Parti de Paris, la grogne des soninké, qu’on a baptisé le Printemps Soninké, s’étend et gagne les villages. Organisée à l’origine pour exiger la libération de Bakary Diambou, porte-parole de Yélimané Dagakhané et la fin des tracasseries, arrêté pour appel à la révolte, la manif avait rassemblée les ressortissants du cercle lundi et vendredi dernier devant le Consultât du Mali à Paris. N’ayant pas eu gain de cause, les manifestants ont décidé de faire le siège devant le consultât depuis dimanche pour exiger la satisfaction de leurs revendications. Depuis à l’appel de l’Association le mouvement s’est étendu de Paris à New York où les manifestant ont décidé de camper aussi devant le siège de la représentation permanente.
Mardi, sur place à Yélimané, les femmes sont entrées dans la danse avec l’organisation d’une manifestation pacifique qui a dégénérée faisant plusieurs blessés dont deux graves.
Soutien au mouvement général déclenché depuis Paris ou protester contre des soupçons de « détournement du matériel sanitaire » destiné au centre de santé de la localité par des autorités locales ? Les sources divergent. C’est dans ce climat de grogne larvée qu’une délégation gouvernementale est attendu demain à Yélimané pour tenter de restaurer le calme et l’apaisement social.
Selon des sources locales, Bakary Diambou a été relâché hier par les autorités judiciaires.
Si cette mesure est un atout dans la cagnotte, il faudra beaucoup de clairvoyance et maestria à la délégation gouvernementale pour éviter les pièges superflus de la politisation en donnant suite aux doléances des populations dans le cadre de la légalité républicaine.
Les responsables et les leaders communautaires doivent à leurs ne pas céder aux chants des sirènes des politiciens qui essayent de récupérer le Printemps Soniké pour délégitimer ses revendications. En effet, tous ceux qui s’égosillent et s’agitent autour de cette affaire ne sont ni soninké ni ressortissants de Yélimané encore moins animés des intentions les plus honorables.
Un problème est là, et clairement posé, du reste depuis longtemps. Il s’agit de ça ni plus ni moins. Autorité doit demeurer certes à l’Etat, mais il beaucoup moins malmener les femmes qui marchent que sonner le tocsin d’une situation qui relève du fait du prince à défaut d’avoir une volonté politique affichée de sanctionner les auteurs et comlices de cette rançon fiscale à deux vitesse au sein de la Républque. Il s’agit de force de l’argumentaire et non d’argument de la force.
Il s’agit d’y trouver désormais une solution satisfaisante pour ne pas donner l’impression à une ethnie qu’elle est la vache laitière, la courte-échelle, le souffre-douleur d’agents locaux corrompus de l’Etat. L’erreur serait de donner à cette communauté qu’elle n’est pas au diapason de la République et des droits qu’elle consacre pour tous ses fils.
La République se veut avant sociale et solidaire en le sein de laquelle tous les enfants sont et demeurent égaux en droits et en devoirs. La Constitution de notre prohibe «toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue, la race, le sexe, la religion et l’opinion politique est prohibée».
Alors, force doit rester à la loi. Et «nul ne peut être contraint de faire ce qu’elle n’ordonne pas», comme cette rançon longtemps imposée arbitrairement par des agents véreux de l’Etat qui fait de Yélimané une singularité au sein de la République. Le temps est venu d’y mettre un terme.
Une commission d’enquête pour faire la lumière sur ce système d’entente mafieuse (fait de racket, de brigandage, abus d’autorité) depuis des décennies en cours en pays soninké ne serait pas de trop. Parce que la-bas, au pays, ça commence par dire : y en marre !!!
Par Sambi Touré
Source: info-matin