Dans le cadre d’un projet intitulé «projet de sensibilisation d’information des populations du district aurifère du Bambouck et du district aurifère de Bouré», une équipe de sensibilisation, composée des membres de l’Initiative malienne pour le développement social (IMADES), en collaboration avec le Haut conseil de lutte contre le VIH/sida et la troupe théâtrale Nataba, s’est rendue, du 25 janvier au 8 février dernier, sur des sites d’orpaillage de Kangaba, région de Koulikoro. Objectif : sensibiliser les orpailleurs et les populations riveraines sur le fléau du VIH/Sida qui est en train de faire des ravages dans cette localité.
La restitution de cette caravane théâtrale de sensibilisation a fait l’objet d’un point de presse ce vendredi, animé par Sékou Traoré, responsable de l’IMADES et superviseur de ce projet de sensibilisation sur le VIH/Sida. C’était à la Fast.
Selon le conférencier, si on ne prend garde, le taux de prévalence du Sida prendra l’ascenseur au Mali à partir des sites d’orpaillage. A l’en croire, c’est l’inimaginable qui se produit sur les sites d’orpaillage, en l’occurrence ceux de Kangaba, sillonnés par la caravane de sensibilisation de l’IMADES.
Ces sites d’orpaillages, a-t-il indiqué, sont inondés par les prostituées. Plus grave, une croyance y est répandue, selon laquelle pour avoir de l’or, il faut faire de l’adultère ou des rapports sexuels avant de descendre dans le puits d’or. S’y ajoute ce que l’on appelle dans le jargon d’orpaillage le «petit mariage» et l’homosexualité des hommes. «Dans les sites que nous nous avons visités, la prostitution a pris des proportions inquiétantes. Sur ces sites, même si l’or ne brille pas pour tout le monde, le sexe brille pour tous » a affirmé le conférencier. Toute chose qui est, selon lui, un facteur favorisant la propagation du Sida.
Le conférencier a expliqué les conditions difficiles dans lesquelles la campagne de sensibilisation s’est déroulée sur les sites d’orpaillage de Kangaba.
«Avant d’aller sur les sites, nous avons pris le soin d’informer les autorités administratives et coutumières. Mais cela ne nous a pas rendu la tâche facile, car les orpailleurs semblent allergiques à la sensibilisation. La preuve, notre équipe a été prise à partie par des orpailleurs. Au finish l’équipe a été autorisée par les éléments chargés de la sécurité, à faire la campagne de sensibilisation avec des mises en garde. Car, il était interdit de prendre des photos encore moins d’enregistrer ».
C’est dans cette atmosphère que l’équipe de l’IMADES et la troupe théâtrale a pu faire la sensibilisation sur 5 sites d’orpaillage : Kangaba, Keniegoué, Koflatie, Deguedoumou, Salamalé. Les groupes cibles étaient : les prostituées, les orpailleurs, les populations riveraines et les chefs communautaires (chefs de villages, maire).
La stratégie de la sensibilisation par la comédie a bien marché, selon le conférencier. Elle a permis d’établir des rapports de confiance entre les groupes cibles et l’équipe de sensibilisation. Aussi, elle a permis d’atteindre les résultats.
Au cours de cette caravane de sensibilisation, plus de 4000 préservatifs ont été distribués, dix prestations théâtrales ont été jouées sur cinq sites d’orpaillage et leurs villages. A en croire le conférencier, il y a une crise de préservatifs dans ces zones. Cette caravane de sensibilisation, a indiqué Sékou Traoré, a permis une prise de conscience par les populations de cette localité. L’équipe de sensibilisation aurait tiré une leçon : celle des comportements à haut risque dans les sites d’orpaillage. Et cette situation interpelle les autorités.
La caravane théâtrale de sensibilisation se rendra le mois prochain dans le district aurifère du Bambouck (cercle de Kénieba) pour y sillonner des sites d’orpaillage.