureusement, à cette règle.
A son avis, l’informatique doit être au service de l’homme dans le monde entier.
Malheureusement, de nos jours, on assiste à ce qu’on pourrait qualifier de revers de la médaille. Ainsi, sans le savoir, nos données sont piratées. Et parfois recueillis par des hommes criminelles sans foi ni lois.
«Aujourd’hui, tous les pays du monde se sentent concernés par cette problématique de la protection des données, notamment à caractère personnel. Si l’on n’y prend pas garde, on aura plus d’Etat, aucun aspect confidentiel de nos données à la fois personnelles et même de nos Etat. Parce que la géolocalisation et la cybercriminalité sont des aspects sur lesquels nos Etats se penchent aujourd’hui», a-t-il soutenu. Et d’ajouter qu’aujourd’hui « autant la Constitution, autant les droits de l’homme, autant les Nations-unies font de la protection de la vie privée un fondement du droit ».
M Oumarou Ag Mohamed a profité de la tribune pour annoncer la tenue, le 6 février prochain d’une session ordinaire de l’APDP Mali, au cours de laquelle l’institution est appelée à délibérer sur 30 dossiers dont certains portent sur des plaintes des citoyens contre l’usurpation de données ou la violation de leur vie privée.
D’ores et déjà, le président de l’APDP a fait savoir que ses services ont déjà épinglé en la matière deux entreprises nationales.
Les contrevenants encourent une amende de 5 à 20 millions de FCFA en cas de culpabilité avérée sur la violation de la vie privée d’un citoyen résident sur tout le territoire national.
Dans les perspectives, l’APDP entend étendre ses compétences à l’ensemble des régions du pays pour approcher davantage cette justice d’un genre nouveau aux justiciables.
Pour sa part, le DGA de l’AGECTIC, Zoumana TRAORE, qui a présenté le second thème relatif à «L’Etat de la protection des données personnelles dans le cadre de la modernisation de l’administration», a indiqué que l’administration malienne depuis fort longtemps a commencé la modernisation de ces processus en la matière.
Certes, a-t-il fait savoir, l’administration est le canal par lequel transitent les données des citoyens ; mais cela ne donne aucun droit à celle-ci de divulguer les informations ou de les mettre à la disposition d’autres administrations sans avoir l’autorisation de l’APDP.
Mais avant lui, le directeur juridique et du contentieux de l’APDP, Arouna KEÏTA, avait entretenu les participants sur le thème relatif à «La protection des données à caractère personnel au Mali».
De son exposé, il ressort que dans un monde de plus en plus dominé par les multinationales et les grandes puissances, les données personnelles des individus sont devenues un enjeu crucial sur le plan économique et sécuritaire.
A partir des révélations faites par Edward SNODEN et WIKILEAKS, le constat a été fait que les données personnelles sont devenues des armes de conquête, un instrument de pouvoir pour les Etats et les entreprises, chacun voulant imposer sa vision et sa dominance.
Ces exploitations illicites de nos données se réalisent en grande partie à travers le numérique dont l’essor impacte tous les aspects de notre vie aux plans social, économique, culturel, politique et intellectuel.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source: info-matin