Après les jalons posés par les l’association Nuygal Pulaaku et les autorités régionales de Mopti – sous l’égide de l’ONG suisse «HD» -, l’accalmie au Centre-Mali a franchi une autre étape déterminante, en milieu de semaine dernière, avec la concrétisation des récents engagements de la milice armée de Dan Nan Ambassagou et de son chef d’Etat-major Youssouf Toloba. La dynamique d’entente récemment enclenchée par des notabilités peuls et dogono s’est en effet consolidée par l’entrée en vigueur, le jeudi 27 septembre, d’un engagement unilatéral par laquelle la milice armée Dogon appelle ses combattants à s’inscrire dans une logique de cohabitation pacifique entre les communautés à travers un cessez-le-feu et une cessation de toute hostilité. Dans l’immédiat, cette nouvelle dynamique se traduire par le renoncement à tout affrontement et à toute forme de violence, y compris devant les cas de menaces et attaques éventuelles. Les autorités militaires seront désormais les seuls recours de Youssouf Toloba et de Dan Ambassagou, qui promettent de ne plus s’immiscer dans la gestion des ressources naturelles (à l’origine des tensions entre communautés) et de s’en référer aux autorités compétentes en la matière.
Leurs engagements englobent aussi la sanction de toute violation du cessez-le-feu par les combattants ainsi que la condamnation sans réserve des actes de violence et d’agression dont ils se seront rendus coupables. Idem pour les vols de bétails et les pillages de villages et hameaux devenues monnaies courantes et par lesquels ladite milice justifie son entrée en belligérance en plus d’autres motifs que voici : assassinats ciblés de chasseurs et de personnalités influentes, attaques de forains, absence de l’Etat et des forces de défense et de sécurité dans la plupart des localités, sentiment que la communauté voisine s’associe à des groupes armés pour se venger contre la communauté d’origine des chasseurs, etc.
En plus d’un Comité de suivi de l’accord unilatéral comme instrument préventif des manquements, la mise en œuvre de l’engagement unilatéral de la milice Dogon va reposer sur des démarches pédagogiques et politiques que sont la sensibilisation des jeunes et leaders d’opinion à la paix, le recours aux autorités pour des mesures de sécurisation des personnes et de leurs biens, l’appui aux autorités légitimes dans la recherche de solutions aux problèmes de cohabitation.
En attendant, le protagoniste le plus réticent aux démarches de décrispation du Centre en appelle à l’implication de l’Etat malien pour des mesures urgentes de gestion des dégâts consécutifs à la crise : assistance humanitaire à l’ensemble des communautés touchées à travers des aides alimentaires et des soins médicaux, reconstruction et réhabilitation des infrastructures et équipements sociaux de base, financement de leurs principales activités économiques affectées par le conflit, entre autres. Toutefois, la durabilité du processus de paix, estime la milice des chasseurs, passe essentiellement par la prise en compte de groupes armés du Centre dans le processus de Démobilisation-Désarmement-Réinsertion envisagé dans le cadre de l’Accord d’Alger, seul moyen à leurs yeux de récupérer les armes et d’arracher les jeunes combattants à la tentation de la violence.
L’accompagnement de la dynamique de paix par Youssouf Toloba et compagnie est consécutif à un accord précédemment passé par les communautés peuls et dogono du Cercle de Koro à l’issue d’un conclave à Sevaré sous la houlette des autorités régionales de Mopti et de médiateurs et adeptes de la stabilité comme l’ONG HD, l’association Nyugaal Pulaaku, entre autres.
A l’occasion, les notabilités des deux communautés ont exprimé leur lassitude des conséquences humanitaires et socio-économiques de la belligérance et se sont clairement désolidarisés des vaines hostilités intercommunautaires qui l’entretiennent. La milice des chasseurs Dogon a fini par s’aligner après une brève résistance.
A Keïta
Source: Le Témoin