Le jeune homme s’est révélé au grand public en sauvant de nombreuses vies lors des inondations du 16 mai 2019. Célébré en héros comme il se doit, les autorités lui ont offert d’intégrer la protection civile. Aujourd’hui, il mène une vie de sapeur-pompier bien remplie
En cette période d’hivernage, les inondations qui troublent le sommeil de plusieurs habitants de notre pays nous rappellent Mamoutou Diarra. Il y a deux ans, ce jeune d’une vingtaine d’années sauvait la vie de neuf personnes de la noyade au cours d’une inondation à Bamako.
Depuis cet exploit qu’il a lui-même qualifié d’un fait de Dieu, le cours de son existence a bien changé. En reconnaissance à son acte de bravoure, l’ancien président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a décoré le jeune Mamoutou de la médaille de sauvetage lors d’une réception au Palais de Koulouba. Le chef de l’état lui a offert un véhicule et lui a proposé d’intégrer le service de la protection civile.
Notre équipe de reportage est allée à la rencontre du jeune héros deux ans après son exploit. La date du jeudi 16 mai restera à tout jamais gravée dans sa mémoire. Ce jour-là, la ville de Bamako est arrosée par une pluie diluvienne qui occasionne des inondations dans plusieurs quartiers, occasionnant d’importants dégâts matériels et des pertes en vies humaines. Alors que l’eau faisait des ravages, le jeune homme va réussir un véritable exploit, en sauvant à mains nues neuf personnes de la noyade après les avoir fait monter sur le toit. Et depuis, le nom du jeune homme a pris place dans les annales de l’Histoire du Mali.
Aujourd’hui, le sous-lieutenant sapeur-pompier, Mamoutou Diarra est le chef de garde d’incendie au Centre de secours de Baco-Djicoroni, en Commune V du District de Bamako. Du haut de ses 27 ans, il profite bien de sa nouvelle vie. «Je me sens bien, grâce à Dieu je fais partie des effectifs de la protection civile, plus précisément le rang du corps des officiers. J’en suis fier», se réjouit le pompier.
L’une de ses nouvelles missions professionnelles est désormais de secourir et de sauver des vies après les formations reçues. «J’ai suivi 12 mois de formation. Quatre mois ont été consacrés à la formation commune de base au Centre de Markala, et huit mois à la formation professionnelle à l’école nationale de la protection civile (ENPC) à Sogoniko. Ces formations se sont bien passées», explique le désormais soldat de feu.
AGENT COURAGEUX ET ASSIDU- Après cette formation de base, Mamoutou, qui n’a pas reçu d’entraînement spécifique, enchaînera celui d’officier sur la gestion opérationnelle et du commandement, le management, les techniques opérationnelles. Ainsi que la culture administrative, l’extinction des incendies, le sauvetage, le secourisme et l’hydraulique. Toutes choses qui lui ont valu de faire partie du corps des officiers sous le grade de sous-lieutenant.
«De jour comme de nuit, mon quotidien se déroule autour des manœuvres de garde du camion citerne d’incendie (CCI) et du véhicule aux secours pour asphyxiés et blessés (VSAB). S’y ajoutent des séances de sports, les travaux d’entretien des outils de travail et des interventions spontanées périodiques de secourisme ou de sauvetage», explique le héros national qui travaille 48 heures de garde et de repos en plus de 30 heures de réserve.
Célibataire sans enfant, sa nouvelle vie se concentre autour de son travail de sapeur-pompier. Son exploit de sauvetage de neuf personnes à Niamakoro en 2019, lui a donné le goût de secourir des personnes et également embrasser le métier de soldat de feu. Tel un credo, secourir chaque fois en cas de besoin ses concitoyens est sa plus grande motivation, correspondant parfaitement à la devise du service de la protection civile «Sauver ou périr, courage et dévouement».
C’est avec beaucoup de plaisir et surtout de courage que le jeune Mamoutou exécute sa mission de service civique. Comme le témoigne son camarade de promotion Dominique Sangaré. Ce frère de corps dresse de lui le portrait d’un agent courageux, assidu et qui ne met pas en avant son statut de héros sauveur. «En aucun moment, il n’a essayé de profiter de sa notoriété de héros pour influencer quiconque dans notre promotion», ajoute Dominique Sangaré qui indique qu’il veut être comme le jeune héros ou plutôt le dépasser, car justifie-t-il, son acte de bravoure est mémorable.
Très fier de son nouveau métier, Mamoutou Diarra confie avoir effectué plusieurs interventions d’ordres divers sur les accidents de la circulation, les incendies, les sauvetages dans les puits, de secourisme d’inondation et de couverture sanitaire. Des devoirs et des responsabilités de ce travail qui ont bien changé sa vie en tant qu’officier assermenté.
«Je ne peux plus passer devant un accidenté ou une personne en danger sans lui porter assistance », assure-t-il. Sur le secourisme d’inondation qui lui valu d’être révélé au public, le soldat du feu n’a pu être spécialiste de sauvetage des inondations à partir des formations reçues. Car, indique-t-il, les pratiques apprises ne lui permettent que de secourir et de sauver des vies. Néanmoins, il exprime le besoin de se spécialiser dans le sauvetage des inondations.
Dans cette nouvelle vie, l’officier sapeur-pompier ne laisse pas indifférent sa hiérarchie. Celle-ci loue son courage et sa bravoure. C’est le cas du directeur régional de la Protection civile du District de Bamako, le lieutenant-colonel Adama Diatigui Diarra qui se réjouit de l’avoir sous son autorité. «Mamoutou, il a déjà fait un boulot de sapeur-pompier. Dieu merci s’il se retrouve parmi nous à la protection civile, ça ne fait que compléter son destin d’être pompier». Le lieutenant-colonel retient de lui un jeune courageux, dévoué à la tâche et qui a un sens élevé de l’assistance aux autres. Des qualités qui inspirent ses camarades de promotion.
Tamba CAMARA
Source : L’ESSOR