Les avocats de la défense exigent la comparution à la barre des témoins cités par le parquet général. au besoin, même s’il faut les emmener à la barre manu militari
Le procès Amadou Aya Sanogo et autres, accusés de crimes d’assassinat et de complicité de crimes d’assassinat, a repris hier à Sikasso avant d’être à nouveau suspendu jusqu’au mercredi prochain. Cette fois-ci, c’est l’absence des témoins dans la salle d’audience qui en est la cause. Pourtant au premier jour du procès, la quasi totalité des témoins présente à l’audience contrairement à ceux de la défense parmi lesquels des personnalités dont l’évocation des noms a fait sursauter le public dans la salle. La défense citait comme témoins rien de moins que le célèbre prêcheur Ousmane Madani Chérif Haidara, le général Didier Dacko, chef d’état-major général des Armées, le député Oumar Mariko, l’ancien de la République de la République par intérim, Dioncounda Traoré. Avec la présence des avocats hier dans la salle d’audience, le public pensait que le procès allait enfin entrer dans le vif du sujet. Mais lorsque le président de la Cour a appelé les témoins et que personne n’a répondu, le collectif des avocats des accusés a vite réagi en disant qu’on ne peut pas tenir un procès de la Cour d’assises sans les témoins. Ils ont rappelé que conformément à la procédure pénale, les témoins cités par le parquet général ont l’obligation de comparaitre. S’ils ne se présentaient pas, ils pourraient être emmenés manu militari à la barre pour la manifestation de la vérité. «Nous demandons la suspension de l’audience pour que le parquet se mette en règle en faisant en sorte que les témoins puissent comparaître», a demandé à la cour, Me Assane Diop, un des avocats de la défense. «Le parquet veut se passer des témoins, c’est une manière de saboter ce procès», a prétendu Me Cheick Oumar Konaré qui est aussi de la défense. Me Harouna Touré qui est du même camp, a renchéri que l’absence des témoins à la barre est la preuve que le parquet général n’a pas sérieusement préparé ce procès. Les avocats des victimes ont, eux aussi, souligné la nécessité de faire comparaitre les témoins. «Un procès de la Cour d’assises sans un témoin n’a pas de sens. On a tous besoin des témoins pour la manifestation de la vérité », a soutenu Me Waly Diawara, un des avocats de la partie civile. Il a tenu à préciser que la comparution des témoins écoutés au cours de l’enquête est une obligation. Après avoir pris des coups de toutes parts, l’avocat général, a essayé de défendre le parquet de toute implication dans l’absence des témoins dans la salle. Mohamed Maouloud Najim a rappelé que les témoins étaient bien présents les premiers jours du procès. Il a demandé au président de la Cour de poursuivre les débats et que chaque témoin passera à la barre lorsque son tour viendra. Les avocats de la défense ont considéré cette demande du parquet comme une façon de bâcler ce procès qui est pourtant attendu par tous les Maliens. Selon nos informations, après la suspension du procès vendredi dernier, les témoins qui sont logés et nourris à Sikasso aux frais de la justice, sont rentrés à Bamako car se plaignant de leurs conditions de séjour. Chacun aurait perçu 110.000 Fcfa pour la durée du procès. Une somme qu’ils jugent insuffisante. Interrogé sur la question, l’avocat général a répondu qu’il ne s’occupait pas de la gestion financière des témoins. De suspension en suspension, la poursuite de ce procès à Sikasso devient de plus en plus difficile pour certains participants, notamment les parents des victimes, les témoins et même la presse. Quant aux partisans de Amadou Aya Sanogo, venus très nombreux dans la capitale du Kénédougou, ils sont pressés de voir l’issue du procès. Interdits de se manifester dans la salle d’audience, beaucoup d’entre eux préfèrent rester dehors pour exprimer leur soutien à leur champion qui risque la peine de mort s’il est reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés. La sécurité a été renforcée aux alentours de la salle Lamissa
Bengaly afin d’éviter tout débordement.
Envoyés spéciaux
M. KEITA
H. KOUYATE
Source: essor