De son investiture à la magistrature suprême à nos jours, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta multiplie, cumule et improvise les voyages à l’étranger dont les réels motifs laissent, parfois, à désirer aux yeux de bons nombres d’observateurs politiques. Visiblement crispé par cette diatribe de ses adversaires, le Président Kéïta, qui se vante « de ne pas se laisser trimbaler par qui se soit », a fini par étaler sa furie à la place publique contre ses détracteurs à Bankass. En effet, lors de la cérémonie d’inauguration de la centrale hybride de cette localité il a engagé la manœuvre d’une contre-offensive en prenant à partie ces derniers. Du coup, une question s’impose : IBK serait-il hostile aux critiques ?
Arrivée à la tête du pays le 4 septembre 2013, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta s’est-il engagé à faire le tour du monde ? La question mérite d’être posée face aux interminables voyages du chef de l’Etat à l’extérieur du pays. Objectif, on le sait pour dit, pour dire la grandeur du Mali… Si cette initiative du président de la République paraît tout à fait logique aux premiers abords au regard des grands travaux de réconciliation et de reconstruction que notre pays vient d’entreprendre après la grave crise politico-sécuritaire qui l’a secoué en 2012, le nombre pléthorique de la délégation présidentielle lors de ses voyages à l’extérieur n’est pas de nature à aider le Trésor public surtout en cette période de vache maigre. Toute chose qui, aujourd’hui, agace certains observateurs politiques, qui, vu la conjoncture économique délétère du pays, estiment que le président doit se montrer plus économiseur que budgétivore.
Visiblement agacé par cette critique pertinente de ses détracteurs qui est loin d’être de la haine gratuite, IBK a fini par répliquer à Bankass face à des critiques qui pourraient le grandir s’il y prête une oreille attentive. Il est même parti trop loin en s’attaquant à ses adversaires sans ménage en ses termes : « … Dans quelques jours, nous serions à Yamoussoukro au Sommet de la CEDEAO pour parler du Mali. Est-ce que le président du Mali peut être absent à un tel forum ? Après Yamoussoukro, trois jours après, nous sommes à Bruxelles dans un sommet Afrique-Europe. Est-ce que le président du Mali peut être absent de ce forum ? Alors, que les gens arrêtent ! La campagne est belle et bien terminée. Qu’on ne trimbale pas les Maliens. En tout cas, moi, on ne me trimbalera …». En tenant un tel discours à Bankass, non seulement IBK n’a pas été convainquant dans son exercice à se faire blanchir mais cache mal aussi son talon d’Achille : à savoir son aversion terrible pour les critiques de ses adversaires et souvent même de ses collaborateurs. Et mieux encore, il apporte également la preuve suffisante qu’il est bel et bien en train de trimbaler contrairement à ce qu’il confirme…
Youssouf Z KEITA