Cinq ans de prison ont été requis mercredi contre un imam sénégalais poursuivi pour « apologie du terrorisme », en détention depuis sept mois, qui comparaissait à Kolda, dans le sud du pays.
L’imam Ibrahima Sèye, par ailleurs professeur d’histoire-géographie dans un lycée de Kolda, fait partie de la dizaine de personnes, dont plusieurs imams, arrêtées en octobre pour « affinités avérées avec Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et l’Etat islamique » (EI), selon une source de sécurité sénégalaise.
A l’audience, le prévenu, 38 ans, tout de blanc vêtu, portant une barbe noire, a assuré seul sa défense, s’exprimant en langue locale wolof entrecoupée de français et d’arabe, a constaté un correspondant de l’AFP.
Interrogé par le président du tribunal de grande instance de Kolda, Abdourahmane Ndiaye, sur ses propos lors d’un prêche prononcé en septembre 2015 dans un lieu de culte, il a affirmé avoir agi au nom de l’islam et contre « l’impérialisme occidental et américain », évoquant « le choc des civilisations et des religions ».
Dans ce sermon, dont un enregistrement sur CD a été présenté à l’audience, il avait affirmé que « tous les militaires envoyés au Mali sont des mécréants », en référence au contingent sénégalais de la force de l’ONU dans ce pays.
Lors de l’audience, Ibrahima Sèye a assumé ces propos: « un militaire qui va combattre en terre musulmane est un mécréant et celui qui combat sous un autre étendard que l’islam ira en enfer », a-t-il déclaré.
« Entre (Oussama) Ben Laden et George Bush, je préfère Ben Laden », a-t-il dit en référence au fondateur du réseau Al-Qaïda et au président américain (2000-2008) en fonction lors des attentats du 11 Septembre, qui a lancé l’opération occidentale en Afghanistan en 2001 et l’invasion de l’Irak en 2003.
Ibrahima Sèye est poursuivi pour apologie du terrorisme, incitation à la désobéissance militaire, intolérance religieuse.
Après plusieurs heures d’échanges entre le président et l’accusé, le procureur Yéro Moussa Diallo a pris la parole pour réclamer une peine de cinq ans de prison ferme.
Le verdict a été mis en délibéré au 1er juin.
Le Sénégal, jusqu’à présent épargné par les attentats jihadistes, a renforcé les mesures de sécurité devant les hôtels et de nombreux bâtiments publics après ceux qui ont frappé d’autres pays d’Afrique de l’Ouest depuis le début de l’année.
Celui de la plage ivoirienne de Grand-Bassam le 13 mars, qui a fait 19 morts, a été revendiqué par Aqmi.
AFP