Les responsables de la plate-forme des mouvements armés du nord (MAA, CMFRPR, CPA, GATTIA et MPA) étaient samedi dernier face à la presse au Centre international de conférence de Bamako. Se prononçant sur le projet d’accord proposé par la médiation, ils se disent globalement satisfaits.
Afin d’édifier l’opinion nationale et internationale du contenu du projet d’accord, la plate-forme composée de 5 mouvements armés du Nord, tous loyaux à Bamako et très engagés dans le processus de paix, vient d’afficher une fois de plus sa bonne foi en affirmant ne plus poser d’actes qui puissent compromettre la paix, l’unité et la cohésion nationale. Elle a aussi a livré sa vision sur le projet d’accord notamment les questions institutionnelle et sécuritaire, la réconciliation et le développement.
Selon Me Harouna Toureh, porte-parole de la plate-forme, les pourparlers d’Alger n’ont pas été un échec contrairement à ce qui se dit souvent. Pour lui, ceux qui pensent que le projet d’accord n’est pas convenable n’ont peut-être pas bien lu l’accord. À l’en croire, sur le plan institutionnel, ce projet d’accord peut permettre aux populations du nord, dans une période intérimaire déterminée, de se prendre en charge en terme de gouvernance à travers l’initiation de projets de développement et même à augmenter leurs capacités à légiférer dans des domaines spécifiques déterminés par la loi.
Tout ceci pour dire, selon Me Toureh, qu’on ne peut pas parler d’échec parce que les populations de façon responsable et autonome peuvent assumer leurs responsabilités suivant le contenu du projet d’accord. Sur le plan de la sécurité, la plate-forme a proposé à la médiation de faire de cette question une priorité, d’autant que si la sécurité n’est pas assurée et garantie, il n’y aura pas de paix et de développement dans les régions du Nord. Quant à la réconciliation, «nous avons dit que nous voulons la paix. Mais d’abord, il faut la justice et nous sommes contre l’impunité», a déclaré le porte-parole de la plate-forme. Par ailleurs, la plateforme dit avoir démarché la coordination du Mnla pour lui faire comprendre que son choix est mauvais et que leur préoccupation ne pourra pas être acceptée, car elle est loin d’être le choix de la majorité.
Au sujet du projet d’accord, «nous sommes satisfaits globalement du projet d’accord parce que nous sommes le plus grand contributeur en terme de dispositions dans cet accord. C’est la plate-forme qui a apporté le plus de contributions dans les groupes thématiques qui ont été développés. Donc, ce sont les propositions de la plate-forme qui ont été largement prises en compte aussi bien dans les questions institutionnelle et sécuritaire que dans les questions de réconciliation. Nous sommes fiers d’être Maliens, mais aussi fiers d’avoir contribué à travers les propositions faites sur un futur établissement définitif de la paix dans le Mali de façon générale, et du nord du Mali en particulier», a indiqué Me Toureh.
Cependant, certaines dispositions du projet d’accord posent problème pour la plate-forme, notamment la mise en œuvre des institutions de la nouvelle gouvernance. Par exemple, sur les questions de sécurité et de développement, la plate-forme propose qu’il y ait une élection du nouveau chef de l’exécutif et qu’il soit élu au suffrage universel direct. «Mais la forme d’élection proposée par la médiation ne satisfait pas la plate-forme», a affirmé Me Harouna Toureh.
Quant au retour des déserteurs dans l’armée, «nous avons proposé de traiter le dossier cas par cas. Malheureusement, la question n’a pas été retenue par la médiation», a-t-il ajouté. À propos du redéploiement de l’armée sur toute l’étendue du territoire national, «nous avons demandé que notre armée reste une armée républicaine et la seule habilitée à assurer la sécurité de tous les Maliens. Je regrette que souvent le gouvernement ne partage pas avec la plate-forme certaines questions», a déploré le porte-parole de la plate-forme.
Parlant de la libération de Wadoussène, Me Toureh a affirmé que la question n’a pas été posée au niveau de la plate-forme. Mais il croit savoir que la libération de celui-ci a été faite pour sauver la vie d’un citoyen français. Selon Me Toureh, «Wadoussène est loin d’être libre, il peut être attrapé par la justice».
Au cours de la même conférence de presse, le doyen Ahmed Sidi Mohamed du MAA et Fahadh Ag Almahamod du Gatia ont pris la parole pour assurer leur soutien à ce projet d’accord.
Alhousseini TOURE