La consommation déchaînée de la drogue dans les sociétés maliennes entraine moult conséquences non seulement sur le plan sanitaire, mais également sécuritaire. Il conviendrait que les autorités durcissent les sanctions sur la consommation de ces stupéfiants dans la société malienne notamment par la jeunesse qui constitue l’avenir de cette nation historique. Cela est nécessaire, car, une jeunesse addictive constitue un danger public.
La drogue est devenue la principale force motrice de la plupart de la jeunesse malienne qui ne peut pratiquement plus exécuter une quelconque tâche sans s’adonner à la consommation de ce stupéfiant. Il est consommé par des travailleurs, adolescents ou jeunes dans la trentaine, dans plusieurs domaines. Les exploitants de sable dans le fleuve, les manœuvres dans les chantiers, les apprentis SOTRAMA, les travailleurs dans les mines, les jeunes dans les ‘’grins’’ etc. ; tous y prennent leur dose pour, disent-ils généralement, se sentir pleinement en forme ou beaucoup travailler sans se fatiguer.
Les raisons avancées pour justifier la consommation
Notons que la consommation de ces hallucinogènes constitue un effet de la force négative de l’imitation. Une mimésis qui finit dans la dépendance. Cette addiction leur fait oublier eux-mêmes. La drogue prend de l’ascendance sur les consommateurs dudit produit en les faisant faire ou dire des choses dépassant leur contrôle. C’est la raison pour laquelle, il n’est pas rare de constater dans les SOTRAMA au Mali, des enfants apprentis s’en prendre à des adultes en les insultant ou en les traitant de tous les noms. En effet, les apprentis SOTRAMA constituent de grands amateurs de ces psychotropes. C’est ce qui explique notre rencontre avec Oumarou (anonyme), apprenti. Sur le Cannabis ou marijuana, ce dernier nous confie : « Le cannabis n’a pas d’effets négatifs sur le consommateur. Au contraire, il adoucit son tempérament. Ce qui provoque les situations de troubles, c’est le fait de le mélanger avec d’autres psychotropes. » Pour d’autres encore, la situation devient plus calamiteuse puisque le stupéfiant prend totalement leur contrôle en les faisant tituber dans tous les sens et parfois jusqu’à ce qu’ils soient transportés à l’hôpital. Cela est surtout beaucoup plus fréquent chez les consommateurs du Tramadol.
Ces réalités constituent désormais le vécu quotidien des jeunes dans la société malienne, car même étant dans les « grins », il est fréquent de constater la pratique de consommation de ces produits, notamment le Tramadol et le Cannabis. On se rappelle, selon les statistiques des saisies courant 1er semestre 2018 de l’Office Central des Stupéfiants (OCS), le Tramadol arrive en première position avec au total 32 091 comprimés saisis suivi par le Cannabis avec 7 640,542 kg saisis. Rappelons également qu’en 2017, l’OCS a saisi et détruit 8 tonnes de Cannabis au Mali.
Ainsi, les lieux de regroupement des jeunes qui servaient pour eux de cadre de concertation et de conseils se sont transformés en lieu de « gangstérisme » donnant lieu à toute forme de violence à l’égard du sexe dit « faible ». Pire encore, la multiplication de la folie juvénile relève en grande partie de ces psychostimulants. Outre tous ceux-ci, notons également la grande accessibilité de ces produits. Nous savons que le comprimé du Tramadol coûte environ 200 FCFA. Quant au Cannabis, ça varie entre 100F et 250 FCFA.
Comment se procurer de ces psychostimulants ?
« Entre les vendeurs et nous, nous savons qui est consommateur et qui ne l’est pas. Il nous suffit juste de te regarder pour le savoir. Pour l’avoir, nous utilisons des codes que nul n’est susceptible de comprendre sans être un habitué du milieu », explique Oumarou. Ce jeune homme éclaire notre lanterne en nous faisant comprendre que les grands fournisseurs logent dans le marché de Rail-da. « À Kabala ainsi qu’à Kalaban-Coro, les lieux de vente et de consommation sont bien connus de tous. Dans ces lieux, ce ne sont pas uniquement, nous, les apprentis SOTRAMA qui partons se procurer », laisse entendre Oumarou parlant du ravitaillement du Cannabis et du Tramadol.
Maïmouna (anonyme) est vendeuse au bord du fleuve Niger à Kalaban-Coro. Cette dernière nous fait savoir qu’au moment du coup d’État de 2012, un ex-apprenti devenu un débile mental entretenait quelques pieds de cannabis au bord du fleuve où il passait toute la journée à les arroser. « Ces pieds étaient sollicités par maintes personnes en catimini », explique-t-elle avant d’ajouter qu’à cet endroit la consommation de la marijuana ne se fait pratiquement pas en cachette bien vrai qu’elle soit interdite par les autorités.
En ce qui concerne la provenance de ces psychotropes, rappelons que les principaux fournisseurs du Mali pénètrent ce pays à partir de la Guinée, du Niger, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal selon le lieutenant-colonel Salif Mallé de l’OCS qui prend Sikasso notamment un de ses villages comme une plaque tournante de la drogue.
Pourquoi ces consommations sont dangereuses ?
« Cette substance est actuellement la cause de nombreux troubles mentaux et accidents psychiatriques chez les jeunes de la place», lit-on dans un article publié le 31 août 2016 sur bamada.net et qui s’intitule « Forte consommation de stupéfiants par la jeunesse : Le Cannabis agrandit le cercle des malades mentaux au Mali » Au même titre, dans une étude réalisée par le psychologue Mikael Kowal notamment sur le Cannabis, on retient que ce produit agit anormalement sur la dopamine, neurotransmetteur entre deux neurones, dans le cerveau. Sur le vif.ml on peut lire également : « On constate une diminution sensible de la fréquence de clignement spontané des yeux chez les fumeurs chroniques, une indication d’une moindre émission de dopamine dans le cerveau ». Les effets du Tramadol sont également bien connus dans la société malienne. La plupart de ces débiles mentaux constituent des victimes de ce stupéfiant.
Tout ce qui précède laisse entendre que ces psychotropes ont de fortes prégnances sur la psychologie de l’être humain.
Cette situation va en défaveur du Mali. Ces jeunes drogués sont ceux qui sont à la base de la recrudescence de l’insécurité au sein de cette société malienne fragilisée par plusieurs maux sans nom. Il n’est de secret pour personne que ces produits ont d’énormes impacts sur la conscience de l’homme, et une conscience perturbée est facilement amadouée.
Que faire ?
Cette problématique est facilement contrôlable au sein des sociétés maliennes. Il suffit juste que les politiques soient dotés d’une « bonne volonté » pour y arriver. Tout le monde sait que ce sont les vendeurs de pharmacie par terre qui sont en grande partie les diffuseurs de ces produits. Alors, une bonne règlementation de la vente des médicaments revient à trouver une solution à la consommation de ces drogues douces, voire dures. En dehors de cela, la question que nous devons nous poser est de savoir comment les trafiquants réussissent à pénétrer avec ces produits nocifs dans le territoire malien. N’y a-t-il pas de contrôle aigu au bord des frontières ou bien c’est cette attitude de la jeunesse qui arrange les autorités étatiques ?
Nous apprenons auprès des structures compétentes en la matière que des mesures sont d’ores et déjà mises en place pour la lutte contre la consommation illégale de ces psychotropes. L’une de ces mesures phares est la création de l’office centrale des stupéfiants qui ne cesse de traquer chaque année des quantités non moins importantes de ces produits toxiques. Cela ne suffit point, il faudrait que les autorités durcissent les sanctions contre les consommateurs avant de songer à leur détoxication.
Pour l’amour de la santé publique et de plus de sécurité sociale, les autorités doivent songer à cette problématique qui gangrène toute la société malienne.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays