Comme lors de l’édition 2015, les Aigles du Mali quittent la CAN 2017 la tête basse, n’ayant jamais réussi à faire mieux que deux matches nuls et une défaite de plus dans une confrontation décisive face au Ghana.
On ne cherchera pas très loin les causes de cette débâcle qui se justifie au regard de tous les désordres observés ces derniers temps dans le milieu de football malien où on a vu les clubs, la fédération, le ministère dans une mêlée infernale autour d’une assemblée générale, avec des mises en accusation de tous les côtés. L’encadrement technique ne sera certainement pas épargné, lui qui n’a jamais pu trouver la combinaison capable de donner une réplique adéquate à des adversaires pourtant largement à portée de tirs. Il a choisi d’aligner des joueurs faisant le plus clair du temps banquette dans leur club, manquant donc de temps de jeu, comptant plutôt sur l’équipe nationale pour se relancer. Trop pressés, peu enclins à l’effort, joueurs et encadreurs se soutiennent du mieux qu’ils peuvent dans ce qui est devenu une déception nationale. Les responsabilités sont donc largement partagées car on ne récolte que ce que l’on a semé. Toutes les équipes qualifiées pour le second tour ont amplement mérité leur place, certaines ayant même réussi un véritable exploit. Qui n’a pas été séduit par le réveil et le sursaut d’orgueil des trois équipes du Maghreb (Egypte, Maroc, Tunisie)? Qui n’a pas apprécié les prestations et la rage de vaincre du Sénégal, de la RDC, du Cameroun ou du Burkina Faso ?
Et pourtant, le Mali ne manque pas d’arguments. En réalité, la CAN 2017 devait être celle des moins de 20 ans de 2015 qui ont séduit par le jeu et l’engagement, offrant au pays le trophée de meilleur joueur du tournoi. C’est cette équipe de jeunes renforcée par quelques seniors en jambes, qui devait aller au Gabon pour s’endurcir avant de convoiter la coupe en 2019. Du reste, ce sont deux jeunes de cette cuvée titularisés tardivement qui ont permis aux Aigles de sauver la face. C’est le lieu de se demander s’il existe pour le football malien une politique sportive cohérente et une philosophie de jeu. Tout le monde semble s’en remettre à l’entraîneur dont on attend chaque fois des miracles, oubliant qu’en sport même les miracles se préparent. Bref, les meilleurs joueurs du moment n’étaient pas tous au Gabon et, pour ceux qui y ont été alignés, leur utilisation était critiquable. Attention à la montée des frustrations que ne manquerait pas de provoquer une gestion légère et contestable du sport roi, car l’Etat y met des moyens considérables pendant que les attentes des populations sont pressantes. Il est temps d’en finir avec l’amateurisme et le clientélisme, l’image de dirigeants sportifs plus prompts à défendre leur place et leurs intérêts immédiats que le football et les sportifs méritants. Le Mali a aujourd’hui besoin d’un trophée majeur que seul le football peut lui apporter car l’attente dure depuis plus d’un demi-siècle. Les responsables à tous les niveaux devraient s’en souvenir et même s’en inquiéter !
Le secret de la réussite sportive réside dans le travail bien pensé et bien fait, dans l’abnégation et le dépassement que procurent une bonne préparation et le patriotisme. A chacun de jouer correctement sa partition ou de répondre de ses fautes.
Mahamadou CAMARA
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Source: info-matin